Après plus de deux ans de travaux et des investissements de 37,2 millions, le Biodôme nouveau sera prêt à recevoir ses premiers visiteurs le 31 août.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le lynx jouit désormais d’un habitat plus grand où il peut assouvir ses envies de hauteur.

Le public pourra dès lors constater les nombreuses améliorations apportées au bâtiment, tant pour améliorer l’expérience de la visite que pour accroître le bien-être des animaux. Parmi les plus spectaculaires ajouts se trouve l’immense tunnel de glace qui mène à l’habitat des manchots : faisant 2,5 m de haut et 15 m de long, le tunnel givré débouche sur un imposant mur tout aussi glacé. Avec une salle maintenue à 8 °C environ, le visiteur ferait bien de se munir d’une petite laine…

De nouvelles passerelles ont aussi été construites, permettant aux visiteurs de déambuler dans les canopées (et accessibles par ascenseurs pour les personnes à mobilité réduite). Ainsi juché, on peut observer plus aisément les espèces qui vivent en hauteur (comme les paresseux, toujours bien dissimulés dans la forêt tropicale humide), en plus d’avoir une autre perspective sur les différents écosystèmes. D’en haut, on réalise aussi davantage toute l’ingéniosité humaine qui a été nécessaire pour transformer, puis rénover, l’ancien vélodrome olympique.

Un des aspects qui me réjouissent le plus dans ce nouveau projet est la mise en valeur de l’architecture spectaculaire de Roger Taillibert.

Charles-Mathieu Brunelle, directeur d’Espace pour la vie

De fait, plusieurs espaces ont été ouverts pour leur donner plus d’ampleur. Le hall d’entrée est monumental : la lumière naturelle y entre à flots par la voûte vitrée, éclairant les imposants murs de toile blanche menant à l’entrée des différents écosystèmes. Une nouvelle mezzanine a aussi été aménagée au cœur du bâtiment, surplombant l’Érablière des Laurentides et le Golfe du Saint-Laurent, notamment.

Certaines espèces profitent de plus de nouveaux habitats, comme le lynx, qui a plus de place pour grimper aux falaises, ou les castors, qui ont eux-mêmes travaillé à l’aménagement du nouveau décor de hutte en grugeant des bouts de bois mis à leur disposition…

Mais les nouveautés ne sont pas qu’architecturales. Le Biodôme accueille (ou accueillera sous peu) plusieurs nouvelles espèces. Ainsi, on pourra observer des caïmans à museau large, des maquereaux atlantiques, un banc d’une centaine de faux-piranhas, un couple d’aras bleus, deux ouistitis… Les pensionnaires attendus avec le plus d’impatience, cinq manchots à jugulaire, arriveront plus tard cet automne. Ils sont pour l’instant coincés à New York, et leur transport n’est pas aisé, avec la COVID-19, qui sévit toujours…

Des travaux casse-tête

Si les visiteurs peuvent facilement observer les prouesses architecturales réalisées par les firmes KANVA et NEUF architect(e)s, d’autres efforts faits dans l’ombre méritent qu’on s’y attarde. En effet, démolir puis reconstruire dans un bâtiment rempli d’espèces vivantes – 2500 espèces animales et plus de 800 espèces de plantes tropicales et tempérées – représente un vrai casse-tête. « Certaines des espèces, comme les poissons, sont restées ici ; d’autres ont été déplacées ailleurs dans le monde et reviennent peu à peu », indique Charles-Mathieu Brunelle. « La loutre, par exemple, a fait trois escales aux États-Unis avant de revenir, tout juste, à Montréal. » Les manchots ? Ils ont déménagé temporairement dans des chambres froides géantes auxquelles a été ajoutée une piscine faite en bois. Ils ont dû s’y plaire, puisque certains oiseaux se sont reproduits…

Autre anecdote racontée par la cheffe de division des collections vivantes, Emiko Wong : « Les eiders à duvet ont dû aller passer l’été 2018 en Gaspésie, au Bioparc de Bonaventure, plus précisément, parce qu’ils ne s’adaptaient pas au premier habitat qu’on leur avait trouvé ! » Les poissons, eux, ont été déplacés de bassin en bassin à l’aide d’une tyrolienne.

Il a aussi fallu replanter beaucoup d’espèces végétales, mises à mal par les travaux. Dans l’écosystème du golfe du Saint-Laurent seulement, ce sont 80 % des végétaux qui ont dû être changés.

Expérience renouvelée

Pour l’équipe du Biodôme, les travaux ont permis de repenser complètement l’expérience de visite. Les panneaux d’interprétation ont disparu ; l’information sera transmise par les guides-animateurs ou encore par une application qui peut être téléchargée sur tous les téléphones intelligents. On a aussi ajouté dans chaque écosystème un élément de réalité augmentée, pour pouvoir observer comme s’ils y étaient des loups, des bélugas, des ours blancs…

Une nouvelle exposition permanente, baptisée La Bio-machine, vient aussi s’ajouter. Composée de 23 stations interactives, cette exposition permet de voir l’envers du décor et de mieux comprendre ce qui se passe dans les coulisses du Biodôme.

« On souhaite que l’expérience de visite soit plus immersive et axée sur les sens », dit Charles-Mathieu Brunelle. « Notre objectif est aussi d’inspirer les gens à s’engager, à faire des gestes concrets pour la protection de la biodiversité. Le rôle sociétal du Biodôme sera maintenant mis de l’avant. » Ainsi la visite se termine sur cette phrase coup de poing inscrite en lettres géantes non loin du restaurant (désormais végétarien) : « Entre l’humain et la nature, le choc est inévitable. » Un énoncé qui sous-tend une autre question : comment agir une fois ce constat fait ? Pour y réfléchir, des groupes communautaires ou ayant la cause environnementale à cœur viendront périodiquement rencontrer les visiteurs du Biodôme dans un espace aménagé pour eux.

Tant que les mesures sanitaires imposées par la Santé publique seront en vigueur, le Biodôme réduira sa capacité à 300 personnes à l’heure, soit le tiers de son achalandage habituel. Les visiteurs doivent acheter leurs billets à l’avance et réserver une heure d’entrée précise. Il n’y a toutefois pas de limite à la durée de la visite, même si, pour quelque temps, un parcours à sens unique sera instauré pour éviter tout rapprochement.

> Consultez le site du Biodôme