Devant la fréquentation élevée enregistrée aux parcs, patinoires et sentiers de la région, la ville de Sainte-Adèle a décidé de restreindre l’accès à certaines infrastructures durant les week-ends.

L’accès au Parc du Mont Loup-Garou sera limité aux résidents et aux détenteurs d’une passe annuelle durant la fin de semaine. Sonya Éthier, directrice générale de la Chambre de commerce et de tourisme de Sainte-Adèle, a confirmé que les mêmes mesures seront prises pour le parc de la rivière Doncaster. Pour les trois prochaines semaines, ce sont donc seulement les résidents de Sainte-Adèle et ceux qui possèdent une passe qui pourront profiter de ces sentiers durant le week-end. Du lundi au vendredi, le Parc du Mont Loup-Garou et le parc de la rivière Doncaster seront ouverts aux visiteurs de l’extérieur. Quant au lac Rond, il est fermé temporairement en raison du redoux.

La mairesse de Sainte-Adèle, Mme Nadine Brière, affirme avoir reçu beaucoup de plaintes de la part des citoyens. « Au Parc du Mont Loup-Garou, c’est surtout le refuge en haut qui pose problème. Il y a des rassemblements et dans les stationnements aussi. C’est toute la tranquillité des gens qui habitent alentour de ces parcs. La résilience que les citoyens avaient durant tout l’été, alors que beaucoup de personnes fréquentaient les lacs et les parcs de notre ville, n’est plus là. Les gens sont tannés. »

Le problème est également au niveau des stationnements, selon Mme Brière : « J’ai reçu plus d’une trentaine de courriels pour les débordements de stationnements, principalement au parc du Mont Loup-Garou, au Chanteclerc et au parc Doncaster. L’achalandage semble hors-norme. J’entends la grogne des citoyens. »

La ville de Saint-Sauveur avait par ailleurs annoncé la semaine dernière que les sentiers du parc John H. Molson seraient désormais restreints aux résidents de la ville en tout temps dès le 7 janvier. Des préposés sont en poste aux entrées du site afin d’effectuer la vérification des preuves de résidence.

À Sainte-Adèle, la mairesse soutient qu’il est difficile de contenir les rassemblements actuellement. « Gardons nos sentiers pour nous, pour les trois semaines de confinement. Après nous pourrons rouvrir aux gens de l’extérieur. Il reste que durant la semaine les gens peuvent encore venir », rappelle Mme Brière.

Nathalie Rochon, mairesse de Piedmont, est également alarmée par l’achalandage dans sa municipalité. « Il y a du monde partout, c’est inquiétant ! Ça dérange la qualité de vie de nos citoyens. » Elle est particulièrement préoccupée par la transmission du virus non seulement dans sa communauté, mais aussi au Québec, alors que les gens font des sacrifices pour casser la deuxième vague. « On a vu des rassemblements », s’inquiète-t-elle.

Mme Rochon est d’autant plus inquiète pour les sentiers privés et la réserve Alfred-Kelly, où il est plus difficile d’appliquer les mesures sanitaires. Aussi, les stationnements pleins rendent les sentiers moins accessibles aux résidents, et les randonneurs venus de l’extérieur se stationnent dans les rues avoisinantes, dérangeant les résidents et gênant les opérations de déneigement.

La mairesse de Piedmont est également inquiète de voir l’achalandage augmenter davantage, si des municipalités de la région restreignent l’accès à leurs sentiers.

Pour Jean-Sébastien Thibault, directeur général du Parc linéaire le P’tit Train du Nord, c’est plutôt une bonne nouvelle que les gens sortent dehors. Toutefois, il remarque un achalandage « jamais vu » sur le parc linéaire, surtout depuis le temps des Fêtes. « Bien sûr, ça demande plus de travail et plus de patrouilleurs, mais on essaye de voir le côté positif. Il serait difficile de fermer complètement la piste comme elle traverse plusieurs villes. » En effet, tant que le gouvernement n’interdit pas les déplacements entre les régions, il n’est pas possible de fermer cette piste de 234 km. Pour ceux qui préfèrent la tranquillité, le directeur général encourage d’y aller tôt le matin ou de s’éloigner des noyaux villageois.

Tim Watchorn, maire de Morin-Heights, a aussi constaté l’achalandage élevé durant la fin de semaine. « Effectivement, c’était plein partout. Je suis allé faire du ski alpin, et il y avait du monde ! » Il n’a toutefois pas constaté de débordements à Morin-Heights, et il n’est pas inquiet pour sa ville, tant que les gens respectent la distanciation, portent le masque et pratiquent leur sport de manière sécuritaire. « Nous n’avons pas l’enjeu des stationnements ici, car nous avons une entente avec ski Morin-Heights d’envoyer notre surplus à leur stationnement. Nos sentiers sont vastes et je crois que c’est primordial de permettre aux gens de profiter le plus possible du plein air. »

Pour sa part, le préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut, André Genest, a évalué la prise de position de Sainte-Adèle avec un grain de sel. « Ça représente bien les discussions que j’ai eues avec Mme Brière, bien que je trouve ces restrictions décevantes. »

« Mme Brière peut procéder ainsi, car il s’agit de lieux municipaux. Il n’y aura cependant pas de limites de visiteurs au parc linéaire. Ça va se compliquer pour les gardiens à embaucher aux différents stationnements locaux, les fins de semaine : qui, parmi les passagers d’une voiture donnée, est un résident ou non de la place ? Personnellement, j’ai demandé à la SQ si on peut avoir plus de présence policière aux stationnements des parcs. On verra. »

Questionné sur le sujet, M. Patrick Charbonneau, l’attaché politique de la ministre responsable de la région des Laurentides, Mme Nadine Girault, a réagi :

« Notre équipe est en communication avec les municipalités du territoire, dont Mme Brière. On ne peut créer une réalité pour seulement une MRC ou des villes en particulier. Pourvu que les gens respectent les règles de la Santé publique, c’est légal de fréquenter ces lieux et leur stationnement. Les déplacements interrégionaux sont permis, sans être recommandés. Le premier ministre Legault a lui-même encouragé les gens à aller bouger dehors, pour évacuer le stress. »

Nous avons recueilli quelques commentaires sur une publication de Nadine Brière, mairesse de la Ville de Sainte-Adèle sur Facebook : « Est-ce que vous croyez que la Ville devrait restreindre ses installations de plein air aux résidents, aux villégiateurs et aux détenteurs de passe annuelle les fins de semaine le temps du confinement ? »

Les réactions sont partagées.

Brygitte Foisy : Oui aux résidents et villégiateurs seulement. Les commerces sont presque tous fermés donc l’absence de touristes ne devrait pas avoir trop d’impact.

Richard Allard : Les efforts mis depuis des années pour faire reconnaitre notre ville méritent qu’on demeure une ville ouverte à ceux qui vivent le confinement dans des appartements minuscules. Certains enfants peuvent difficilement profiter d’espaces extérieurs pour dépenser leur trop-plein d’énergie. J’ai profité du lac rond dimanche dernier et je crois sincèrement que l’achalandage ne justifiait pas une restriction. Soyons accueillants, c’est ce qui nous définit.

Maude Amyot : Non, les gens de la ville ont besoin d’air et de grands espaces. Il faut tendre la main plutôt que de tout fermer. La nature appartient à tous, cette décision ne fera que diviser…

Chantal Cayer : Ça serait une très bonne idée en temps de confinement. On ne peut même pas profiter de nos installations tellement qu’il y a du monde.

Annie Vallée : Les gens ont besoin de sortir et de prendre l’air. Des restrictions il y en a suffisamment en ce moment. Pour ma part, j’étais très heureuse de voir tous ces visages souriants, non masqués et de pouvoir se saluer cordialement.