Vous aimeriez vivre une expérience d'aide humanitaire à l'étranger, mais vous ne disposez que de quelques semaines de vacances? L'aventure du «volontourisme» reste pourtant possible...

Si vous ne pouvez pas vous permettre de prendre un congé sans solde pour participer à un projet de coopération internationale, il existe des programmes qui permettent aux voyageurs de partir pour de courtes périodes. Devant la multitude de programmes offerts, le futur bénévole peut néanmoins se demander s'il vaut mieux partir avec un organisme ou par soi-même.

Année après année, le «volontourisme» (de l'anglais voluntourism, qui combine bénévolat et tourisme) semble être une tendance en croissance. «Nous avons plus de demandes que d'offres», dit Sylvain Matte, conseiller principal au partenariat stratégique au Centre d'études et de coopération internationale (CECI) pour le Congé solidaire d'Uniterra.

Bien des programmes d'ONG s'adressent aux gens qui sont prêts à s'investir pour plusieurs mois, voire un an. Au Canada, le Congé solidaire d'Uniterra, cofinancé par l'Agence canadienne de développement international (ACDI), est un programme qui permet aux employés des entreprises partenaires de participer à un projet humanitaire dans les pays en voie de développement pendant la durée de leurs vacances. Les programmes durent en moyenne trois semaines. Les frais de programme, qui tournent autour de 6000$, sont pris en charge par les entreprises participantes et non par les bénévoles.

De façon générale, les programmes de courte durée passent souvent par des agences de placement privées. Certaines sont à but non lucratif alors que d'autres sont des entreprises. Ces agences exigent des frais de programme pouvant atteindre des centaines, voire des milliers de dollars. «Je ne pense pas que les agences privées soient une mauvaise chose en soi», estime Shannon O'Donnell, une conférencière américaine de 29 ans qui se consacre au volontourisme depuis 2009.

«J'ai la chance de partir souvent pour plusieurs mois et d'avoir le temps de bien "magasiner" mon expérience de bénévolat une fois sur place en faisant mes propres recherches, dit-elle. Plusieurs préfèrent faire affaire avec un organisme qui s'occupera de toute la bureaucratie et qui a déjà des contacts avec le pays hôte. Même si cette gestion a un coût.»

Ces coûts peuvent varier de façon considérable. À titre d'exemple, i-to-i, importante agence privée britannique, permet de participer au programme Riverkids, un projet communautaire cambodgien venant en aide aux enfants de la rue. Les frais de programme sont de 1079$ pour une durée de deux semaines. En revanche, il est possible de participer au projet de façon indépendante à moindre coût en prenant contact avec Riverkids directement. «Nous n'exigeons aucuns frais pour le bénévolat, explique Florence Chea, gestionnaire de projet et responsable des bénévoles chez Riverkids, à Phnom Penh. Les participants sont responsables de leurs propres dépenses et de couvrir les frais des activités qu'ils organisent et qui ne sont pas dans notre budget. En étant consciencieux, il est possible de vivre à Phnom Penh pour environ 500$ par mois.»

Pour sa part, Shannon O'Donnell a mis sur pied le site web Grassroots Volunteering (grassrootsvolunteering.org) qui regroupe des offres d'organismes indépendants un peu partout dans le monde.

Partir seul ou avec une agence

Transport et hébergement

Avec une agence: transport, hébergement et repas généralement inclus dans les frais de programme.

Voyageur autonome: le bénévole doit se loger et se déplacer par ses propres moyens. Aucun repas inclus à moins d'entente avec l'organisme sur place.

Durée

Avec une agence: durée prédéterminée. Plusieurs agences offrent des programmes de courte durée qui permettent de partir deux semaines.

Voyageur autonome: les durées sont flexibles et sont souvent adaptées aux souhaits du bénévole.

Prise de contact

Avec une agence: accès à des personnes-ressources sur place et au Canada (ou ailleurs). Procédure prévue en cas de problème.

Voyageur autonome: une fois sur place, certaines organisations ont des moyens de communication limités. Il incombe au bénévole de vérifier le niveau d'assistance en cas de besoin.

Impact

Avec une agence: les projets organisés sont structurés de manière à assurer un roulement de dizaines de bénévoles qui prennent le relai dans un projet donné. Il peut être difficile de voir l'impact de son implication.

Voyageur autonome: pour les projets à court terme, l'impact individuel reste limité. Par contre, en restant plus longtemps, le voyageur peut mieux mesurer les résultats de son engagement.

Considérations éthiques

Avec une agence: une bonne partie des frais de programme sert à soutenir une structure administrative.

Voyageur autonome: en faisant affaire avec un projet directement, on évite de financer des intermédiaires.

Coûts

Avec une agence: coûts beaucoup plus élevés, car le bénévole paie pour toute la logistique et pour avoir accès à des personnes-ressources.

Voyageur autonome: beaucoup d'organisations n'exigent aucuns frais de participation sur place.

Principaux avantages

Avec une agence: pratique pour le bénévole qui ne dispose que de quelques semaines pour partir.

Voyageur autonome: le bénévole a généralement davantage de contrôle sur tous les aspects de son expérience.

Principaux inconvénients

Avec une agence: plus dispendieux et parfois très (trop?) encadré.

Voyageur autonome: demande beaucoup plus d'organisation pour trouver un projet adéquat. Il peut être difficile de le faire sans contact dans le pays d'accueil ou connaissance de la langue.

Pour en savoir plus

Uniterra, www.uniterra.ca

Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), aqoci.qc.ca