Les touristes se sont faits rares dans les rues de Montréal dans les deux dernières années, au grand désarroi des guides touristiques. La plupart ont dû réorienter leur carrière, tout en espérant refaire découvrir la ville dans un avenir pas trop lointain.

L’Association professionnelle des guides touristiques de Montréal (APGT) vient de sonder ses membres pour savoir comment ils parviennent à passer à travers la pandémie. Environ 15 % des personnes sondées ont indiqué qu’elles avaient suivi de nouvelles formations ou étaient carrément retournées aux études, alors que 60 % ont travaillé dans d’autres domaines.

« Nous sommes polyvalents, lance Michel Ménard, administrateur à l’Association et lui-même guide touristique. Beaucoup sont allés en enseignement. D’autres sont allés dans des organismes communautaires, ou ont participé au programme Je contribue. Il y a eu de la livraison, de la traduction, de l’enregistrement de livres pour les non-voyants, du travail en pépinière et toutes sortes d’autres métiers. On s’est débrouillés. »

Alors, si les visiteurs reviennent, pourrait-il y avoir une pénurie de guides ? Cela n’inquiète pas trop Michel Ménard. « Je ne pense pas que ça revienne au niveau record de 2019. »

Montréal, l’épicentre

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Vieux-Montréal à l’époque où il était vraiment animé

La COVID-19 a fait mal à l’industrie touristique de la métropole. « En 2020, à Montréal, on était un peu à l’épicentre de la pandémie au Québec, c’est là où il y avait le plus de cas, rappelle Frédéric Mandel, président de l’APGT. La ville n’était pas très attrayante. » Si les Montréalais allaient en vacances en Gaspésie ou dans Charlevoix, les autres Québécois n’avaient pas vraiment envie de visiter une métropole où il ne se passait plus grand-chose.

Ç’a été dur sur le moral pour plusieurs guides. Ce sont des gens qui sont habitués de rencontrer des centaines de personnes par semaine. Là, du jour au lendemain, ils ne rencontraient plus personne, ou presque.

Michel Ménard, administrateur de l’Association professionnelle des guides touristiques de Montréal

Lui-même n’a pas guidé du tout en 2020, après le déclenchement de la pandémie. « J’étais traducteur, travailleur autonome, note-t-il. Le guidage, ça me permettait de sortir de la maison. Le plan, c’était de traduire essentiellement l’hiver et de guider le plus possible l’été. »

En 2021, il y a eu une petite embellie pour l’industrie. Quelques agences ont réussi à attirer une clientèle locale. « Il y a eu des projets, mais la tarte était pas mal plus petite », note Michel Ménard.

Puis, il y a eu un petit redémarrage en août et en septembre, avec le retour des Ontariens et la réouverture de la frontière avec les États-Unis. « Cette petite saison touristique a permis à certains d’avoir un peu plus d’espoir qu’avant », affirme Frédéric Mandel.

Hésitation

On parle d’un « optimisme prudent ». Si quelques répondants au sondage de l’APGT se sont montrés parfaitement pessimistes par rapport à la saison 2022, la majorité est moyennement optimiste. Plusieurs hésitent cependant à se procurer le permis de guide touristique de la Ville de Montréal pour 2022, qui s’élève à 105 $. « Si tu guides quatre ou cinq fois, ça ne vaut peut-être pas la peine », note M. Mandel.

« En 2020, 12 % ont vu leurs revenus augmenter, 18 % rester à peu près pareils et 70 % diminuer, indique l’administrateur de l’APGT. Pour ceux qui ont vu leurs revenus totaux diminuer, c’est un manque à gagner de 14 200 $ en moyenne. En 2021, les chiffres se ressemblent. »

Mais voilà, les guides touristiques aiment vraiment leur métier et espèrent y revenir. En outre, le travail se fait essentiellement à l’extérieur, dans les rues de Montréal. Et le contact avec les visiteurs permet aux guides de voir la ville avec des yeux neufs. « Ça nous donne un nouvel amour pour Montréal », ajoute M. Mandel.

L’été dernier, Michel Ménard s’est demandé s’il n’allait pas essayer de décrocher un autre contrat avec la Croix-Rouge et délaisser un peu la profession de guide. « Trois jours après, je suis allé guider une visite à Saint-Henri avec des gens de Montréal, dont deux habitants de Saint-Henri. Ça a fini dans la cour de l’un d’eux à manger des tacos. Je suis parti en me disant : “Câline, c’est le fun, je ne vais pas balayer ce métier-là du revers de la main.” »

En savoir plus
  • Il faut obligatoirement suivre une formation spécialisée de 240 heures à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec pour être guide touristique à Montréal.
    Association professionnelle des guides touristiques de Montréal