Il y a un an, Valérie Tremblay et son mari Martin Lesco se sont lancés dans une incroyable aventure: parcourir l'Amérique d'un bout à l'autre du continent avec leurs deux jeunes enfants. Après 57 000 km à bourlinguer à bord de LESCargOt, la petite famille est de retour à Montréal, les valises chargées de souvenirs.

Il aura fallu deux ans de planification et d'organisation avant que Valérie et Martin, deux enseignants, et leurs enfants Ludovic (7 ans) et Léonard (5 ans) puissent enfin lever les voiles, en juillet 2014.

Entre les encouragements, l'inquiétude, le scepticisme et les 1001 recommandations de leurs proches, les Lesco décident d'aller au bout de leurs rêves et achètent un «campeur» en 2012. Après une rénovation complète, le cocon familial est rapidement baptisé «LESCargOt», à la fois en hommage à cet animal qui se promène avec sa maison sur le dos et en guise de clin d'oeil aux lettres de leur nom de famille.

De l'Alaska à la Terre de Feu

Pendant que Martin conduisait, Valérie s'occupait de l'école à raison de trois heures par jour, cinq jours par semaine.

La famille a d'abord entrepris de traverser le Canada de Montréal à Anchorage, en Alaska, en passant par le Yukon, avant de descendre la côte ouest jusqu'en Californie.

À la frontière mexicaine, ils se sont joints à une caravane de retraités québécois, partis du Texas, pour éviter de parcourir seuls des routes réputées dangereuses. «On avait un peu peur à cause de tout ce qu'on avait entendu, mais on a fini par apprendre qu'il ne fallait pas tout écouter. Finalement, c'était une drôle d'expérience parce que Ludo et Léo se sont retrouvés avec 40 papis et mamies d'un seul coup! En plus, ça faisait du bien de parler français après trois mois passés en anglais», raconte Valérie.

Les Lesco ont ensuite poursuivi leur chemin jusqu'en Amérique centrale, parcouru l'Équateur, la Bolivie, le Pérou, pour enfin bifurquer vers l'est et atteindre Ushuaïa, en Terre de Feu argentine, passant rarement plus de trois ou quatre jours au même endroit.

Une fois leur destination finale atteinte, Santiago, au Chili, ils ont laissé le véhicule sur place et pris l'avion pour Montréal.

Hébergés par des familles locales au lac Titicaca, au Pérou, logés dans des ranchs en Équateur ou stationnés en pleine nature pour passer la nuit, les quatre aventuriers n'ont pas toujours été seuls dans leur périple.

Les parents de Martin ont loué un campeur et les ont suivis en Californie, alors que 10 membres de la famille de Valérie les ont rejoints au Costa Rica, où ils ont loué des maisons.

En Équateur, les enfants ont même pu revoir leur oncle, qui en a profité pour emmener Ludovic en Amazonie.

Anecdotes et mésaventures

Au courant de ces 12 mois de voyage menés contre vents et marées, les passagers de LESCargOt ont bien souvent rêvé de retrouver le réseau routier québécois.

Congestion et circulation chaotique dans les capitales de l'Amérique du Sud, routes sinueuses et escarpées en montagne où le campeur peinait à rouler, chemins de terre et de boue «faits pour un VTT» où il fallait laisser passer des camions... le «bolide» des Lesco en a vu de toutes les couleurs.

«Le campeur, c'est comme un autobus, explique Martin. Il y a un segment de 11 km au Pérou qui nous a pris trois heures à franchir. Même si j'aime beaucoup conduire, c'était mentalement épuisant et je ne recommencerais pas l'aventure de sitôt avec un véhicule aussi lourd.»

C'est pourtant dans les rues de La Paz qu'ils ont vécu leur plus grande peur. «Les rues étroites en macadam, suggérées par le GPS, étaient si escarpées que le campeur glissait vers le bas de la pente alors que les freins étaient complètement enfoncés», se souvient Valérie.

Malgré ces mésaventures et un face à face inattendu avec un puma, en Argentine, les Lesco ont tout de même eu droit à de charmantes surprises au cours de leurs pérégrinations. À Tok, village de l'Alaska, ils sont tombés par hasard sur les anciennes propriétaires québécoises du campeur. «Nous ne les avions jamais rencontrées. Ce sont elles qui ont reconnu le campeur et qui nous ont approchés. Depuis, nous sommes restés en contact et elles ont suivi religieusement nos aventures et celles de leur "ex" à travers notre page Facebook», raconte Valérie.

De retour à la maison

«Même si on a beaucoup apprécié notre expérience, la vie de nomade n'est pas pour nous. On aime Montréal et on était contents de revenir à la maison», souligne la mère de famille.

De son côté, Ludovic approuve: «J'étais tanné d'être en voyage!», lance-t-il d'un air bougon.

Mis à part un occasionnel mal du pays, les deux enfants conservent de beaux souvenirs de leur aventure, immortalisée sur les vidéos qu'ils ont réalisées pour leurs camarades de classe tout au long de l'année scolaire.

Le petit Léo, lui, n'oubliera jamais le Salar d'Uyuni, le désert de sel bolivien, où il raconte fièrement avoir appris à faire du vélo à deux roues.

La liste des choses qui leur manquaient et qu'ils ont dressée pendant leur voyage faisait six pages, précise leur mère, mais ils ont développé une belle complicité entre frères et ont appris à établir des contacts avec les enfants de leur âge, en dépit des barrières linguistiques. «En plus, ils sont devenus super bons en géographie», se réjouit Valérie.

«Ce sont de bons voyageurs. Mon mari et moi, on l'était avant, mais on voulait leur transmettre cette passion.»

Pari réussi.

facebook.com/lescargotvoyage