Pour ne pas revivre les déceptions de 2020, des vacanciers s’y sont pris très tôt cette année pour réserver leurs séjours au Québec. Résultat : beaucoup de chalets sont déjà loués et les places de camping disparaissent comme neige au soleil. Est-il déjà trop tard pour planifier ses vacances ? Heureusement, non ! Mais… 

La Gaspésie a beaucoup fait parler d’elle, l’été dernier, quand des hordes de touristes qui n’avaient pas retenu leur hébergement ont transformé des plages en campings sauvages. La crainte d’avoir du mal à se loger l’été prochain a dopé les locations de chalets là-bas. À la mi-mars, révèle un sondage de Tourisme Gaspésie, près des trois quarts des chalets affichaient complet ou presque complet pour la période du 15 juillet au 15 août.

La situation est exceptionnelle, mais il serait bête de conclure que la Gaspésie déborde déjà. « On est loin, vraiment loin, d’être plein », affirme Stéphanie Thibaud, directrice marketing de Tourisme Gaspésie, qui redoute l’effet potentiellement décourageant pour les visiteurs des reportages sur la grande popularité de sa région.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

« On est loin, vraiment loin, d’être plein », souligne Stéphanie Thibaud, directrice marketing de Tourisme Gaspésie.

Pour la même période, les réservations sont d’ailleurs nettement moins nombreuses dans les gîtes, par exemple. Pour 73 % d’entre eux, le taux de réservation est inférieur à 25 %. Il reste aussi pas mal de disponibilités dans les campings et les hôtels. Et c’est d’autant plus vrai avant le 15 juillet et après le 15 août.

Ceux qui partiront en road trip en plein été pour faire le tour de la Gaspésie sans rien planifier doivent s’attendre à ce que ça ne soit pas facile. Mais il est toujours temps de planifier ses vacances pour éviter de se retrouver le bec à l’eau. La Gaspésie, c’est grand. Et puis, c’est aussi beau au printemps et à l’automne…

Stéphanie Thibaud, directrice marketing de Tourisme Gaspésie

Les réservations sont en avance à la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), confirme le porte-parole Simon Boivin. Pour l’hébergement comme pour les activités. N’empêche, une recherche rapide à sepaq.com montre que de nombreux emplacements de camping parmi les 7000 du réseau demeurent libres, même pour les vacances de la construction. « Soyons réalistes, dit M. Boivin, ce sera un peu plus difficile de trouver un chalet ou du prêt-à-camper pour de longs séjours pendant la haute saison, mais ceux qui sont prêts à essayer autre chose, parfois dans un parc situé un peu plus loin, ont encore beaucoup de choix. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

« Les réservations se font plus vite, mais, au bout du compte, on ne s’attend pas à une grande augmentation par rapport à l’été dernier », dit Simon Tessier, PDG de Camping Québec.

Même son de cloche dans les campings privés. « Les réservations se font plus vite, mais, au bout du compte, on ne s’attend pas à une grande augmentation par rapport à l’été dernier », dit Simon Tessier, PDG de Camping Québec, qui regroupe près de 1000 établissements. Si certains campings affichent complet pour les longs week-ends et les vacances de la construction, les vacanciers ne devraient pas se laisser décourager. « Il y a aussi des annulations, alors il faut rappeler, dit M. Tessier. Et s’ils sont prêts à s’ouvrir à d’autres campings, ils vont finir par trouver. »

Davantage de propositions

La demande est forte, aussi, du côté des voyagistes, qui ont toutefois revu leur offre à la hausse pour l’été à venir après avoir été pris un peu de court en 2020.

Voyages Gendron reprendra ainsi dès le mois de mai ses voyages de groupe en autocar, qui avaient tous été annulés l’an dernier. « Les tarifs demeurent compétitifs, même si les véhicules doivent rester à moitié remplis, considérant la subvention de 25 % d’Explore Québec », explique Marc-Olivier Gagné, directeur développements numériques de l’entreprise. Au menu : de courts séjours à Québec, en Abitibi, dans Charlevoix, dans le Bas-Saint-Laurent et même le tour de la Gaspésie.

« Les forfaits individuels aux Îles-de-la-Madeleine [avec vol, hébergement, voiture et activités sur place] se vendent aussi très bien », ajoute M. Gagné. Et pour l’instant, il reste des disponibilités, surtout en début de saison, pour ces voyages qui profitent d’une subvention de 250 $ sur le prix du billet d’avion.

PHOTO FOURNIE PAR TERRES D'AVENTURE

Terres d’Aventure Canada a multiplié les places offertes, notamment pour ses forfaits en petits véhicules récréatifs.

Terres d’Aventure Canada, qui a anticipé l’enthousiasme des vacanciers, a multiplié les places offertes, notamment pour ses forfaits en petit véhicule récréatif, qui mettent en valeur la nature et les producteurs locaux, au Québec et dans l’Ouest canadien.

La demande est importante pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, mais il reste pas mal de places pour Charlevoix et le Saguenay. Et si quelqu’un nous appelle dans un mois, on aura encore des options.

Jad Haddad, directeur de Terres d’Aventure Canada

Réserver… quitte à annuler ?

Comme l’évolution de la situation sanitaire reste imprévisible, certains vacanciers hésitent à réserver dès maintenant des séjours qui pourraient devoir être annulés. Agences, locateurs et hébergements en sont conscients et beaucoup d’entre eux offrent des politiques d’annulation très souples. Comme l’an dernier, la SEPAQ créditera les vacanciers pour des séjours qu’un changement de directives du gouvernement rendrait impossibles. Et les réservations de camping y sont presque entièrement modifiables ou remboursables jusqu’à cinq jours avant le début du séjour, peu importe les raisons.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Comme l’an dernier, la SEPAQ créditera les vacanciers pour des séjours qu’un changement de directives du gouvernement rendrait impossibles.

Bien sûr, ces conditions varient énormément d’un endroit à l’autre, mais Dany Papineau, président de la plateforme de location québécoise WeChalet, invite les gens à profiter de cette flexibilité pour faire des réservations sans attendre. « L’annulation est possible sans frais parfois jusqu’à 24 heures avant le séjour pour les chalets sur notre plateforme, dit-il. Aussi, comme nous sommes situés au Québec, nous sommes au diapason de l’évolution des règles de santé publique. »

Beaucoup de chalets, parmi les plus beaux et les plus abordables, ont déjà trouvé preneur pour la belle saison, mais de nouvelles adresses font leur apparition chaque jour sur WeChalet, précise M. Papineau. « La forte demande observée depuis un bon moment se maintient, mais on peut toujours trouver un endroit pour ses vacances », évalue-t-il.

Tourisme urbain et attractions

L’été dernier, les touristes ont boudé la métropole, épicentre de la pandémie au pays, qui a été privée de ses évènements culturels. Il est encore tôt pour savoir de quoi l’été prochain sera fait en ville, mais Montréal ne risque pas de manquer de chambres d’hôtel pour ceux qui voudraient y passer un moment. Si les établissements en région « semblent connaître des réservations intéressantes » pour l’été, les choses ne s’améliorent pas pour les hôtels en secteur urbain, confirme par écrit Nicolas Dufour, directeur des communications et relations médias pour l’Association hôtellerie Québec.

PHOTO BERNARD BRAULT LA PRESSE, ARCHIVES LA PRESSE

Il est encore tôt pour savoir de quoi l’été prochain sera fait en ville, mais Montréal ne risque pas de manquer de chambres d’hôtel pour ceux qui voudraient y passer un moment.

Du côté des attractions, comme les jardins zoologiques ou les parcs aquatiques, par exemple, il est un peu tôt pour acheter ses billets, constate François-G. Chevrier, directeur général d’Événements attractions Québec. Le gouvernement n’a pas fini de déterminer les conditions d’ouverture pour tout le monde, mais les capacités d’accueil seront assurément réduites, comme l’an dernier. Il serait donc sage de faire ses réservations dès l’ouverture des billetteries, dans au plus quelques semaines, croit M. Chevrier.

S’équiper tôt

Une fois vos vacances réservées, il ne vous restera plus qu’à trouver une tente, puis des vélos ou un kayak pour des excursions… Surtout, n’attendez pas trop avant de vous les procurer, car une pénurie s’annonce.

« On a des défis de livraison, confirme Emmanuelle Ouimet, PDG des magasins de plein air La Cordée. Il manque de conteneurs pour transporter le stock et les chaînes de production ont été affectées par la COVID, en particulier pour l’aluminium, qu’on trouve dans des composants de tentes, de canots, de kayaks et de vélos, par exemple. »

Même si La Cordée pense bien obtenir la plupart des produits commandés, elle a décidé de ne pas faire de prévente, pour éviter les déceptions en cas de retard. « Les gens peuvent s’inscrire pour recevoir un courriel quand le matériel va arriver en magasin dans quelques semaines. Ensuite, ça risque de partir vite », lance Mme Ouimet.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Les magasins de vélos, comme Dumoulin Bicyclettes (ci-dessus), doivent composer avec d'importantes pénuries.

La situation est « particulièrement tendue » pour les vélos, précise Pierre-Marie Legrain, copropriétaire de Dumoulin Bicyclettes. « Il y a eu un boom et c’est difficile d’avoir des stocks », dit-il. Pour certains types de vélos (électriques, hybrides ou de cyclotourisme notamment), la pénurie est particulièrement prononcée. Selon le commerçant, des modèles populaires pourraient même ne pas réapparaître en magasin avant… 2023 !

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre-Marie Legrain, copropriétaire de Dumoulin Bicyclettes

Ce n’est pas le temps de paniquer, on va recevoir un peu de vélos quand même au cours de la saison, mais il ne faut pas trop tarder.

Pierre-Marie Legrain, copropriétaire de Dumoulin Bicyclettes

Si vous avez déjà un vélo, prenez-en bien soin, conseille M. Legrain. « On va être en mesure de faire la plupart des réparations, précise-t-il, mais on manque aussi de pièces. Il faudra parfois trouver des solutions B ou des solutions C. »

Jamais trop tôt

Depuis un an, la pandémie semble avoir poussé les Québécois à se faire plus prévoyants. Les stations de ski, qui ont profité d’un très bel hiver côté enneigement, continuent de le constater. Déçus de n’avoir pu acheter un abonnement ou des billets quotidiens vendus en nombre limité, de nombreux skieurs se ruent sur les abonnements pour l’hiver prochain.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

« Face à l’inconnu, des skieurs préfèrent ne pas prendre de risques pour l’an prochain » et achètent déjà des abonnements de saison en bon nombre, constate Marc-André Meunier, de Bromont, montagne d’expériences.

« Nos ventes sont largement en avance, constate Marc-André Meunier, directeur marketing et communications à Bromont, montagne d’expériences. On observe un effet de l’accès limité à la montagne cet hiver. Face à l’inconnu, des skieurs préfèrent ne pas prendre de risques pour l’an prochain. »

À Mont Sutton et Sommet Saint-Sauveur, l’engouement est non moins manifeste pour les abonnements de 2021-2022.

À La Cordée, des clients se montrent aussi proactifs en vue de l’hiver prochain. « Pour ne pas être pris de court comme l’automne dernier, nous avons passé des commandes de ski de fond pour l’année prochaine, explique la PDG Emmanuelle Ouimet. Eh bien, on commence déjà à les vendre ! »