(Québec) L’exigence de tests PCR pour les visiteurs étrangers cause un tort « irréparable » à l’industrie touristique, qui demande à Ottawa d’abandonner cette mesure pour les touristes doublement vaccinés.

Plusieurs acteurs importants se sont réunis mercredi matin au Château Frontenac, emblème du tourisme à Québec, pour lancer un appel au gouvernement fédéral. Ils soutiennent que leur industrie étouffe et peine à attirer des visiteurs de l’étranger à cause des règles trop strictes imposées par Ottawa.

« Le test PCR cause un tort irréparable aux entreprises québécoises, locales et aux grands évènements québécois », estime la directrice générale de l’Association hôtelière de la région de Québec, Marjolaine De Sa.

Depuis des mois, toute personne qui entre au Canada doit présenter un test moléculaire (PCR) récent qui montre un résultat négatif à la COVID-19. Mais ce test coûte cher et aurait pour effet de décourager les voyageurs à venir au pays.

La Table ronde canadienne du voyage et du tourisme demande donc au gouvernement d’abandonner cette exigence pour les voyageurs entièrement vaccinés.

Plusieurs acteurs de la région de Québec ont dit craindre une saison touristique hivernale catastrophique si les règles ne sont pas assouplies.

« Ça m’a frappé de voir des équipes qu’on était habitués de voir ici ne pas venir. Clairement, le frein, c’est le test PCR. Ils se disent vous pouvez venir chez nous sans test PCR, nous on doit faire ce test coûteux pour venir chez vous », note le directeur général du Tournoi international de hockey pee-wee de Québec, Patrick Dom.

Il note qu’habituellement son célèbre tournoi attire une cinquantaine d’équipes des États-Unis. Il y en aura tout au plus une quarantaine cette année. Les équipes d’Europe et d’Asie ont quant à elles fondu de moitié, passant de 30 à 15.

Selon M. Dom, l’obligation de ce test est le principal responsable. « Pour 90 % de ceux qui ne viennent pas, le test PCR est responsable », dit-il.

Rapidement… ou lentement

Marjolaine De Sa note que le nombre « d’hospitalisations est très faible ».

Mais en Europe – continent qui a souvent donné un aperçu des choses à venir au Québec depuis le début de la pandémie –, plusieurs pays voient une flambée des cas, et même des reconfinements.

La France a, par exemple, annoncé mercredi le retour des tests COVID-19 avant l’embarquement pour les vols allant de l’Hexagone vers tous les territoires d’outre-mer.

Au Canada, le gouvernement Trudeau vient d’annoncer un certain allégement : le test PCR ne sera plus obligatoire pour les Canadiens qui effectuent un voyage de 72 heures et moins aux États-Unis et qui ont reçu leurs deux doses de vaccin.

L’industrie touristique y voit un obstacle de plus, car il rend les voyages à l’extérieur du Canada plus faciles sans faciliter ceux vers le pays.

« Ces changements ouvrent une porte à sens unique, permettant aux Canadiens de quitter le pays tout en dissuadant les visiteurs internationaux de venir ici », fait valoir la Table ronde canadienne du voyage et du tourisme dans un communiqué.

À Ottawa, le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a dit comprendre l’impatience de l’industrie touristique. Mais il a fait valoir que la pandémie est loin d’être terminée, comme le démontre la hausse du nombre de cas dans certains pays, et que la prudence est de mise.

« Je comprends très bien leurs préoccupations. Je les comprends particulièrement parce que, moi, je suis député de la circonscription de Québec qui est un des hauts lieux du tourisme dans la restauration et de l’hébergement au pays. Ceci dit, on est encore en pandémie, et la pandémie est beaucoup plus grave en dehors du Canada et du Québec qu’on la trouve ici au pays. Aux États-Unis, en proportion de la population, c’est quatre fois plus grave. Au Royaume-Uni, 10 fois plus grave et en Belgique, 20 fois plus grave », a dit le ministre.

Celui-ci est resté très vague quant à une éventuelle modification des règles. « Les choses pourraient aller plus rapidement ou plus lentement », a dit le ministre Duclos.

Avec Joël-Denis Bellavance à Ottawa