Les voyages forment la jeunesse... et parfois aussi la carrière. Rencontre avec quatre Québécois dont la vie a été chamboulée par leur premier voyage. Deuxième partie.

Léa Plourde-Archer

> Blogueuse de 27 ans.

Le premier voyage

Léa Plourde-Archer rêvait depuis toute gamine de parcourir le monde, en lisant des guides de voyage comme des romans, mais une adolescence difficile, marquée par des crises d'angoisse et d'anxiété qui l'empêchent de sortir de chez elle - même pour aller à l'école, elle doit faire sa cinquième secondaire à la maison - reporte sans cesse son départ. À 19 ans, elle s'envole «enfin» pour un voyage d'un mois en France, dont deux semaines passées avec l'organisme Chantiers Jeunesse. «Ça ne me semblait pas trop dépaysant.»

Le déclic

Premier vol en avion, premier voyage hors de l'Amérique du Nord, première expérience de vie seule, sans quiconque pour l'accompagner et l'aider à prendre des décisions, Léa panique en arrivant à Paris. «J'ai eu peur de ne pas y parvenir et mon anxiété qui m'avait tant fait souffrir est réapparue, raconte-t-elle. Heureusement, j'ai vite découvert une force qui dormait en moi et que je n'avais jamais ressentie. Dès le lendemain, je me suis botté le derrière et je suis partie à l'aventure, seule comme une grande.»

Ce premier voyage lui a donné les ailes, la confiance pour repartir plus longtemps - quatre mois en Europe, suivis d'un mois au Japon, et d'un autre en Turquie cet été -, puis de quitter la maison de ses parents et prendre son premier appartement à Montréal. «Le fait de partir vivre seule dans une autre ville et de me détacher de mes parents ne me faisait plus peur, car ça semblait si simple à côté du fait de voyager seule sur un autre continent.»

Son conseil

Que vous partiez seul ou avec des amis, trouvez un moyen de rencontrer des gens de l'endroit. Ne restez pas enfermé dans la bulle touristique qui peut se créer lorsqu'on voyage dans des auberges de jeunesse et qu'on ne fréquente que des lieux très visités par les étrangers.

Son meilleur souvenir

Une nuit passée à la belle étoile sur la plage du Grand Crohot, près d'Arcachon, en France, avec des amis rencontrés en voyage. «Après une soirée à rigoler et à jouer de la guitare autour d'un feu, nous nous sommes endormis au son des vagues de l'océan Atlantique.»

www.astorytellinghome.com

Frédéric Germain

> Responsable du développement et du service aux membres pour Aventure Écotourisme Québec et guide de voyage pour Karavaniers.

Le premier voyage

Frédéric a 19 ans, un boulot stable dans le domaine de l'impression et ne manque pas d'amis pour faire la fête les week-ends, lorsqu'il décide de s'envoler pour une virée en Europe, sans itinéraire précis, un sac sur le dos. Voulant gagner quelques sous pour joindre les deux bouts, il commence par la France pendant la période des vendanges, mais bifurque assez rapidement vers le Maroc, histoire d'être un peu plus dépaysé et de s'initier à des cultures plus différentes de la sienne. Il y va sans même un guide de voyage en poche, avec tout à apprendre et à découvrir sur le Maghreb.

La piqûre des voyages, il l'a eue juste avant de passer la frontière, quand l'homme qui l'avait pris en auto-stop s'est arrêté pour faire sa prière. «J'ai eu comme une claque. Je me suis dit: "Wow, il se passe vraiment autre chose." J'étais sollicité par tant de différences, mes sens étaient excités par les paysages, la langue, l'architecture, tout!» Le Frédéric qui rentre de voyage n'est plus le même que celui qui est parti. Dès son retour à Saint-Alban de Portneuf, il songe déjà à repartir, et le fait deux, trois fois avant de se rendre à l'évidence: il est accro. Frédéric plaque son emploi et s'inscrit dans un cours de tourisme d'aventures - tous les tests des orienteurs ont confirmé que c'était pour lui la voie à suivre - et, à 43 ans, il ne regrette pas son changement de carrière. «J'accompagne deux groupes au Kilimandjaro en 2014. C'est pas mal...» En effet.

Son conseil

Il faut trouver le juste équilibre entre «oser» et «bien se préparer». C'est beau, l'aventure, mais on a une certaine responsabilité quand on voyage de se renseigner sur la culture que l'on visite, et c'est tellement plus facile maintenant avec l'internet, les téléphones intelligents.

Le plus beau souvenir

(de son premier voyage) La nuit de Noël passée dans un camping. Des Marocains avaient préparé une petite fête pour que son ami et lui n'aient pas trop le mal du pays. «Même si, eux, ils ne fêtaient pas Noël», souligne Frédéric Germain, encore marqué par la générosité des gens qu'il a croisés sur son passage, qui les ont hébergés, nourris, transportés, aidés, son ami et lui.

Photo fournie par Frédéric Germain

Frédéric Germain au Maroc.