Le goût des voyages, Isabelle Ducharme l'a eu très jeune. Depuis l'adolescence, elle multiplie les visites: Grand Canyon, Mexique, Chine, Venezuela, Washington, Australie pendant un mois...

Seulement, Isabelle Ducharme n'est pas tout à fait une voyageuse comme les autres: devenue tétraplégique après un accident de la route - la veille de son 22e anniversaire -, elle visite la planète dans un fauteuil roulant motorisé. Au fil de ses nombreux voyages (et de certaines expériences catastrophiques), son carnet de conseils et d'anecdotes est bien garni. Aujourd'hui présidente du conseil d'administration de Kéroul, elle donne des conférences aux voyageurs à capacités physiques restreintes. Voici cinq de ses conseils (inspirés de faits vécus).

>> Savoir choisir sa chambre

Avant de réserver une chambre d'hôtel, il ne faut pas hésiter à poser beaucoup de questions, voire demander au personnel de l'hôtel de mesurer la hauteur de la cuvette, la largeur des portes, la hauteur du lit. «On peut aussi exiger qu'on nous envoie des photos et une confirmation écrite.» Faute de chambre adéquate, elle a déjà dû écourter un séjour à Las Vegas après une nuit à dormir assise dans son fauteuil.

>> Des destinations plus accessibles

Pour un premier voyage hors du Québec, il est préférable de choisir une destination reconnue pour son accessibilité. Son conseil: regarder du côté des villes qui ont accueilli les Jeux olympiques, comme Barcelone, Sydney ou Londres. «Ces villes ont dû faire plusieurs aménagements pour la présentation des Jeux paralympiques.» La triste exception? Pékin. «Les ascenseurs sont condamnés, les planchers abaissants des autobus sont hors fonction, on a remis des sièges dans les espaces jadis prévus pour les personnes à mobilité réduite...» Ses récents coups de coeur vont à Las Vegas et à Vancouver. Les parcs de Disney représentent toujours une valeur sûre, ajoute-t-elle.

>> Prévoir, prévoir, prévoir

Les voyageurs à mobilité réduite doivent faire une croix sur l'improvisation et les coups de tête en voyage, dit Isabelle Ducharme. Tout doit être planifié. Pour réaliser son rêve de gamine - aller en Australie -, elle a dû réserver à partir de Montréal les services de préposés pour obtenir les soins dont elle a besoin, et ce, dans cinq villes.

>> Des associations à connaître

Un train qui prend du retard et qui arrive en gare à minuit et demi? Bien sûr, le service de transport adapté est parti depuis longtemps. Lors d'un voyage à Washington, Isabelle Ducharme a bien failli passer une nuit à la gare. «Heureusement, j'avais pris en note le numéro d'une association locale pour personnes handicapées. Quelqu'un a pu venir me chercher.» Ces associations sont de véritables mines de renseignements pendant la planification d'un voyage: fournisseurs pour la location de matériel médical, transport adapté, soins de santé, accessibilité des attraits touristiques...

>> Par petits pas

Commencer par une nuit à l'hôtel, près de chez soi, puis partir un week-end au Québec, c'est ce que conseille Isabelle Ducharme. «Il faut d'abord établir ses besoins pour une nuitée avant de penser partir plus longtemps. Une mauvaise nuit, ça va, mais une semaine...» «Les croisières peuvent aussi être une solution intéressante, car la plupart des grandes entreprises ont des bateaux adaptés aux personnes handicapées et offrent un service médical sur place. Si on veut profiter des escales, il faut toutefois s'assurer que les excursions terrestres sont adaptées.» Parfois, les passagers doivent transiter par un bateau plus petit avant d'arriver sur la terre ferme, ce qui est impossible pour les voyageurs en fauteuil roulant.