Emmener son chien en voyage, loin, loin de la maison, en l'embarquant dans un avion? Voilà un vaste projet, moins simple qu'il n'y paraît.

C'est du moins l'avis de Nicole MacDuff. Depuis plus de 40 ans, elle a organisé le transport aérien de centaines de chiens dans le monde. Des Québécois qui partent travailler à Dubaï, en Nouvelle-Calédonie, en Australie font appel à elle - et à son entreprise, le Manoir Kanisha, à Dorval - pour s'assurer que leurs animaux de compagnie se rendent à bon port.

Or, le transport par avion des chiens (ou des chats) n'a jamais été si complexe, dit Mme MacDuff.

«Si les gens croient que voyager avec un animal est aussi simple que de réserver leur siège dans l'avion, ils se trompent! Depuis 45 ans, les grandes épidémies, comme celle de la vache folle ou de la rage, ont forcé les pays à resserrer leurs exigences pour l'entrée d'animaux sur leur territoire. Les compagnies aériennes imposent aussi des règles plus strictes.»

Le nombre de facteurs à considérer pour que l'animal passe en sécurité du point A au point B a en effet de quoi donner le tournis. Même pour une destination aussi fréquentée que l'Europe.

Les pays membres de l'Union européenne exigent pour la plupart que l'animal arrivant du Canada soit identifié par une puce sous-cutanée conforme à la norme internationale, qu'il soit vacciné contre la rage et qu'un certificat de santé (en anglais ET dans la langue officielle du pays d'entrée) soit rempli par un vétérinaire moins de 10 jours avant le départ. Certains pays, comme le Royaume-Uni, exigent de plus un vaccin contre l'échinocoque.

Le hic, c'est que cette réglementation, comme celle de tous les États du globe, peut changer n'importe quand. Des exceptions peuvent surgir sans préavis. Des délais peuvent s'ajouter. De nouveaux tests médicaux peuvent être exigés. Une chienne y perdrait ses chiots (désolé du jeu de mots).

Le casse-tête est tel que les vétérinaires sont souvent incapables d'aider leurs clients à s'y retrouver. «On ne peut pas prendre la responsabilité si l'animal est refusé, avec toutes les règles qui changent», explique la Dre Catherine Pelletier, de l'Hôpital vétérinaire de Montréal.

Si l'animal est refusé à l'arrivée, il sera, au mieux, renvoyé à son pays d'origine par avion, aux frais du voyageur. Au pire, il pourrait être mis en quarantaine forcée, pour une facture salée.

Comment s'y retrouver? Le consulat du pays qu'on compte visiter peut être une bonne source d'information. «Chose certaine, il faut commencer le processus pour voyager avec un chien au minimum 90 jours avant le départ», estime Tim Harris, responsable de la relocalisation internationale des animaux domestiques au Manoir Kanisha.

À chaque transporteur sa politique

Les compagnies aériennes imposent elles aussi leurs propres règles et leur propre tarification pour le transport des animaux vivants. 

Certaines (dont Air Canada et Air France, mais pas Air Transat) admettent en cabine les petits chiens, dont la cage peut se glisser sous le siège passager (et dans laquelle le chien doit rester tout le vol).

Toutes acceptent, sous moult conditions, d'enregistrer des chiens comme bagage excédentaire. Ils sont alors déposés en soute, dans un espace chauffé et pressurisé. Les chiens très grands (ou trop lourds) doivent presque toujours voyager avec le service cargo des transporteurs.

Dans tous les cas, les chiens doivent être installés dans une cage conforme aux normes de l'International Air Transport Association (IATA): la cage doit être assez grande pour que l'animal puisse se tenir debout, se retourner et se coucher sans toucher les parois. Pas même du bout des oreilles.

L'eau est de plus interdite dans la cage, sauf sous forme de glace. Nicole MacDuff suggère donc d'accrocher un bol d'eau congelée à la cage.

Certaines races potentiellement agressives, tels les pitbulls ou les mastiffs, sont parfois refusées, parfois acceptées, mais dans des cages renforcées. Les races dites à nez court, comme les carlins et les boxers, sont aussi problématiques, car leur morphologie peut engendrer des problèmes respiratoires pendant le vol.

L'âge (un chien trop âgé ou trop jeune), une maladie ou une blessure sont autant de raisons de refus pour les transporteurs. Air France refuse de plus les chiens qui sont sous sédation.

De l'avis de plusieurs vétérinaires, les sédatifs sont d'ailleurs déconseillés pour un chien qui doit voler. «Les changements de pression en vol peuvent avoir de graves conséquences sur le coeur, la pression artérielle ou les oreilles d'un chien sous sédation», explique la Dre Pelletier.

Et même si tout est en règle, l'animal peut être refusé au comptoir de l'aéroport parce que la température sur le tarmac à l'arrivée, au départ ou dans la ville de transit est trop élevée, soit au-delà de 30 degrés Celsius, ajoute Tim Harris.

De l'importance de la planification

Ce qu'il importe de retenir, et ce, peu importe la compagnie aérienne utilisée: les places disponibles pour les animaux domestiques sont très limitées, tant en cabine qu'en soute. Certaines périodes sont proscrites (comme les Fêtes). Il faut donc réserver une place dès que possible. Et poser beaucoup de questions. «Le service de réservation de la compagnie aérienne peut accepter le chien, sans connaître toutes les règles qui s'appliquent, notamment pour le service de cargo», dit M. Harris.

Aussi à savoir: les transporteurs aériens ne peuvent être tenus responsables en cas de perte, retard, blessure ou mort d'un chien enregistré comme bagage excédentaire ou transporté en cabine. Selon la Convention de Montréal qui les régit, la responsabilité des compagnies aériennes et la même qu'il s'agisse d'un chien ou d'une valise égarée. Un dédommagement financier, limité à environ 2100$, peut être offert. Point final. 

Effrayant? Certes, mais l'histoire récente montre que les compagnies aériennes peuvent faire beaucoup pour leurs passagers canins. Comme dans le cas de cet avion d'Air Canada qui volait en septembre entre Tel-Aviv et Toronto: le pilote a fait un arrêt d'urgence en Allemagne parce qu'un bris d'équipement menaçait la vie d'un chien en soute.

Au Manoir Kanisha, les animaux sont toujours transportés par service de cargo. «La compagnie prend alors la responsabilité des animaux qu'elle transporte», dit Tim Harris. Le prix, calculé selon le poids volumétrique de la cage et du chien, est forcément plus élevé. «Souvent le double du prix du billet du propriétaire.» Mais la tranquillité d'esprit est plus grande, dit-il.

Ressources: 

Agence canadienne d'inspection des aliments

Pour les voyages vers l'Europe, y compris des formulaires pour des certificats de santé en plusieurs langues.

www.inspection.gc.ca/animaux/animaux-terrestres/exportation/animaux-vivants/certificats-de-sante/animaux-de-compagnie/ue-non-commerciale-/fra/1321396665054/1321464473817

Pet Travel

Un site américain qui recense une foule de conseils pratiques ainsi que des informations sur les politiques appliquées dans plus de 240 pays et 160 compagnies aériennes. En anglais.

www.pettravel.com

International Air Transport Association

Le site de l'IATA offre quelques conseils pour le transport aérien d'un chien. En anglais.

http://www.iata.org/whatwedo/cargo/live-animals/pets/Pages/index.aspx