Un tunnel centenaire menant au pied des chutes Niagara est désormais ouvert au public. La Presse l’a visité en août.

(Niagara Falls) Le grondement des chutes porte à croire qu’on y est presque.

Pourtant, nous ne sommes encore qu’à mi-chemin du tunnel long de presque 700 m, dont la légère courbe empêche de voir la sortie.

Comme si l’on avait voulu préserver le clou du spectacle.

Encore quelques minutes de marche, puis la lumière nous éblouit.

Nous y voilà : au pied des chutes Niagara, sur une avancée rocheuse dans la rivière, délicatement arrosés par une fine bruine soulevée par les torrents d’eau qui défilent devant nous.

Pendant un siècle, ce tunnel servait à renvoyer à la rivière l’eau qui faisait tourner les turbines de la centrale électrique de la Canadian Niagara Power, la première sur la rivière Niagara, côté canadien, aujourd’hui inactive.

Depuis le mois de juillet, il est ouvert au public.

Il propose « une toute nouvelle perspective sur les chutes du Niagara », s’enthousiasme David Adames, président et directeur général de la Commission des parcs du Niagara.

Avant, il était possible de voir les chutes à différents moments de la journée, ou de l’année ; maintenant, il est possible de les voir d’un nouvel endroit, dit-il.

Le tunnel de briques a été doté d’un trottoir de béton, ce qui le rend facilement accessible aux poussettes et fauteuils roulants.

Les visiteurs frileux penseront à apporter une « petite laine », car les profondeurs du sol sont fraîches et humides, même en pleine canicule.

  • Fermée en 2006, la centrale a été remarquablement bien conservée.

    PHOTO SARKA VANCUROVA, COLLABORATION SPÉCIALE

    Fermée en 2006, la centrale a été remarquablement bien conservée.

  • On accède au tunnel de 700 m par un ascenseur à partir du rez-de-chaussée de l’ancienne centrale électrique située au sommet des chutes.

    PHOTO SARKA VANCUROVA, COLLABORATION SPÉCIALE

    On accède au tunnel de 700 m par un ascenseur à partir du rez-de-chaussée de l’ancienne centrale électrique située au sommet des chutes.

  • La Commission des parcs du Niagara a transformé la centrale en centre d’interprétation.

    PHOTO SARKA VANCUROVA, COLLABORATION SPÉCIALE

    La Commission des parcs du Niagara a transformé la centrale en centre d’interprétation.

1/3
  •  
  •  
  •  

60 m sous terre

On accède au tunnel par un ascenseur de 60 mètres, à partir du rez-de-chaussée de l’ancienne centrale électrique située au sommet des chutes et devenue attraction touristique en 2021.

C’est justement en raison de leur hauteur que les chutes Niagara ont suscité la convoitise des premiers producteurs d’électricité.

PHOTO SARKA VANCUROVA, COLLABORATION SPÉCIALE

Les chutes Niagara

« Plus la descente [de l’eau] est grande, plus la capacité de générer du courant est grande », rappelle notre guide, Susanna.

Ouverte en 1904, la centrale de 75 mégawatts (MW) a fermé en 2006, devant les coûts de modernisation trop élevés — elle produisait un courant électrique d’une fréquence de 25 hertz, alors que la norme nord-américaine est aujourd’hui de 60 —, qui n’intéressait plus que les quelques aciéries de Hamilton.

La Commission des parcs du Niagara a transformé la centrale en centre d’interprétation pour faire connaître l’histoire et l’héritage de ce bâtiment industriel magnifique — l’agence gouvernementale, créée en 1885, impose depuis toujours de strictes règles architecturales et urbanistiques.

L’endroit était « remarquablement bien conservé », confie David Adames, qui ajoute que l’entreprise avait conservé toutes ses archives, ce qui fut d’une grande utilité pour adapter la centrale à son nouveau rôle.

Une visite surtout en anglais

Après avoir franchi les deux gigantesques portes d’entrée en cuivre de 900 kg chacune, derrière lesquelles se trouvent encore les deux guichets où les clients se rendaient pour payer leur compte, on aperçoit les 11 turbines qui ont transformé la puissance de l’eau en électricité pendant un siècle.

Un peu partout, des codes QR permettent de lire des explications sur son téléphone intelligent, en anglais et en français, ou même de les écouter, en anglais seulement pour l’instant, mais des traductions en français sont prévues.

Des visites guidées sont également offertes en anglais, mais la Commission des parcs du Niagara souhaite en offrir en français « dans un proche avenir ».

Il est également possible, moyennant un supplément, d’assister en début de soirée à une présentation son et lumière réalisée par le studio montréalais de la firme Thinkwell.

Cette plongée « immersive » d’une trentaine de minutes dans l’histoire de l’hydroélectricité et de la centrale est constituée d’animations artistiques projetées au mur et au sol.

Mais la narration, en anglais, est parfois difficilement audible et l’ensemble de l’œuvre n’apprendra rien de plus à ceux et celles qui auront préalablement visité la centrale.

Quels sont les prix ?

  • Entrée (centrale et tunnel) : 28 $
  • Entrée et visite guidée : 38 $
  • Présentation son et lumière : 30 $
  • Entrée et présentation son et lumière : 46 $
  • Entrée, visite guidée et présentation son et lumière : 54 $
  • Réduction pour les 6 à 12 ans. Gratuit pour les 5 ans et moins.

Le tunnel sera ouvert au moins jusqu’au jour de l’An ; la Commission des parcs du Niagara décidera cet automne s’il restera ouvert tout l’hiver.