La plupart des phares du Québec ne guident plus les bateaux, mais un certain nombre d'entre eux restent ouverts au public pour une visite, un repas ou une nuitée. La Presse vous en présente quatre qui font partie de la Route des phares.

La Martre? C'est le phare des cartes postales. Celui qu'on voit de loin, dont on se souvient longtemps, même s'il n'est pas très haut, avec ses 19 m. Cette petite tour à la silhouette octogonale, unique en Gaspésie, rouge vif, est l'une des plus photogéniques du Québec.

Il faut dire que le paysage est, dans son ensemble, particulièrement joli quand on file sur la route bordée d'un côté par un fleuve Saint-Laurent grand comme la mer et par une forêt dense de l'autre. Le phare rouge brille du contraste avec le bleu de l'eau, puis le vert des sapins, formule infaillible pour captiver le regard.

La construction du premier phare de La Martre remonte à plus de 140 ans, alors qu'il n'était qu'une petite tour au-dessus de la maison du gardien de phare. Celui d'aujourd'hui, construit en bois, date de 1906 et a résisté avec désinvolture aux années et aux éléments. Il est rouge, pour la simple et bonne raison que le rouge a plus d'éclat que le blanc quand, l'hiver, la montagne à l'arrière est enneigée, ce qui permettait aux navigateurs de le voir plus facilement. Les villageois, eux, n'ont pas de mal à le voir puisqu'il est situé en plein coeur de La Martre, ce qui lui a valu le surnom de «Cadillac des phares»: ses gardiens n'avaient pas besoin de s'exiler pour travailler, ils pouvaient continuer d'habiter en communauté, évitant l'isolement dont ont souffert tant d'autres.

Aujourd'hui, la majorité des touristes ne s'y arrêtent que le temps d'une photo. Ils négligent d'entrer y voir le système d'horlogerie d'origine, avec un câble et un poids, qui assure encore la rotation du module d'éclairage. En période estivale, ce sont les guides qui s'occupent de remonter le mécanisme pendant la journée, à la main, toutes les trois heures, comme le faisaient encore les gardiens avant l'automatisation du phare, en 1985. L'électricité prend le relais la nuit et en dehors de la saison touristique. Les plus curieux pourront aussi visiter le Musée des phares, dans l'ancienne maison du gardien: on regrette seulement que la visite guidée ne soit pas à la hauteur de l'endroit.



Un peu d'histoire

La mission des phares du Québec a bien changé avec les années. Lueurs salvatrices des navires d'autrefois, qu'ils préservaient du naufrage, ils servent désormais à attirer les touristes. En 2015, Pêches et Océans Canada a en effet cédé quelque 70 phares à des municipalités, des citoyens ou des organisations, sur un total de 948 mis en vente pour 1 $ en 2010. De la quarantaine de phares «traditionnels» qui émaillent les rives du Saint-Laurent, une vingtaine se sont depuis regroupés pour former la Route des phares.  «Avant, il y avait des gardiens de phare [payés par l'État], qui s'occupaient de leur entretien. Maintenant, cela repose souvent sur des bénévoles, des petits OBNL qui font de leur mieux, mais qui ont peu de moyens», explique Jean Cloutier, pilote de navire et expert de l'histoire des phares. Certains sont menacés de disparaître, croit-il, à commencer par les plus petits, situés sur des îles du fleuve Saint-Laurent. D'où l'importance de s'attarder pour admirer les plus beaux et visiter ceux qui sont encore ouverts au public.

Le phare de La Martre

- Emplacement: La Martre, Gaspésie

- Année de construction: 1906

- Visites guidées: 8 $ pour les adultes, 4 $ pour les enfants, gratuit pour les 5 ans et moins, jusqu'au 30 septembre

- Activités: Musée sur l'histoire des phares du Québec (4 $)

https://www.facebook.com/museedesphares