(Granby) Qui a eu l’idée de créer ce circuit vélotouristique émaillé de sculptures artistiques, sillonnant la Haute-Yamaska ? Qu’il se dénonce ! Nous avons deux mots à lui dire : bien vu. De fait, c’est un comité régional qui a pédalé plusieurs années pour concevoir ce musée cyclable à ciel ouvert. Accessible, facile, varié ; nous l’avons testé et avons été enchantés par ce tracé.

Le principe d’Artria est simple : une boucle d’une soixantaine de kilomètres passant par Granby, Waterloo et le parc national de la Yamaska, au gré de laquelle ont été disséminées une cinquantaine d’œuvres d’art sculptées. Oui, presque une œuvre par kilomètre en moyenne. Solitaires ou regroupées en « salles » aménagées dans des sites naturels sur le bord des pistes, les sculptures — issues de symposiums organisés à Granby et signées par des artistes du monde entier — se dévoilent et peuvent être admirées aussi bien depuis la selle que lors de brefs arrêts revigorants. Mais les créateurs du circuit n’avaient pas que des pièces d’art en main, ayant également su tirer profit des atouts naturels de la région. Sans plus attendre, sortons la bête à pédales du coffre de l’auto et entamons cette chevauchée au départ de Granby, où l’on embarque sur la piste de l’Estriade, une portion de la Route verte, qui célèbre cette année ses 25 ans avec le lancement de la 10édition du guide La Route verte du Québec.

  • Dès les premiers kilomètres, des sculptures se dressent sur le bord de la route. Ici, à Granby, on peut voir Le premier baiser, de l’artiste québécois Rino Côté.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Dès les premiers kilomètres, des sculptures se dressent sur le bord de la route. Ici, à Granby, on peut voir Le premier baiser, de l’artiste québécois Rino Côté.

  • Le parcours est accessible à tous et permet des balades familiales, surtout dans la première portion.

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    Le parcours est accessible à tous et permet des balades familiales, surtout dans la première portion.

  • Le circuit suit plusieurs portions de la Route verte, qui fête cette année ses 25 ans d’existence. Ici, on voit l’Estriade, bordée par de grands arbres, mais qui permet tout de même d’apprécier les rayons du soleil.

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    Le circuit suit plusieurs portions de la Route verte, qui fête cette année ses 25 ans d’existence. Ici, on voit l’Estriade, bordée par de grands arbres, mais qui permet tout de même d’apprécier les rayons du soleil.

  • On croisera aussi quelques statues d’animaux colorées. Elles ne font pas partie du contingent officiel des œuvres du circuit, mais leur présence est tout de même vivifiante.

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    On croisera aussi quelques statues d’animaux colorées. Elles ne font pas partie du contingent officiel des œuvres du circuit, mais leur présence est tout de même vivifiante.

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Cela dit, on pourrait démarrer de n’importe où, en prenant la boucle dans un sens comme dans l’autre, mais pour une raison révélée en fin de texte, nous choisissons le sens inverse des aiguilles d’une montre. Une armada de sculptures se concentre dans le centre-ville de Granby ; les férus d’arts visuels pourront bourdonner de l’une à l’autre avant de filer vers l’est, direction Bromont. La piste, totalement indépendante de la chaussée pour automobiles, est en parfait état, bordée de rangées d’arbres et bercée par le lac Boivin. Le soleil reluit, et les visages des nombreux cyclistes présents, d’âge juvénile à honorable, en solo ou en famille, est éclairé par la bonne humeur. Le terrain est plat, parfois même en pente douce ; c’est un cas de grand plateau/petit pignon.

Naturellement artistique

  • Les œuvres sont parfois regroupées dans des « salles » aménagées dans des espaces naturels. On peut y prendre une pause pour s’abreuver, manger un morceau et bien sûr admirer les sculptures.

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    Les œuvres sont parfois regroupées dans des « salles » aménagées dans des espaces naturels. On peut y prendre une pause pour s’abreuver, manger un morceau et bien sûr admirer les sculptures.

  • La petite place près du parc Denise-Lauzière à Waterloo est remarquable. Proche du lac et émaillée de nos sculptures préférées du parcours, elle est une zone d’arrêt à privilégier. On voit ici Jonc, du sculpteur Jean Côté.

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    La petite place près du parc Denise-Lauzière à Waterloo est remarquable. Proche du lac et émaillée de nos sculptures préférées du parcours, elle est une zone d’arrêt à privilégier. On voit ici Jonc, du sculpteur Jean Côté.

  • Le pont qui enjambe le lac Waterloo mérite que l’on s’y attarde pour un beau coup d’œil sur l’étendue d’eau.

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    Le pont qui enjambe le lac Waterloo mérite que l’on s’y attarde pour un beau coup d’œil sur l’étendue d’eau.

  • Les virages réservent parfois de petites surprises.

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    Les virages réservent parfois de petites surprises.

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Au détour d’un virage, des malabars de pierre, d’acier ou de béton font leur apparition. Artistes du Mexique, d’Italie, du Canada et des quatre coins du monde les ont légués au public pour guetter les cyclistes. Thèmes, formes et matières varient d’une « salle » à l’autre, dans une charmante mixité. De peur d’en rater, nous roulons avec un plan à la main, mais passé les premiers kilomètres, nos craintes se dissipent : les œuvres sont clairement mises en évidence. On avance. La nature, mise au défi, montre qu’elle sait aussi sculpter ; et voilà le mont Shefford, sur la gauche, se dresser tel un brocoli titanesque.

On pédale d’un pied léger et voici Waterloo se profiler. N’oubliez pas de tourner à gauche, sinon la piste se jette directement dans le lac ! Pour qui n’a pas prévu de dîner, c’est le moment de s’attabler, les autres n’auront que l’embarras du choix le long du circuit (tables et recoins fourmillent). Que l’on y casse la croûte ou pas, un arrêt au parc Denise-Lauzière s’impose : le cadre bucolique combiné à un regroupement de sculptures remarquables (Vol de nuit, Figure assise, etc.) a de quoi enchanter.

Si l’on quitte Waterloo, en partageant très brièvement la route avec les automobiles, ce n’est que pour mieux se replonger dans la nature. On délaisse l’Estriade pour embrayer sur une autre section de la Route verte, « La campagnarde ». L’asphalte s’évanouit et la piste, beaucoup moins fréquentée, sera désormais en gravillons. Avec un nom pareil, on ne vous fait pas un dessin : prés et pâturages à pleins poumons — qu’il est bon de remplacer l’odeur du Purell par celle du purin ! Plus que jamais, ça file à travers champs, on dirait que notre vélo, qui est pourtant un gros bovin poussif, pédale de lui-même. Passé Warden (où se dresse Différence & répétition #1, d’un sculpteur sud-coréen), les œuvres d’art se raréfient.

La Yamaska démasquée

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Le circuit est d’abord asphalté dans sa première moitié. Par la suite, dès que l’on bifurque sur la portion de La campagnarde, la surface devient alors de la poussière de pierres.

Prochaine étape : le parc national de la Yamaska, où l’on peut contourner le réservoir Choinière par le nord ou le sud. Nous avons opté pour le deuxième choix (ce qui ne change pas grand-chose, au dire des cyclistes interrogés sur la route), et voici le circuit serpenter dans des boisés touffus d’où on devine, à travers branches, de petites touches d’étendues d’eau. On nous avait avertis de la présence de « montées », mais ce sont plutôt de petites bosses ne posant aucune difficulté.

  • On s’enfonce dans les boisés du parc de la Yamaska puis, le temps d’une éclaircie, on longe le barrage Choinière.

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    On s’enfonce dans les boisés du parc de la Yamaska puis, le temps d’une éclaircie, on longe le barrage Choinière.

  • Si l’on ne quitte pas le tracé du circuit, il n’est pas nécessaire de payer les droits d’accès au parc.

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    Si l’on ne quitte pas le tracé du circuit, il n’est pas nécessaire de payer les droits d’accès au parc.

  • Vers la fin du parcours, on croise le centre d’interprétation de la nature du lac Boivin.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Vers la fin du parcours, on croise le centre d’interprétation de la nature du lac Boivin.

  • Les premiers kilomètres longent le lac Boivin, avec vue sur la très belle fontaine. De nombreuses variantes du parcours sont possibles, notamment en empruntant le réseau cyclable de Granby.

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    Les premiers kilomètres longent le lac Boivin, avec vue sur la très belle fontaine. De nombreuses variantes du parcours sont possibles, notamment en empruntant le réseau cyclable de Granby.

  • L’une des récompenses possibles en fin de parcours : une petite bronzette sur la plage. Selon les journées, elle peut être bondée… ou déserte. Notez que si l’on veut s’y rendre, il faut alors s’acquitter des droits d’entrée au parc (8,90 $). Sachez aussi qu’en raison de la pandémie, l’accès est contingenté.

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    L’une des récompenses possibles en fin de parcours : une petite bronzette sur la plage. Selon les journées, elle peut être bondée… ou déserte. Notez que si l’on veut s’y rendre, il faut alors s’acquitter des droits d’entrée au parc (8,90 $). Sachez aussi qu’en raison de la pandémie, l’accès est contingenté.

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En se régalant du point de vue dégagé depuis le barrage, on distingue un petit carré sablonneux où poussent les parasols, au nord. Non, ce n’est pas un mirage : c’est une plage. Et la raison pour laquelle le circuit a été suivi dans ce sens (notez toutefois que Waterloo dispose aussi d’une plage). On s’y prélasse et s’y offre une glace bien méritée (encore que…). En revanche, y accéder force à quitter la piste et les droits d’entrée du parc national sont dès lors exigibles. Une fois les fesses ensablées, on renoue avec la piste asphaltée pour une dernière ligne droite vers Granby, quelques dernières sculptures esseulées nous saluant en chemin.

Bilan de la balade : de l’art et de l’air, du plat et des plages. Concepteurs de l’Artria, encore deux mots : merci et chapeau.

À ne pas manquer

– Les œuvres d’art, bien sûr, concentrées à Granby, puis groupées en « salles » ou réparties le long du circuit.

– Les aires d’arrêt, souvent aménagées à côté des sculptures, sont nombreuses entre Granby et Waterloo. Il faut en profiter !

– Une pause à Waterloo s’impose, et quelques tours de pédales supplémentaires en ville seront récompensés.

– La plage du parc national de la Yamaska, c’est un peu la cerise sur le gâteau, sauf si vous êtes plutôt du genre solitaire : beaucoup d’autres visiteurs ont eu la même idée.

Carte d’identité

• Distance : de 54 km à 60 km

• Durée : trois heures à vitesse modérée, avec des arrêts sporadiques

• Dénivelé : intégralement plat, avec des mini-bosses dans le parc de la Yamaska

• Info : un beau site web existe avec cartes et détails

• Droits d’accès : gratuit, y compris la traversée du parc de la Yamaska à vélo, sauf si l’on accède à la plage (8,90 $)

• Stationnement : à Granby, nombreuses possibilités le long de l’Estriade, notamment dans la zone commerciale aux alentours du bureau d’accueil touristique local, rue Denison Est

• S’y rendre en transport collectif : un circuit d’autocars Limocar effectue le trajet Montréal-Granby-Sherbrooke et peut transporter les vélos (5 $ de supplément). Attention, horaires réduits.

> Consultez le site web d’Artria