(Ottawa) L’industrie touristique canadienne implore le gouvernement fédéral de lever les mesures sanitaires « inutiles » aux frontières, ce à quoi le premier ministre Justin Trudeau répond que la pandémie n’est pas terminée et que « des gens meurent tous les jours ».

Longs retards sur le tarmac, des heures d’attente aux douanes, contrôles de santé en double, tests aléatoires à l’arrivée : les représentants du secteur du tourisme ont dressé mercredi la liste des éléments qui amplifient les retards, frustrent les passagers et créent de la congestion aux aéroports.

« Le domaine du voyage est la seule industrie qui continue à être sujette à ces restrictions », a dénoncé Susie Grynol, la présidente et chef de la direction de l’Association des hôtels du Canada, lors d’une conférence de presse à Ottawa.

Alors que la période des vacances d’été approche à grands pas, les plus grands aéroports du pays projettent que le nombre de passagers augmentera de 50 %.

Si bien que le Conseil des aéroports du Canada réclame qu’Ottawa retire les mesures sanitaires restantes à la frontière « d’ici au 15 juin », a dit sa présidente par intérim, Monette Pasher.

« Chaque jour compte. Nous devons sauver notre été, a-t-elle expliqué en réponse à une question. C’est un problème urgent. »

Le regroupement a trois demandes : retirer les tests aléatoires dans les aéroports, mettre fin aux questions en double à la frontière et ne plus exiger des employés de la sécurité et des douanes qu’ils soient vaccinés pour travailler.

Les protocoles sanitaires en vigueur ont pour conséquence que ça prend aux douaniers deux à quatre fois plus de temps par passager qu’autrefois, un processus qui leur prenait une trentaine de secondes, a-t-elle noté.

Au Conseil national des lignes aériennes du Canada, on estime que le pays « doit s’aligner sur la communauté internationale ».

« Près de 50 pays ont retiré toutes leurs barrières au voyage », a affirmé sa présidente par intérim, Suzanne Acton-Gervais.

Suivre la science

Quelques minutes plus tôt, le premier ministre était questionné sur le sujet à son entrée à la réunion du caucus de son parti.

« Je sais qu’il y a bien des gens qui veulent faire semblant que ça n’existe plus, mais on est dans une pandémie et des gens meurent tous les jours dans les hôpitaux, a-t-il dit. Notre responsabilité, c’est d’assurer la sécurité de tout le monde et ça, ça se fait en suivant la science. »

Son ministre du Tourisme, Randy Boissonnault, abondait dans le même sens. « La santé en premier et ensuite les voyages », a-t-il dit.

M. Boissonnault a également noté que les pays ne se comportent pas tous de la même façon et qu’Israël impose par exemple trois doses de vaccin alors que le Canada n’en exige que deux. Bien que des pays aient des exigences d’entrée que le Canada n’a pas, l’affirmation est inexacte puisque Israël a en fait retiré l’obligation d’être triplement vacciné dans les dernières semaines.

« Je sais que ça préoccupe le secteur du tourisme, mais en même temps on voit que ça monte en flèche, a plaidé le ministre. On a enlevé les tests PCR, les tests rapides. Si on va aux États-Unis, il faut un test rapide donc je pense qu’on a un bon équilibre pour le moment et on suit le dossier de très près. »

Chez les conservateurs, le porte-parole en matière d’innovation, sciences et industrie, Gérard Deltell, estime que le gouvernement Trudeau pourrait prendre des actions et écouter les suggestions « tout à fait pertinentes » de l’industrie.

« On voit que la situation de façon globale s’améliore », a expliqué M. Deltell à son arrivée à la réunion du caucus conservateur.

Il a notamment estimé que le port du masque est toujours « une bonne suggestion », mais que « l’obligation de la vaccination a démontré ses limites aussi ».

Avec des informations d’Émilie Bergeron