Chaque semaine, Le courrier du globe-trotter répond à la question d'un lecteur pour l'aider à mieux planifier ses vacances.

Destination : Santiago et le Chili 

Voyageuse : une femme, seule, 26 ans 

Durée du voyage : 11 jours

Question : Je planifie un voyage au Chili, en solitaire, au mois d'octobre. J'aimerais bien passer quelques jours à Santiago et ensuite sortir de la ville. Avez-vous des suggestions et conseils? - Kim

Réponse : Santiago était, il n'y a pas si longtemps, essentiellement une ville de transit pour les voyageurs. On y atterrissait pour mettre le cap vers la Patagonie, au sud, ou le désert d'Atacama, au nord. Bien triste sort pour une capitale posée au pied des Andes, dans un décor fabuleux... Heureusement, ce n'est plus le cas, et on peut facilement passer une semaine complète à Santiago sans s'ennuyer et, surtout, en faisant des activités très diversifiées. En octobre, vous pourrez peut-être encore faire une journée de ski (ce sera la fin de la saison !), mais certainement une journée de randonnée en nature dans un parc, dans la ville ou tout près. Si vous souhaitez un plus grand défi, plusieurs guides-accompagnateurs proposent des sorties au glacier del Morado. C'est le genre d'activité que vous pouvez décider de faire sur place, sur les conseils du personnel de votre hôtel. 

QUELQUES JOURS EN VILLE 

Pour bien saisir l'étendue et la situation de cette ville unique, allez au cerro Santa Lucia dès le premier matin. Cette colline verte, en plein coeur de la ville, vous offrira un point de vue panoramique sur Santiago. 

Comme vous serez à Santiago en octobre, mois de l'Halloween, pensez à visiter... le cimetière ! Presque tous les présidents chiliens reposent au Cementerio general de Santiago (Pinochet n'y est pas), et on dit qu'il est aussi beau que celui de Buenos Aires. Il y a des visites guidées (en espagnol) en tout temps, mais à la fin du mois d'octobre, on ajoute des activités spéciales. 

Aussi à mettre à votre horaire : une balade dans le quartier Bellavista pour y admirer les murales et les maisons aux couleurs éclatantes, ainsi qu'une visite à la villa Grimaldi, une ancienne prison. Cela vous permettra de comprendre l'histoire noire du Chili, du coup d'État de 1973 et des années de dictature Pinochet. Certainement pas une visite « hop la vie », mais un arrêt essentiel pour mieux saisir le lieu, les gens. 

CONSEIL DE VOYAGE

Vous devez savoir que le dimanche, de nombreux commerces sont fermés. Profitez-en pour faire une journée de farniente dans l'un des nombreux parcs de la ville, où il y a beaucoup d'animation la fin de semaine. Vous pouvez acheter une empanada et un jus de fruits en route et y passer pas mal de temps. Deux choix intéressants : le Parque de las Esculturas (parc des sculptures), qui présente depuis 1982 une trentaine d'oeuvres d'artistes chiliens, et le Parque Forestal (parc forestier), situé en bordure de la rivière Mapocho. Vous y croiserez des jongleurs et des musiciens.

TROIS ACTIVITÉS À FAIRE LORS DE VOTRE VOYAGE

1. BOIRE 

Bocanariz est un super bar à vins chiliens de Santiago, ouvert il y a deux ans dans le chic quartier Lastarria par la vigneronne Katherine Hidalgo.

« Le Chili est l'un des principaux producteurs de vins du monde, rappelle-t-elle. Nous accueillons plusieurs touristes qui viennent, tous les jours, et qui veulent goûter et connaître nos vins. Il n'y avait pas d'endroit pour cela avant Bocanariz. » 

Le restaurant propose plus de 400 vins chiliens, dont 35 vins au verre. « Nous choisissons des bouteilles qui refléteront la production chilienne, explique Katherine Hidalgo. Autant des produits de vignobles établis et que de petits vignerons-artisans. »

Que devrait boire une touriste de passage à Santiago ?

« Il y a tant de vins intéressants à essayer !, répond Katherine Hidalgo. Le carménère est un cépage unique au Chili. On fête cette année le 20e anniversaire de sa découverte. Depuis cinq ans, nous avons aussi vu l'émergence de vins faits à partir de variétés de raisins oubliées ici, comme le païs, le cinsault et le grenache. Et les vignerons commencent à explorer de nouveaux terroirs, comme le désert d'Atacama. Ce pourrait être intéressant d'essayer des vins provenant de différents terroirs chiliens. »

2. PÉDALER 

« Il y a à peine sept ans, personne ne se déplaçait à vélo à Santiago », explique Peter Murphy Lewis, qui a fondé la Bicicleta Verde, une entreprise qui loue des vélos et organise des visites guidées, en anglais et en espagnol. Les choses changent, dit-il, et c'est tant mieux, car Santiago est une ville où il est très facile de pédaler. Il n'y a pas de pistes cyclables, mais la circulation dans les rues n'est pas dangereuse. « Le principal problème, explique Peter Murphy Lewis, ce sont les bouchons de circulation. Nous sommes parfois pris dans un embouteillage, ce qui ralentit nos visites guidées. » Si vous préférez partir seule, Peter Murphy Lewis conseille le peu connu Barrio Brasil, un quartier aux rues de pierre où vous ne croiserez pas de touristes, assure-t-il. 

Bon à savoir aussi : tous les premiers mardis du mois, un tour cycliste est organisé dans la ville. L'itinéraire est toujours différent. Des centaines de cyclistes y participent ; c'est gratuit et c'est une bonne occasion pour se faire des amis et découvrir un coin de Santiago où vous ne seriez peut-être pas allée. La Bicyclette verte soutient l'initiative en prêtant les vélos sans frais ce jour-là ! 

3. SURFER 

Jonathan Mascitelli est un surfeur américain. Il a ouvert le Castillo Surfista Hostel, un hébergement de type auberge de jeunesse, qui rassemble des jeunes - et moins jeunes - passionnés de surf. Ou non.

« En fait, la plupart de nos clients ne sont pas des surfeurs, confie Jonathan Mascitelli. Avec seulement 25 lits, nous recevons des gens de partout qui voyagent sac au dos, et beaucoup d'étudiants. » L'endroit est intéressant, si vous ne cherchez pas le grand luxe, surtout pour y faire des rencontres et obtenir des informations et des conseils pour vos déplacements à venir. Il y a des chambres individuelles. 

Le meilleur lieu pour surfer au Chili, selon Jonathan, est Punta de Lobos. « C'est situé à trois heures de Santiago et il y a des vagues d'une vingtaine de mètres. Je recommande la plage Pichicuy, qui se trouve à deux heures de route de Santiago et qui est moins fréquentée. » 

Si vous ne surfez pas, mais que vous voulez profiter de votre passage sur la côte chilienne pour vous initier à l'art de l'équilibre sur une planche, Jonathan recommande Playa Infernillo à Pichilemu, où se trouvent plusieurs écoles, parfaites pour les débutantes. 

LOUER UNE VOITURE ? 

Si vous passez cinq jours à Santiago, mieux vaut passer les cinq autres journées à explorer la vallée de San Antonio, ses vignobles et le bord de mer chilien, la Viña del Mar. Et, bien évidemment, Valparaiso. Si vous êtes à l'aise avec l'idée de conduire seule, louez une voiture, car cela vous permettra de visiter la région à votre rythme et d'arrêter dans les villages et vignobles qui vous intéressent, pour quelques heures ou une nuit.

Les multinationales de la location sont présentes à Santiago. Considérez la possibilité de rapporter votre voiture directement à l'aéroport le jour de votre départ plutôt que de retourner en ville, puis prendre un transport jusqu'à l'aéroport. Renseignez-vous sur cette possibilité au moment où vous réserverez votre véhicule. Il y a parfois un supplément pour cette option, qui vaut peut-être le coût si cela vous évite un déplacement supplémentaire.

Rappelez-vous aussi d'avoir des pièces en main pour les péages ; et si vous vous rendez dans la belle ville de Valparaiso, privilégiez un hôtel où il y a du stationnement. La ville est bâtie sur des collines, ce qui rend la conduite assez désagréable pour un touriste qui ne sait pas trop où il va et stressante s'il a choisi une transmission manuelle. Par ailleurs, si vous ne désirez pas conduire, on peut aisément se déplacer en autocar au Chili. Les autocars sont ponctuels, pas chers et relient même de petites villes, assure Peter Murphy Lewis, de La Bicicleta Verde.

LES VINS MATETIC 

Si vous ne deviez visiter qu'un seul vignoble, ce pourrait bien être celui-ci. Le vin y est produit avec des raisins biologiques selon les méthodes de la biodynamie. Pour une trentaine de dollars, la visite explicative comprendra une dégustation de sauvignon blanc, chardonnay, pinot noir et syrah. Vous pouvez y faire une excursion à cheval ou à vélo, accompagnée d'un guide, ou simplement une balade dans les collines de la propriété. Si vous voulez poursuivre l'expérience et la dégustation, il y a un restaurant sur place ; et si vous dégustez un peu trop, le vignoble a aussi une petite auberge de sept chambres. Deux vins Matetic sont offerts à la SAQ, un syrah et un sauvignon blanc, pour goûter avant de partir ! 

Le conseil de la vigneronne : si vous avez envie de visiter plusieurs maisons, Katherine Hidalgo vous suggère de visiter la vallée de Colchaga. Les touristes y sont nombreux.

VALPARAISO

La ville portuaire de Valparaiso se trouve à 90 minutes de route de Santiago. C'est un endroit qui a un charme fou. À visiter : la maison du poète, romancier et homme d'État Pablo Neruda, La Sebastiana. Si vous passez quelques jours à Valparaiso, jetez un oeil à l'hôtel Cirilo Armstrong, installé à flanc de colline, qui offre une vue magnifique sur la ville illuminée. Un collègue y a séjourné lors d'un reportage, l'année dernière, et il a adoré.