Le motel revu, retapé et relooké : aperçu de la tendance motel boutique chez les voisins ontariens.

C’est une histoire digne d’un conte de fées ou d’une série télé : comment deux copines d’université, une fois devenues grandes, ont décidé un jour de tout plaquer (grosse vie, bon boulot et beau condo) pour se lancer dans une folle aventure : la motellerie.

Oui : motellerie. Pour motels, ces hébergements souvent défraîchis des bords de route, plus ou moins malaimés (quoique remis au goût du jour avec des séries telles Schitt’s Creek et son pittoresque motel Rosebud). Mais oubliez les vieux bâtiments crades ou la chaîne bas de gamme. Nos héroïnes, Sarah Sklash et April Brown, de Toronto, jouent ici dans une tout autre ligue, en mode look chic-rétro, avec priorité à la déco, et… au vin rosé !

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Un motel retapé de fond en comble

D’ailleurs, parlant de série télé, Netflix a diffusé Motel Makeover, une minisérie de six épisodes pour raconter une partie de leur épopée, soit le récit de leur deuxième projet de rénovation à Sauble Beach, dans le nord de l’Ontario, après leur premier success-story il y a cinq ans, dans Prince Edward County.

C’est d’ailleurs au motel June de Prince Edward County, à quelques heures de Montréal, que nous avons réussi à attraper ces deux entrepreneures expatriées insoupçonnées, un petit matin ensoleillé de septembre, pour tout savoir de leur histoire.

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Le motel June, à deux pas du village de Picton, en Ontario

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Petits clins d’œil des deux motelières

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Le souci du détail est partout. 

Parce que soyons francs, c’est intrigant : comment deux trentenaires torontoises, plutôt bon chic bon genre, se sont-elles du jour au lendemain embarquées en région pour métamorphoser un vieux repaire de pêcheurs (le Sportsman Motel) ? Le résultat est assez spectaculaire et tape-à-l’œil, merci, avec son lot de néons roses, (fausses) plantes vertes à profusion et accessoires vintage. Plus instagrammable, tu meurs. Surtout : qu’allaient faire ces deux professionnelles accomplies dans la motellerie ?

Regardez la bande-annonce de Motel Makeover (en anglais)

Rêver d’« autre chose »

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Un hall de motel comme on en voit peu !

Assises dans leur coin photo préféré, sur un canapé de cuir brun, entourées des seules vraies plantes de l’établissement, dans leur coquet hall (là où tous les clients immortalisent désormais leur séjour, idéalement un verre de rosé en main), à quelques minutes du joli village de Picton, les deux amies se confient généreusement. Il faut dire qu’après les heures de tournage faites pour la série Netflix (en 2020, parce que oui, elles ont ouvert un deuxième motel en pleine pandémie), elles ont l’habitude. Et ça paraît.

« On était à l’université, à Western, ensemble, en gestion. C’est là qu’on s’est connues ! », commence d’emblée April, la plus spontanée du duo, qui a ensuite décroché un boulot dans une boîte de marketing à Toronto. D’où leur facilité avec les réseaux sociaux, le clou de leur campagne promo, comprend-on. Sarah, la « rationnelle », quant à elle, s’est retrouvée fonctionnaire, à Toronto toujours, à titre d’analyste commerciale. D’où leur talent avec les chiffres, cette fois. Et leur flair pour les bonnes affaires, tiens tiens…

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Le canapé de cuir brun

Si les deux copines se sont installées aux deux extrémités de la ville, elles ne se sont toutefois jamais perdues de vue, partageant une passion pour les voyages, le bon vin et le tourisme en général. Et ce n’est évidemment pas anodin.

Parce que, avec les années, et malgré leurs grosses vies bien établies, elles ont senti un manque. « J’avais la vie que je croyais vouloir, confie April, mais je n’en tirais pas de satisfaction. » Alors après 10 années du même train-train, elle rêvait d’« autre chose ».

Ça me démangeait, je voulais du nouveau, quelque chose de plus créatif…

April Brown, motelière

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Le souci du détail est partout. 

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Un vieux repaire de pêcheurs relooké à coup de peinture rose

Et, coup de chance, sa copine était exactement à la même place. Au même moment. Avec les mêmes remises en question.

Un certain vendredi soir, autour d’une bonne bouteille (un thème qui revient souvent ici, on est dans une région viticole, après tout !) et pendant un brainstorm qu’on devine éclaté (« on avait de 40 à 50 idées ! »), les deux copines s’entendent finalement sur un projet, conjuguant vin, bien-être et « expérience » touristique. Quoi, exactement ? Ça n’est pas tout à fait clair, mais elles imaginent d’abord un truc ponctuel, genre de week-end pour adultes, autour du thème du vin (wine camp), toujours. D’où la quête d’un lieu pour tenir cet éventuel évènement qui, vous l’aurez deviné, n’a finalement jamais vu le jour. Parce qu’en trouvant le lieu (merci Sarah), le projet s’est transformé. Et, disons, pérennisé. « On a fait un sacré saut : en passant du camp pour adultes à l’achat d’un motel ! disent-elles en chœur. Parce que c’est comme un camp quotidien, ici, finalement. » Effectivement.

Une « destination »

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La petite terrasse sera agrandie prochainement.

Une fois le motel trouvé et acheté, les futures motelières ont toutes deux lâché leur boulot respectif, déménagé et retroussé leurs manches. C’est qu’elles ont plus ou moins tout appris sur le tas, comme on dit. « Ç’a été épuisant ! » On les croit : du plancher du hall aux espaces communs (une relative nouveauté dans le monde des motels) en passant par la peinture et surtout la décoration des 16 chambres, elles ont tout, mais tout refait : la céramique, la tapisserie, et déniché des perles de mobilier sur Kijiji. Et le résultat est saisissant. « Le motel était vraiment en mauvais état. Il a eu besoin de beaucoup de travail… »

C’était il y a cinq ans. Et depuis, le June, qui offre non seulement un hébergement, mais aussi une expérience et une ambiance (avec du café à volonté, des matinées de yoga, une sélection de vins du coin), affiche toujours complet. Été après été. D’ailleurs, si vous rêvez d’y passer quelques jours l’an prochain (deux nuitées minimum), un conseil : réservez tout de suite. Il faut dire qu’ici, à Prince Edward County, une région viticole et balnéaire de plus en plus recherchée, notamment depuis la pandémie, il n’y a pas énormément d’offres en ce genre. Et quand offre il y a, elle n’est pas forcément à la portée de tous les budgets. Au June, et selon la saison, la chambre se décline de 250 $ à 500 $ la nuit. C’est « compétitif », nous dit-on. Croyez-le ou non.

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Dur à croire qu’il s’agissait jadis d’un motel de pêcheurs !

Et visiblement, ça marche. Même si certaines clientes rencontrées ont un peu levé le sourcil en analysant le prix. Saluant le souci du détail (avec les produits de luxe dans les salles de bains, par exemple), et malgré certaines activités proposées (jeu de poche, joli feu, etc.), « c’est bien, mais ça reste un motel, c’est cher pour ce que c’est », ont confié deux Montréalaises, Audrey Scala et Audrey Lévy, de passage pour la première fois dans la région, sous les bons conseils d’une influenceuse. « Mais au bout du compte, on est super contentes ! »

« On a créé une destination pour nous. Là où nous, on aimerait emmener nos compagnons, nos amis, nos familles et, surtout, nos copines. Et c’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus facile à faire : imaginer une entreprise qui nous parle ! », concluent nos deux motelières. Même si, et en toute franchise, elle disent en riant : « La plupart du temps, on n’avait aucune idée de ce qu’on était en train de faire ! » Conseils d’entrepreneures ? « Si on ne sait pas faire quelque chose, on trouve quelqu’un qui sait. Il faut rester humble. Et trouver un moyen de continuer d’avancer ! »

Consultez le site web de The June Motel (en anglais)

D’autres motels boutiques à découvrir

La région de Prince Edward County, où se trouve Sandbanks, en Ontario, avec nombre de bons vignobles, microbrasseries et distilleries, sans oublier ses kilomètres de pistes cyclables, compte de plus en plus de luxueux motels rénovés. En voici deux, à quelques heures de Montréal.

Dans la famille du Drake

  • Les chambres de ce motel sont vastes et portent toutes le cachet typique du Drake.

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    Les chambres de ce motel sont vastes et portent toutes le cachet typique du Drake.

  • Le dernier-né de la famille Drake : le Drake Motor Inn, vieux motel retapé dans les dernières années.

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    Le dernier-né de la famille Drake : le Drake Motor Inn, vieux motel retapé dans les dernières années.

  • Le Drake Motor Inn a été relooké au goût du jour.

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    Le Drake Motor Inn a été relooké au goût du jour.

  • Le bureau à l’entrée.

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    Le bureau à l’entrée.

  • Quelques petits trésors du passé trônent dans cette étagère.

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    Quelques petits trésors du passé trônent dans cette étagère.

  • Le coin feu de camp est bien apprécié durant les fraîches soirées.

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    Le coin feu de camp est bien apprécié durant les fraîches soirées.

  • Difficile de manquer le bâtiment…

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    Difficile de manquer le bâtiment…

  • La terrasse du Drake Devonshire, avec vue sur le lac Ontario.

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    La terrasse du Drake Devonshire, avec vue sur le lac Ontario.

  • En soirée, feu de camp et musique réunissent les voyageurs sur la plage, devant le Drake Devonshire.

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    En soirée, feu de camp et musique réunissent les voyageurs sur la plage, devant le Drake Devonshire.

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On connaissait déjà l’hôtel Drake, mi-chic, mi-bohème, de Toronto. Puis son petit frère, à Wellington, le Drake Devonshire, avec sa terrasse imprenable sur le lac Ontario, plus bohème encore. Or voilà qu’est né, il y a trois ans, le Drake Motor Inn, à Wellington toujours (et à deux pas du Devonshire, littéralement), un motel jadis rock’n’roll (Cribs on the Creek) relooké au goût du jour, et surtout au goût du Drake.

Ici, comme dans les autres établissements de la marque, règnent dans les 12 vastes chambres bon goût, style et œuvres d’art, avec quelques clins d’œil nostalgiques bien pensés. Le motel jouit de tous les services de son grand frère voisin, à savoir : feu de camp, location de vélos (l’été) ou de patins (l’hiver), restaurant, bar, terrasse sur la plage. Espaces communs compris. Ouvert toute l’année. De 300 $ à 700 $ la chambre, selon la saison. Deux nuitées minimum. Les réservations pour l’an prochain sont déjà lancées.

Consultez le site web du Drake Motor Inn (en anglais)

Vue sur le lac Ontario

  • Le Lakeside a des airs de tout-inclus.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LAPRESSE

    Le Lakeside a des airs de tout-inclus.

  • Une terrasse avec vue

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    Une terrasse avec vue

  • La carte des vins du bar du Lakeside est impressionnante.

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    La carte des vins du bar du Lakeside est impressionnante.

  • Les chambres du motel ont toutes été rénovées avec goût.

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    Les chambres du motel ont toutes été rénovées avec goût.

  • Cette unité est complètement équipée pour recevoir une famille.

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    Cette unité est complètement équipée pour recevoir une famille.

  • Une grande porte patio donne facilement accès au paysage extérieur.

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    Une grande porte patio donne facilement accès au paysage extérieur.

  • Le Lakeside offre cinq tentes pour amateurs de glamping.

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    Le Lakeside offre cinq tentes pour amateurs de glamping.

  • Le motel compte un restaurant extérieur, un sauna et un petit accès au lac, pour la baignade.

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    Le motel compte un restaurant extérieur, un sauna et un petit accès au lac, pour la baignade.

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Autre nouveau venu de la région, et toujours à Wellington : le Lakeside Motel, jadis le Lakeside Village Inn, autre repaire de pêcheurs désormais entièrement rénové pour une clientèle évidemment plus aisée. C’est officiel : avec sa piscine flambant neuve, ses 5 tentes pour amateurs de glamping et ses 12 chambres complètement relookées (sans parler du « bungalow », maisonnette pour petits groupes), le Lakeside et ses airs de tout-inclus attirent une clientèle jeune et branchée, majoritairement de Toronto.

Outre la magnifique terrasse sur le lac Ontario, le motel compte un restaurant extérieur, un sauna et un petit accès au lac, pour la baignade. Location de vélos et de canots en sus. À partir de 400 $ la nuit, selon la saison. Deux nuitées minimum. Ici aussi, les réservations pour l’été prochain sont déjà en cours.

Consultez le site web du Lakeside Motel (en anglais)