Si, dans votre esprit, Laval se résume à un entrelacs de boulevards surchargés d’autos rutilantes, venez donc effectuer quelques tours de roue dans l’est de l’île Jésus, où berges poissonneuses et champs abondants forment un décor charmant pour une balade à vélo. Et ce, aux portes de Montréal. Suivez le guide (et le guidon) au gré de cette virée d’une soixantaine de kilomètres, sur du plat, entre fermes et vergers avec arrêts gourmets.

Métro, vélo, mollo

Contrairement au cycliste endurci, le pédaleur moyen aime bien ménager ses mollets et les réserver pour les plus belles portions de sa virée. C’est pourquoi il appréciera la possibilité d’embarquer son destrier roulant dans les transports en commun pour commencer cette virée dans le cœur du sujet. Nous avons testé cette option en empruntant le métro de Montréal jusqu’à la station Cartier, avant de l’installer sur le support d’un autobus, direction Saint-Vincent-de-Paul, notre point de départ, dans l’Est lavallois. En effet, du 1er mai au 31 octobre, l’intégralité du parc d’autobus de la STL est équipée de supports pour un duo de vélos. Verdict : très pratique et sans anicroche. Attention cependant aux stations de métro démunies d’ascenseurs et aux heures de pointe, durant lesquelles les vélos sont interdits à bord des rames.

Bercé par la berge

  • L’église Saint-Vincent-de-Paul se dresse dans un quartier historique à découvrir.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    L’église Saint-Vincent-de-Paul se dresse dans un quartier historique à découvrir.

  • Le décor se fait de plus en plus champêtre, et les oiseaux sont de plus en plus présents.

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    Le décor se fait de plus en plus champêtre, et les oiseaux sont de plus en plus présents.

  • On croise beaucoup de pêcheurs le long des rives.

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    On croise beaucoup de pêcheurs le long des rives.

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Nous voici donc à l’ombre de l’église Saint-Vincent-de-Paul, dans un quartier éponyme où les murs sont encore imprégnés de l’histoire locale. Avant d’enfourcher son vélo pour plusieurs heures, on peut consulter l’application Parcourir Laval, qui souligne les lieux d’intérêt patrimoniaux, comme l’ancienne résidence du notaire Joseph-Wenceslas Lévesque, à la fière allure. Une bande cyclable nous tend ensuite les bras le long du boulevard Lévesque, bordant un imposant pénitencier, en fonction de 1873 à 1989. Collée à la berge, la piste permet de très beaux coups d’œil sur la rivière des Prairies et sa rive montréalaise. Déjà, de petits arrêts se font tentants (la berge de la Brise et sa vue sur le pont Olivier-Charbonneau), agrémentés d’apparitions d’oiseaux en tous genres. À l’issue de cette première portion, un changement de décor s’observe graduellement : les résidences s’estompent et s’espacent, et la nature s’impose doucement. Bye-bye grisaille !

Un arrêt à la pointe 

  • La berge Olivier-Charbonneau est un point d’arrêt naturel.

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    La berge Olivier-Charbonneau est un point d’arrêt naturel.

  • Peu avant d’arriver à la berge, on croise la chapelle Saint-Mathieu, qui accueille le Théâtre du bout de l’île.

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    Peu avant d’arriver à la berge, on croise la chapelle Saint-Mathieu, qui accueille le Théâtre du bout de l’île.

  • De nombreux pêcheurs prennent le temps de vivre sur les rives.

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    De nombreux pêcheurs prennent le temps de vivre sur les rives.

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La piste nous conduit naturellement à la berge Olivier-Charbonneau, d’où il est possible d’observer la rivière des Prairies et la rivière des Mille Îles s’unir. Dans cette aire aménagée reposante, on peut également consulter l’une des 21 bornes disséminées le long des cours d’eau lavallois, constituant le Rallye des rivières ; un circuit de panneaux informatifs nous éclairant à leur sujet, complété par une application (C. I. Eau). Par exemple, celle-ci nous apprend entre autres pourquoi la rivière des Prairies est ainsi dénommée. À découvrir lors de ses pauses cyclistes.

La ferme, autrement

  • Mathieu Forget a changé la vocation de la ferme familiale, autrefois laitière.

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    Mathieu Forget a changé la vocation de la ferme familiale, autrefois laitière.

  • Les champs de tournesol font tourner les têtes.

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    Les champs de tournesol font tourner les têtes.

  • Le tir de tracteur est un défi très relevé pour les adultes.

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    Le tir de tracteur est un défi très relevé pour les adultes.

  • Plusieurs variétés de citrouilles et de courges seront offertes cet automne.

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    Plusieurs variétés de citrouilles et de courges seront offertes cet automne.

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La route reprend, cette fois-ci en longeant la berge de la rivière des Mille Îles, direction ouest. La bande cyclable disparaît, mais la circulation clairsemée permet de profiter de la tranquillité des lieux et des petites maisons des quartiers. Notre objectif : la ferme Forget, à l’intérieur des terres. Là-bas, le propriétaire, Mathieu Forget, perpétue les activités agricoles de ses aïeux… mais à sa manière. En marge des activités d’autocueillette (entre autres, petits fruits, tournesols, courges, citrouilles…), il a mis en place des espaces d’activités agrotouristiques pour les familles, comme un labyrinthe de maïs géant, une mini-ferme, des jeux pour les petits (et pour les grands aussi, comme le tir de tracteur). On accède à une partie des activités moyennant un petit droit d’entrée. « On essaie d’offrir quelque chose de différent, plutôt que les visiteurs viennent, fassent leur cueillette et repartent aussitôt. Beaucoup restent ici trois ou quatre heures », précise M. Forget. On peut aussi admirer, en saison, les beaux champs de tournesol et de fleurs, à l’arrière du kiosque de vente (on y trouve des légumes en pagaille, mais aussi une variété de produits faits maison). Cet automne, une centaine de variétés de courges et citrouilles seront proposées.

Tout un fromage

  • Marc-André Marchand, copropriétaire de la fromagerie du Vieux St-François

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    Marc-André Marchand, copropriétaire de la fromagerie du Vieux St-François

  • La chèvre dans tous ses états, notamment en succulents fromages

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    La chèvre dans tous ses états, notamment en succulents fromages

  • Les fromages sont tous produits sur place.

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    Les fromages sont tous produits sur place.

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On revient un peu sur nos pas pour regagner les berges et mettre le cap sur… des chèvres. Prochaine étape : la fromagerie du Vieux St-François, idéalement implantée sur le bord de la route. Ouvert depuis 1996, l’établissement propose toutes sortes de variations laitières tirées de son grand troupeau de chèvres et chevrettes, paissant à deux pas de là. Marc-André Marchand, copropriétaire avec sa sœur Christelle, nous a présenté leurs savoureuses productions, dont ses Bouchées d’amour (boulettes de fromage frais à pâte molle conservées dans une huile de pépins de raisin, éventuellement aromatisées), son cheddar de chèvre ou encore sa tomme du Haut St-François, dotée d’une finale très goûteuse. On y trouve également des savons au lait de chèvre et toutes sortes de charcuteries, en vue d’un délicieux souper… 

Se paumer dans les pommes

  • La cueillette des pommes bat son plein.

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    La cueillette des pommes bat son plein.

  • Rien qu’à voir ces tartes, on sait qu’elles sentent bon…

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    Rien qu’à voir ces tartes, on sait qu’elles sentent bon…

  • Les routes sont sécuritaires et peu achalandées, mais attention aux machines agricoles.

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    Les routes sont sécuritaires et peu achalandées, mais attention aux machines agricoles.

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Peu après la fromagerie, on se lance dans une deuxième incursion dans les terres, au gré du boulevard Sainte-Marie. Sur cette grande bande champêtre, le visage campagnard de Laval atteint son paroxysme, avec un enchaînement de champs et cultures aux couleurs chatoyantes. Le boulevard Saint-Martin n’a jamais été aussi loin ! Après un petit crochet, on finit par tomber dans les pommes : celles du verger Gibouleau, fondé il y a une centaine d’années. Les activités d’autocueillette viennent de commencer pour l’automne, et les visiteurs peuvent se régaler d’une vingtaine de variétés, comme la Honey Gold, la Honeycrisp ou la McIntosh, les plus populaires selon le propriétaire Marc Gibouleau. On y prépare aussi des beignes et de très belles tartes, pour les cyclistes en manque de sucre sur la route.

Idées de fraîcheur

  • Les agrumes sous serre ne sont malheureusement pas offerts au grand public. En revanche, de nombreux autres produits sont en vente pour les affamés de produits frais.

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    Les agrumes sous serre ne sont malheureusement pas offerts au grand public. En revanche, de nombreux autres produits sont en vente pour les affamés de produits frais.

  • Vyckie Vaillancourt, maraîchère de la relève

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    Vyckie Vaillancourt, maraîchère de la relève

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Nul besoin de rouler beaucoup plus loin pour atteindre la ferme Vaillancourt, une autre exploitation agricole fermement ancrée dans le paysage lavallois depuis plusieurs générations. Aujourd’hui, c’est la dynamique Vyckie qui reprend le flambeau, avec des idées originales (lire à ce sujet son projet de culture d’agrumes québécois, relaté par notre collègue Iris Gagnon-Paradis). Cette portion n’est pas (encore) accessible au public, mais en revanche, une avalanche de savoureux fruits et légumes récoltés sur place sont offerts au magasin sur le bord de la route. « Ma grand-mère a fondé le petit commerce d’origine… et depuis, petit cabanon est devenu grand ! », dit en souriant la maraîchère de la relève, qui cultive également des fleurs sous serre.

Lisez l’article « Vyckie Vaillancourt et ses agrumes lavallois »

Tout naturellement

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Les berges de la Plage-Idéale, un havre de tranquillité

Pour conclure cette brochette d’étapes en beauté, deux options de coins de nature s’offrent au cycliste légèrement fourbu. La première, c’est la Plage-Idéale, un lieu historique de villégiature des années d’après-guerre, rives tranquilles où les autos sont proscrites. L’autre option serait la berge des Baigneurs, très prisée des locaux et pour laquelle des travaux de réaménagement ont été amorcés en 2021. Parfait pour une halte verdoyante.

Rouler vert

Pour boucler la boucle, la station de métro De la Concorde sera désormais dans le collimateur. Ça tombe bien, car depuis le secteur Sainte-Rose, il est possible de s’inviter sur la Route verte, se rendant directement à la station. Séparée de la route et agréablement aménagée, cette longue piste permet de filer droit tout en longeant la forêt urbaine du bois de l’Équerre. En franchissant les portes du métro, on s’étonne un peu : après avoir pédalé des heures sur les rives de l’île, nos pneus ne se sont jamais retrouvés sur un quelconque boulevard bondé de voitures furieuses. N’écoutez donc pas ceux qui clament que Laval n’est qu’un gros champignon de béton : ils sont dans le champ ; ou plutôt, mériteraient de s’y rendre.

Consultez la carte du circuit