Quand il a réalisé qu'il avait perdu son portefeuille dans un supermarché en Chine, Marc St-Pierre s'est senti très mal. «Je me voyais déjà dans le pétrin, sans argent et sans mes cartes, à l'autre bout du monde», raconte-t-il. Au lieu de chercher attentivement dans ses affaires, l'étudiant est allé voir un gardien de sécurité pour lui raconter son problème. Comme il parlait très peu chinois, et que le gardien comprenait mal, un attroupement de curieux s'est formé autour d'eux, rendant la situation encore plus stressante.

Un branle-bas de combat a suivi: visite au poste de police, appel de détresse au professeur accompagnateur du groupe d'étudiants dont il faisait partie... Le tout pour s'apercevoir quelques heures plus tard que finalement, son portefeuille était dans son sac à dos! Que d'émotions pour rien! En y repensant, le jeune homme trouve qu'il a agi de façon ridicule...

 

Ce genre d'histoires se produit souvent en voyage. Les réactions des voyageurs aux imprévus sont parfois disproportionnées devant des situations qu'ils trouveraient simplement frustrantes dans leur environnement habituel. Qu'il s'agisse d'un vol, d'une simple perte de bagages ou d'un danger réel, le fait d'être loin de chez soi mène plus facilement au bord de la panique.

«L'anxiété est une réaction qui survient quand on n'a pas la maîtrise de la situation, et qu'on juge que nos ressources ne sont pas à la hauteur de la tâche qui est devant nous, explique Claude Bélanger, psychologue et auteur du livre Stress et anxiété, votre guide de survie. Notre capacité de maîtriser ce qui nous arrive influence notre degré de stress.»

Que faire?

Devant une situation désagréable ou inquiétante, notre corps se mobilise de la même façon, que le danger soit réel ou non, explique le psychologue. Notre pouls, notre pression et notre respiration s'accélèrent, nos pupilles se dilatent, et nos mains et nos pieds deviennent plus froids que le reste du corps.

«Notre système s'emballe comme si c'était une situation dangereuse même si c'est pas le cas, dit Claude Bélanger. En voyage, comme on est dans un cadre moins connu, sans nos balises habituelles, c'est plus facile de mobiliser nos signaux d'alarme.»

Que faire pour éviter de sombrer dans la panique? D'abord, il faut se poser la question: existe-t-il un danger réel? Ai-je vraiment une raison de mobiliser tout mon système de défense, ou suis-je en train de le faire sans motif véritable?

Si c'est le cas, on applique des stratégies de gestion du stress et de relaxation. «On prend de grandes respirations, on se parle autrement, on essaie de relativiser la situation, de voir les éléments positifs, et on se demande si on peut faire quelque chose pour régler notre problème», dit M. Bélanger.

S'il est possible d'agir, alors il faut le faire. Le fait d'agir de façon positive sur les incidents aide à reprendre la maîtrise de soi.

«Mais s'il n'y a rien à faire et qu'on est complètement impuissant, il faut l'accepter et faire son deuil, dit Claude Bélanger. Mieux vaut décrocher. Des choses arrivent en voyage, il faut vivre avec. La seule façon qu'il ne nous arrive rien, c'est de ne pas voyager!»

Par ailleurs, le fait d'avoir une préparation adéquate avant de partir et de prendre des précautions de base nous aidera à nous sentir plus compétent pour affronter les imprévus.

Le vrai danger

Alors que certains voyageurs paniquent pour des riens, d'autres adoptent plutôt une attitude de déni devant un danger réel et négligent d'écouter les signaux d'alarme. Ils se promènent dans des quartiers louches ou des sentiers dangereux, niant les risques. Une attitude à proscrire, évidemment.

Selon John Leach, un chercheur américain spécialiste de la psychologie de la survie, on peut diviser les gens en trois groupes quand survient un désastre ou une urgence. Environ 10% des gens réagissent calmement et demeurent rationnels. Ce sont eux qui deviennent les leaders et aident les autres à survivre pendant une catastrophe. Un autre groupe de 10% agit, mais en prenant la mauvaise décision, ce qui aggrave leur sort.

La vaste majorité des gens, soit 80%, perdent carrément leurs moyens pendant une crise. Ils ont de la difficulté à penser et se transforment en statue au lieu de fuir ou d'affronter le danger. On pourrait les comparer à un lapin qui fige en voyant un prédateur.

La clé de la survie, dans de telles urgences, est de sortir de cette léthargie le plus vite possible, de se secouer et de prendre une décision sur la réaction appropriée, selon John Leach.