S’il y a un endroit où la COVID-19 n’est pas d’actualité, c’est bien la Voie lactée. Marc Jobin, astronome au Planétarium de Montréal, nous propose cinq observations à faire dans la voûte étoilée cet été.

Les Perséides

À tout seigneur, tout honneur. LE phénomène astronomique visible à l’œil nu que plusieurs attendent toute l’année durant est la pluie d’étoiles filantes du mois d’août. Certains planifient même leurs vacances ou un séjour de camping pour être sous les étoiles lorsque le phénomène atteint son apogée. Et cette année, c’est dans la nuit du 11 au 12 août que le ciel pourrait se strier du plus grand nombre de traînées lumineuses laissées par les météores entrant dans l’atmosphère terrestre.

« Sans être catastrophiques, les conditions d’observation ne seront pas extraordinaires cette année, prévient toutefois Marc Jobin. La Lune sera dans son dernier quartier dans la nuit du 11 au 12, et sa présence équivaut à de la pollution lumineuse… »

« Comme la Lune se lèvera à 1 h du matin, la meilleure fenêtre d’observation sera entre la fin du crépuscule, soit 22 h, et 1 h. C’est à ce moment que le ciel sera à son plus noir. Il sera alors possible de voir 30 météores à l’heure, environ. C’est une approximation, mais dans les bonnes années, ce chiffre peut grimper à 60 à l’heure. »

Si le temps s’annonce couvert dans la nuit du 11 au 12, on peut toujours planifier une observation dans les nuits qui précèdent ou dans celles qui suivent. « Mais plus on s’éloigne du pic, moins les météores sont nombreux. »

Les constellations estivales

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« Les trois étoiles qui composent le Triangle proviennent de trois constellations différentes, soit soit Véga dans la Lyre, Altaïr dans l’Aigle et Deneb dans le Cygne, qui sont toutes emblématiques de l’été sous nos latitudes. Ces étoiles brillantes passent haut dans le ciel pendant la période estivale. »

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L’été est une bonne période pour se familiariser avec les constellations ou encore les dessins que forment les étoiles dans la voûte céleste pendant la période la plus chaude de l’année. « Le Triangle d’été est sans doute le dessin d’étoiles le plus visible. Dès qu’il y a un semblant de ciel noir autour de soi, on peut l’observer, même en ville. Pas pour rien que le Triangle d’été est aussi appelé le V des vacances ! », ajoute M. Jobin.

« Les trois étoiles qui composent le Triangle proviennent de trois constellations différentes, soit soit Véga dans la Lyre, Altaïr dans l’Aigle et Deneb dans le Cygne, qui sont toutes emblématiques de l’été sous nos latitudes. Ces étoiles brillantes passent haut dans le ciel pendant la période estivale. »

« La Couronne boréale peut aussi être vue relativement bien, car elle est très haute dans le ciel en été. C’est une assez petite constellation qui a une forme de demi-cercle aplati, ce qui lui donne des allures de diadème. Lorsqu’on a un horizon dégagé en direction sud, on peut aussi observer les constellations du Sagittaire et du Scorpion. »

« Autour du 21 juin, l’heure idéale pour voir ces constellations est vers 1 h. Le 21 juillet, le cœur du ciel d’été est à son mieux à 23 h, puis le 21 août, à 21 h. Avec un cherche-étoiles, il est aussi possible de décoder d’autres ensembles d’étoiles. Plusieurs applications pour téléphones intelligents peuvent faire l’affaire, même dans leur version gratuite. »

Jupiter et Saturne

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Jupiter

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Saturne

« Ce sont les planètes vedettes de notre ciel d’été, lance Marc Jobin. On peut les voir, pas très loin l’une de l’autre, dans la partie est de la constellation du Sagittaire. Jupiter est une planète très brillante, la deuxième après Vénus. Saturne est située à sa gauche. Elles sont assez basses dans le ciel, alors il faut un horizon bien dégagé pour les voir. »

« À l’œil nu, ce sont deux planètes qui peuvent attirer notre attention, mais pour en voir les détails, il faut un télescope. Les anneaux de Saturne, les bandes nuageuses qui zèbrent la surface de Jupiter comme du glaçage à gâteau… Si les conditions de visibilité sont excellentes, de simples jumelles munies d’un stabilisateur optique ou bien installées sur un trépied peuvent tout de même permettre de voir les quatre lunes les plus brillantes de Jupiter, celles que Galilée a vues avec sa petite lunette, en 1609. En quelques heures à peine ou de soir en soir, on les voit changer de configuration. Et si on sait à quel moment le phénomène va se produire, on peut aussi voir une lune s’extirper de l’ombre de Jupiter en deux ou trois minutes. C’est fascinant. »

La planète Mars

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La planète Mars

« Celle-là sera la vedette incontestée de notre automne. À notre latitude, on va avoir droit à des conditions d’observation comme on n’en a pas vu depuis une quinzaine d’années. Mars est une planète qui se laisse beaucoup désirer ! On ne peut la voir convenablement que pendant une période de 10 ou 12 semaines tous les 26 mois. C’est ce qu’on appelle l’opposition de Mars, lorsque la planète rouge est à l’opposé du Soleil; c’est le moment où la Terre et Mars sont à leur plus près. Autrement, elle est trop petite. Et encore, il faut des conditions d’observation assez pointues. »

« Or, cette année, les conditions seront optimales, car Mars sera plus près de la Terre que la moyenne des oppositions, et en plus elle passera très haut dans le ciel québécois. Le phénomène sera à son apogée lors de la première quinzaine d’octobre, mais la fenêtre d’observation intéressante commence cinq ou six semaines plus tôt, soit à la fin d’août. »

Pour profiter du spectacle à son plein, il faut un télescope, dit Marc Jobin. « Il est toutefois possible de suivre le mouvement de Mars dans le ciel à l’œil nu. C’est une planète qui se déplace assez vite, et si on observe le ciel de soir en soir, ou de semaine en semaine, on va la voir se déplacer d’une constellation à l’autre. Elle sera de plus en plus brillante, comme un point orangé assez distinctif. En plus, il n’y a pas vraiment d’étoiles brillantes dans le secteur où elle va se trouver, dans la constellation des Poissons. C’est une planète intéressante à reconnaître; elle fascine l’homme depuis très longtemps… »

Les satellites artificiels

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La Station spatiale internationale

Même si le Québécois David Saint-Jacques n’est plus à son bord, voir passer la Station spatiale internationale au-dessus de sa tête reste une expérience captivante, estime Marc Jobin. « En plus, c’est une observation qui est accessible à tout le monde, tant à la ville qu’à la campagne. »

Seul hic : le moment du passage de la Station n’est pas prévisible longtemps à l’avance, car son orbite change au fil des semaines, au gré des manœuvres orbitales. « Il faut se fier à des sites spécialisés, comme Heavens-Above, qui recensent tous les satellites visibles en une soirée. Et encore, il est préférable de vérifier de nouveau le jour même. Il est aussi important de bien donner sa position géographique pour connaître tous les paramètres d’un passage, qui changent d’un lieu à l’autre. »

« La Station est extrêmement brillante, presque autant que Vénus dans certaines conditions, mais on ne la voit pas toujours, car elle peut passer au-dessus de nous en plein jour. Par contre, autour du solstice d’été, il est possible qu’on puisse la voir passer trois, quatre ou même cinq fois pendant une même nuit. La Station tourne à 400 km environ au-dessus du sol et elle sera éclairée par le Soleil tout au long de son orbite, dont la durée est de 96 minutes. D’habitude, on voit surtout les satellites artificiels dans l’heure ou deux qui suivent le coucher du Soleil ou qui précèdent le lever du Soleil. Mais au solstice, elle pourra être visible même au milieu de la nuit. »

« Le site dira exactement où regarder pour la voir passer. Souvent, elle est à son plus brillant pour 5 ou 6 minutes, puis elle peut s’éteindre en rentrant dans l’ombre de la Terre… »

Aussi à observer : les constellations de satellites Starlink lancés périodiquement par SpaceX, une entreprise fondée par l’ingénieur et milliardaire Elon Musk. « À chaque lancement, la fusée largue 60 satellites dans le ciel. Dans les premiers jours qui suivent le lancement, on peut observer un chapelet de petits points très brillants, qui se suivent à la queue leu leu. » Pas moins de 542 satellites ont été lancés jusqu’ici. « Et SpaceX prévoit en lancer 12 000 d’ici à la fin du projet », explique Marc Jobin. Il ajoute toutefois que « pour les astronomes, ces milliers de satellites sont considérés comme de la pollution lumineuse... C’est un peu affolant ».

> Consultez le site Heavens-Above (en anglais)

Pour plus d’informations, il est possible de consulter les cartes des constellations visibles et des textes sur les phénomènes célestes à observer chaque mois sur le site d’Espace pour la vie.

> Consultez le site d’Espace pour la vie