Lorsque la terre a tremblé au Népal, samedi dernier, des Canadiens se trouvaient dans la région. Combien? Impossible alors de le savoir précisément, puisqu'au moment du séisme, seulement 388 d'entre eux s'étaient inscrits au registre des Canadiens à l'étranger.

Le registre? Quel registre?

Bon nombre de voyageurs omettent en effet de s'inscrire à ce service gratuit offert aux citoyens canadiens par le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement du Canada.

Pourquoi le faire?

«Votre inscription permet au gouvernement du Canada de prendre contact avec vous et de vous aider en cas d'urgence à l'étranger, par exemple un séisme ou des troubles civils, ou si une situation d'urgence survient au Canada ou dans votre famille», explique Bianca Healy, porte-parole aux Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada.

Doit-on s'inscrire uniquement si on voyage dans des zones considérées comme à risque? Non, répond Mme Healey. «Il est recommandé de s'inscrire, peu importe la destination ou la durée du voyage.

«D'ailleurs, nous communiquons également avec vous pour vous mettre au courant de tous changements dans les conseils et avertissements officiels aux voyageurs canadiens pour la destination choisie.»

Toutes ces communications peuvent se faire par courriel, téléphone cellulaire ou message texte. Au voyageur de choisir le moyen qui lui convient le mieux lors de son inscription. Cette inscription peut se faire en ligne, par la poste ou en personne dans un bureau du gouvernement du Canada à l'étranger, notamment. Outre les détails concernant le voyage (destination, date de départ et d'arrivée) et quelques informations personnelles (qui resteront confidentielles), il faut fournir les coordonnées d'une personne, restée au Canada, à contacter en cas de pépin. Durée totale de l'exercice, en ligne: moins de deux minutes. Et une fois l'inscription faite, il est possible de modifier en tout temps son dossier si les plans changent.

Facile, mais utile?



En 2014, 278 031 Canadiens se sont inscrits. Parmi eux: des citoyens canadiens résidant à l'étranger et des voyageurs qui ont pu faire un ou plusieurs voyages.

L'inscription étant simplissime et gratuite, on peut se demander pourquoi les voyageurs canadiens ne sont pas plus nombreux à avoir recours au service. Si certaines des personnes consultées plaident le manque de temps, d'autres remettent carrément en cause l'utilité de la démarche.

C'est le cas de Robert Bérubé, président de l'agence Les Routes du monde: «Ça fait plus de 40 ans que je voyage et je n'ai eu aucune preuve tangible que le gouvernement canadien était là pour m'aider si jamais j'étais mal pris.»

Journaliste à La Presse, Michèle Ouimet a couvert plusieurs conflits dans le monde et séjourné dans des pays alors en plein chaos: Iran, Liban, Rwanda, Afghanistan. S'inscrit-elle au registre avant son départ? «Jamais! L'ambassade canadienne ne m'a jamais aidée lorsque j'étais dans la merde.» Elle cite l'exemple de l'Égypte, en 2011, où les partisans pro-Moubarak attaquaient les journalistes au Caire. «Les ambassadeurs de la Norvège et de l'Allemagne sont venus à l'hôtel pour s'assurer que leurs journalistes n'avaient besoin de rien. L'ambassade française est venue chercher ses journalistes en camionnette pour les évacuer.»

Le Canada? Silence radio. Inquiète du sort d'un de ses collègues canadiens, elle a pris contact avec l'ambassade. «Ils m'ont demandé si j'avais besoin d'être évacuée. J'ai dit non. Leur réponse: heureusement, car on n'aurait rien pu faire pour vous!»

En cas de problème, dit-elle, elle se tournerait vers l'ambassade de la France, «car le pays s'occupe très bien de ses ressortissants». Le vidéaste de La Presse Martin Leblanc s'assure quant à lui d'avoir toujours en main les coordonnées des ambassades britannique et américaine les plus proches des zones visitées.

L'un n'exclut toutefois pas l'autre. L'inscription au registre apportera toujours une tranquillité d'esprit supplémentaire aux voyageurs qui le désirent. Quelqu'un, quelque part, sait où vous êtes... Rassurant, notamment pour les voyageurs qui partent seuls ou pour ceux dont les contacts avec des personnes restées au Canada sont limités.

Sinon?



Selon Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada, le voyageur qui ne souhaite pas s'inscrire au registre devrait tout de même prendre quelques mesures de sécurité pour que l'ambassade canadienne puisse les joindre en cas d'urgence. Fournir à un proche ou un ami vivant au Canada un itinéraire détaillé, incluant les coordonnées où on pourra être joint pendant le voyage. Et noter les coordonnées des bureaux du gouvernement du Canada situés dans les pays visités.

Consultez le site d'Inscription des Canadiens à l'étranger: voyage.gc.ca/voyager/inscription