Avec près de 20 ans de présence au Québec, le canyoning demeure peu connu.

On compte quelques mordus, des gens qui peuvent se livrer à ce sport de façon autonome. Comme Anis Bounif, qui s’est rendu jusqu’en Europe pour se procurer son équipement.

« J’aime la sensation d’interagir avec la nature, d’explorer des endroits où personne n’a mis les pieds », déclare-t-il.

Mais la plupart des gens qui touchent au canyoning le font dans le cadre d’une activité guidée.

« Les gens vont découvrir l’activité, ils vont venir une fois et, après, ils sont contents, ils vont essayer autre chose », indique Marc Tremblay, fondateur et propriétaire de Canyoning-Québec, une entreprise qui organise des sorties guidées.

Le canyoning, c’est une activité qui se pratique dans un cours d’eau accidenté qu’on parcourt à pied, à la nage et en rappel sur une corde. Elle s’est développée en France il y a une quarantaine d’années.

Au Québec, les spéléologues pratiquaient le canyoning sans le savoir.

« Au début des années 80, on allait à la chute Jean-Larose pour s’entraîner à la spéléologie parce que, de nuit, le site ressemble à une grotte, se rappelle Marc Tremblay. C’est la même ambiance que les cascades souterraines. »

Les spéléologues d’ici ont fini par entendre parler du canyoning.

« On a compris qu’on pouvait aller jouer dans l’eau plutôt que d’essayer de l’éviter. En spéléologie, on va dans l’eau parce qu’on n’a pas le choix. En canyoning, on le fait parce qu’on fait le choix d’être dans l’eau et au soleil. »

PHOTO FOURNIE PAR CANYONING-QUÉBEC

Canyoning à la chute Jean-Larose, sur la Côte-de-Beaupré

Différents sites

Marc Tremblay a aimé l’idée et est allé suivre une formation en France, à l’École française de canyon, une commission de la Société française de spéléologie.

« Je suis devenu moniteur et je suis revenu ici pour implanter la discipline. Nous avons trouvé différents sites et, petit à petit, le réseau s’est agrandi. »

La chute Jean-Larose, au pied du mont Sainte-Anne, est un classique. Mais on a également trouvé des lieux intéressants dans Charlevoix et dans la Vallée Bras-du-Nord. La Côte-Nord et le Saguenay sont très prometteurs, tout comme la Gaspésie.

« C’est une question de topographie et d’hydrographie, explique Marc Tremblay. Ça prend des montagnes avec un bon dénivelé et une quantité d’eau suffisante pour alimenter le cours d’eau relativement à longueur d’année. »

Il ne faut pas non plus que le courant soit trop fort.

La plupart des chutes que les gens connaissent au Québec ont un débit d’eau beaucoup trop élevé. Le canyoning, au Québec, c’est essentiellement une activité de cascades de montagne.

Marc Tremblay

L’exploration continue. Or, ce n’est pas une mince affaire.

« On évalue un site en tenant compte de la géographie pour voir si c’est praticable, explique Marc Tremblay. Il faut essayer d’avoir des photos, il faut se rendre sur place pour avoir un premier coup d’œil à la base, quelque part en cours de chemin, au sommet. Ensuite, c’est une boîte noire : il faut descendre. »

Les explorateurs doivent prévoir un système de communications, du matériel pour camper au besoin, de l’équipement en double, plus de corde que nécessaire. Bref, chacun se retrouve avec un lourd sac d’au moins 20 à 25 kg.

« Il y a maintenant une dizaine de sites qui sont consacrés au canyoning touristique, indique M. Tremblay. Il y a encore plus de sites où nous allons parfois jouer, mais pour toutes sortes de raisons, ça ne serait pas accessible au grand public. »

Manque d’enthousiasme

Canyoning-Québec offre des formations à ceux qui voudraient devenir autonomes, mais la demande est faible. M. Tremblay a quelques hypothèses pour expliquer ce manque d’enthousiasme.

« Ça implique un achat d’équipement, avance-t-il. Et puis, on est davantage dans la région de Québec, c’est plus loin de Montréal. Il n’y a pas non plus de publications pour faire savoir où sont les sites accessibles. »

En fait, il préfère que les gens autonomes communiquent directement avec lui pour qu’ils ne se retrouvent pas à un site en même temps qu’une sortie guidée. Et ça permet à Marc Tremblay de s’informer au sujet de l’équipement dont ils disposent.

« Je suis très à l’aise avec les gens qui ont eu une formation, mais ce qu’on ne veut pas, ce sont des gens qui improvisent sans technique, ou qui croient pouvoir transférer leurs connaissances en escalade au canyoning. Il y a toutes sortes de facteurs liés à l’eau qui peuvent rendre l’activité dangereuse si on ne prend pas le bon équipement. »

Anis Bounif n’a pas hésité et a suivi une formation avec Marc Tremblay.

« Si j’avais été inconscient, j’aurais peut-être pu m’acheter le matériel, regarder des vidéos sur YouTube et aller faire ça tout seul comme un fou, lance-t-il. Quand on ne sait pas ce qu’on fait, ça reste un sport assez dangereux. »

Récemment installé à Montréal, il explore les Laurentides dans l’espoir de dénicher des endroits intéressants. Il se montre discret au sujet de ses découvertes, mais c’est prometteur. Certains lieux pourraient un jour se prêter à des activités guidées.

« Le canyoning est une activité trop peu connue au Canada, affirme M. Bounif. On fait tout ce qu’on peut pour sensibiliser les gens à ce sport. »

Il a déjà réussi à entraîner sa copine dans sa passion. Il y a quelques semaines, il a profité d’une sortie de canyoning pour lui demander de l’épouser.

« Elle a dit oui, se réjouit-il, avant d’ajouter à la blague : elle n’avait pas trop le choix, c’était une demande sous pression : j’aurais pu couper la corde si elle avait dit non ! »

> Consultez le site de Canyoning-Québec

Deux copains en Suisse

Les cyclistes professionnels Danny MacAskill et Claudio Caluori visitent les Alpes suisses. Taquineries et beaux paysages sont au rendez-vous.

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Le chiffre de la semaine : 1181 m

C’est l’altitude du plus haut sommet des Laurentides, le mont Raoul-Blanchard, au nord de la Côte-de-Beaupré.