On croit parfois bien connaître Montréal. Il y a pourtant des coins et recoins encore méconnus. Par exemple, ces discrets canaux ombragés où volettent les chardonnerets et où coassent les grenouilles. Du moins, une grenouille.

Ces canaux se cachent dans l’île Notre-Dame, au cœur du parc Jean-Drapeau. On peut les parcourir en louant une embarcation au Pavillon des activités nautiques du parc, à proximité de la plage Jean-Doré. Ou encore, on peut faire une visite guidée en kayak (ou en canot) avec Éco Tours Montréal.

La guide, Noémie Boutet, rassure les participants dès le départ : il n’y a pas de difficultés particulières, il n’y a pas de courant ou de vent sur les canaux. C’est donc une sortie très familiale.

C’est très difficile de chavirer avec ces kayaks-là : on a essayé !

Noémie Boutet, guide

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Les canaux sont particulièrement paisibles au petit matin.

Un peu d’histoire

Noémie rassemble son petit groupe au milieu du lac des Régates pour raconter la genèse du parc : on a créé l’île Notre-Dame et une partie de l’île Sainte-Hélène pour accueillir Expo 67. Pour ce faire, on a notamment utilisé les matériaux provenant du creusage du métro de Montréal. Et c’est afin de diminuer le volume de remblai nécessaire qu’on a créé un système de canaux dans l’île Notre-Dame.

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Le casino semble se cacher derrière les arbres.

Pour s’engager dans ce système, les kayakistes se faufilent entre l’ancien pavillon du Québec et l’ancien pavillon de la France, qui abritent maintenant le Casino de Montréal. Ils admirent au passage une œuvre de l’artiste Pierre Heyvaert, Acier, une sculpture de métal qui semble émerger de l’eau (et qui est très représentative de l’art de la fin des années 1960).

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L’œuvre Acier, de Pierre Heyvaert, représente le défi, le combat et l’élan.

Après ce volet culturel, c’est le côté naturel qui prend le dessus. Les oiseaux, notamment, qui jugent important de se faire entendre : un carouge à épaulettes y va d’un trille soudain, un cardinal rouge lance un huit-huit-huit sonore.

D’autres oiseaux se font plus discrets : un harle plonge alors que les kayakistes sont encore à bonne distance, un héron se perche sur la branche d’un arbre, deux canards s’éloignent en bougonnant.

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Un jeune héron se réfugie sur une branche.

Multitude d’oiseaux

C’était une bonne idée d’apporter des jumelles. Ç’aurait été une meilleure idée encore d’apporter un guide d’oiseaux, afin d’identifier les spécimens moins connus. Cet oiseau brun, qui ressemble vaguement à une mésange, c’est quoi ? Au moins, les chardonnerets sont faciles à reconnaître, avec leurs belles plumes jaune vif. Leur couleur tranche sur la végétation bien verte qui borde les canaux.

Cette végétation est tellement dense qu’un plan forestier publié en 2018 recommandait l’élimination des espèces les plus envahissantes parce qu’elles dissimulaient la vue qu’on pouvait avoir des canaux depuis les berges.

Or, en kayak, il est plutôt plaisant de circuler paisiblement dans un canyon vert et de ne pas voir ce qu’il y a au-delà de cette végétation. On ne devinerait même pas la présence du circuit Gilles-Villeneuve, pourtant tout à côté.

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On se croirait en pleine nature si près du centre-ville.

Les libellules se moquent un peu de toutes ces considérations et vaquent à leur vie de libellules au-dessus de l’eau. Quelques fleurs sauvages apportent une touche de couleur.

Subitement, tooong, une grenouille verte s’exprime avec vigueur. Les kayakistes s’approchent subrepticement du bosquet d’herbes aquatiques où elle semble se cacher. Tooong. Elle est bien là, mais où ? Les jumelles permettent d’entrevoir entre les herbes ce qui semble être un corps gris-vert rugueux. Tooong. C’est peut-être la bête. Mais en s’approchant, la déception est grande : le corps en question est simplement une roche qui émerge de l’eau. Tooong. La grenouille, toujours bien dissimulée, semble se moquer des intrus. Les kayakistes abandonnent la traque et retournent tranquillement sur le lac des Régates. Mine de rien, 90 minutes ont passé comme un éclair.

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La croix de l’Ambulance Saint-Jean était auparavant située à l’angle de la rue Saint-Denis et du boulevard De Maisonneuve. L’œuvre de bronze passe maintenant sa retraite dans l’île Notre-Dame.

Un petit truc : en achetant le laissez-passer touristique Passeport MTL, on peut s’inscrire à la visite guidée à très bas prix.

Autre petit truc : on peut se rendre à proximité du Pavillon nautique en auto ou en transports en commun, mais en vélo, c’est encore plus plaisant et ça ajoute à l’aventure. On peut emprunter le pont de la Concorde ou le pont Jacques-Cartier à partir de Montréal, ou encore les écluses de Saint-Lambert à partir de la Rive-Sud.

Consultez le site du parc Jean-Drapeau pour louer une embarcation ou réserver une visite guidée Consultez le site de Passeport MTL
En savoir plus
  • 175 cm
    C’est le diamètre du plus gros arbre du parc Jean-Drapeau, un saule blanc pleureur situé dans les jardins des Floralies, dans l’île Notre-Dame.
    Source : Plan maître forestier de la Société du parc Jean-Drapeau