La plupart des bateaux offrant des croisières d’un jour au Québec ont mouillé l’ancre pour la première fois cette saison le 1er juillet. La Presse est montée à bord du Cavalier Maxim, un navire exploité par Croisière AML dans le Vieux-Port de Montréal.

Une tranquillité inhabituelle régnait au Vieux-Port en ce jour de fête du Canada. Mais dans cette atmosphère singulière, le Cavalier Maxim, amarré au Grand Quai, ramenait une certaine normalité sur ce site généralement très prisé des touristes. Le 11 juin dernier, les croisiéristes offrant des balades sur l’eau sans nuitée ont reçu l’aval du gouvernement du Québec pour lancer leur saison estivale.

« Il y a environ un mois, on n’y croyait pas vraiment, confie le capitaine Éric Asselin, qui est à la barre du Cavalier Maxim depuis 17 ans. Quand nous avons eu le go de la Santé publique, nous avons eu quelques semaines pour nous préparer pour finalement faire cette première croisière. On est super contents. Pour l’entreprise, c’est symbolique dans les circonstances. Ça n’a pas été facile. »

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Éric Asselin, capitaine du Cavalier Maxim

La plupart des croisiéristes québécois ont décidé de reprendre leurs activités — avec une offre ou des départs parfois réduits — même s’ils devront se priver de la clientèle étrangère qui, chez Croisières AML, représente 65 % de la clientèle (marchés hors Québec). En excluant les groupes scolaires et d’entreprises, les visiteurs québécois comptaient, au cours des dernières années, pour environ 20 % de la clientèle de cette société présente à Montréal, Québec, Tadoussac, Berthier-sur-Mer, Trois-Rivières et Rivière-du-Loup, ces deux dernières destinations n’étant toutefois pas offertes cette année.

C’est donc une clientèle locale que les croisiéristes tentent de séduire. Comme Éric Poulin qui est monté à bord du Cavalier Maxim, le 1er juillet, avec ses deux enfants. « On habite à Montréal, on est venus à vélo ! », lance-t-il. Ou Tetiana et Yuriy, de Beaconsfield, qui voulaient offrir une activité spéciale à leurs enfants pour souligner la fête du Canada.

« L’expérience va être fort agréable [cet été], prédit Lucie Charland, directrice générale adjointe de Croisières AML. Les gens vont avoir de l’espace plus que jamais. »

Lors de cette première croisière de l’été, ils étaient 59 à venir profiter de ce point de vue unique qu’offre le fleuve sur Montréal et la Rive-Sud. Une croisière presque privée, entre le Vieux-Port et le parc national des Îles-de-Boucherville, vu que le bateau peut accueillir 650 passagers (750 avant la pandémie).

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Les masques sont obligatoires à l’embarquement et au débarquement des navires de croisière et lorsqu’une distance de 2 m entre les passagers ne peut être respectée.

À vos masques

Pour obtenir l’autorisation de reprendre leurs activités, les croisiéristes ont dû élaborer un guide sanitaire qui, à l’instar de plusieurs autres secteurs, comprend diverses mesures d’hygiène et de distanciation physique. Ainsi, avant l’embarquement, les passagers devront répondre à un questionnaire sur leur état de santé. Le port du masque sera exigé lorsqu’une distance de 2 m ne pourra être respectée entre les différents groupes. Sur un grand navire peu achalandé, le masque ne pourrait être nécessaire que lors de l’embarquement et du débarquement. Mais sur un plus petit bateau ou sur un zodiac, on pourrait avoir à se couvrir le visage en tout temps. De même que sur un Cavalier Maxim qui serait rempli au maximum de sa capacité.

« Du côté des baleines, on anticipe [qu’il y aura des rapprochements] », affirme Lucie Charland.

Si le guide-naturaliste annonce qu’il y a une baleine à l’avant du bateau, il va rappeler aux gens de porter leur masque parce qu’on sait très bien que les gens s’agglutinent. Conservez votre masque et profitez du paysage. Ce sera la façon de faire cette année.

Lucie Charland, directrice générale adjointe de Croisières AML

Lors des soupers-croisières et des brunchs, le nombre maximal de clients sera réduit et des plexiglas seront installés entre les tables. La soirée dansante deviendra un « bal masqué » et se déplacera à l’extérieur, sur le pont.

Malgré ces contraintes, « les gens sont capables d’avoir une expérience extrêmement agréable, au grand air, de façon sécuritaire », assure Lucie Charland, qui espère que les Québécois et les Montréalais, en particulier, pour qui le début de saison est plus lent, seront au rendez-vous. Mais l’entreprise est consciente que ce n’est pas cette année qu’elle engrangera les profits.

« Si on compare le chiffre d’affaires global de 2019 et le chiffre d’affaires global qu’on anticipe cette année, on ne pense pas faire plus de 10 % de nos revenus de l’année passée, estime Lucie Charland. Par exemple, dans le parc marin [du Saguenay–Saint-Laurent], on a décidé d’opérer même si on sait qu’on ne sera à terme pas rentable. On le fait pour le cœur de la compagnie qui est nos employés. Pour nos partenaires locaux aussi. Le tourisme, c’est tout un écosystème. Il y a des produits d’appel comme les mammifères marins. Pour un village comme Tadoussac, c’est extrêmement important. »

> Consultez le site web de Croisières AML

Ailleurs au Québec

En Gaspésie, les Croisières Baie de Gaspé, les Bateaux de croisières Julien Cloutier et les Bateliers de Percé ont accueilli leurs premiers visiteurs le 1er juillet dernier.

C’est aussi le cas des Écumeurs du Saint-Laurent et d’Essipit qui offrent des croisières aux baleines en zodiac dans l’estuaire du Saint-Laurent. Aux Îles-de-la-Madeleine, Excursions en mer a aussi repris du service, de même que Le Petit Navire à Montréal.

Le bateau Le Grand Cru devrait recommencer à naviguer sur le lac Memphrémagog à compter du 10 juillet. Le lendemain, La Marjolaine voguera de nouveau sur les eaux du Saguenay.

Au parc de la Rivière-des-Mille-Îles, à Laval, la reprise des balades à bord du Héron bleu a été annoncée pour la mi-juillet. Le Bateau-Mouche au Vieux-Port de Montréal, les Croisières du Lac Champlain ainsi que le Centre de villégiature Dam-en-Terre, au Lac-Saint-Jean, ont quant à eux renoncé à mettre leurs bateaux à l’eau cet été.