La Terre est à l’honneur au Planétarium Rio Tinto Alcan en 2020 grâce à une grande exposition des œuvres du photographe français Olivier Grunewald.

Intitulée Origines, l’exposition compte une soixantaine de photos qui illustrent la puissance et la beauté de la nature. Le photographe et sa conjointe et collaboratrice, Bernadette Gilbertas, ont profité d’une visite à Montréal pour discuter de l’événement avec La Presse.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Quelle est l’origine de cette exposition ?

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Olivier Grunewald : J’ai toujours été un fan du travail du photographe Ernst Haas, qui avait fait un livre dans les années 70 qui s’appelait La Création. Ce livre m’avait fasciné et j’ai eu envie de revisiter cette histoire, l’histoire de la planète. J’ai commencé comme photographe en 1985 et c’est en 1995 que nous nous sommes lancés dans ce grand projet. Nous avons fait un livre qui a paru à la fin de l’année 1999 qui s’appelait Images de la création et nous avons eu envie de continuer.

Vous avez travaillé sur ce projet pendant toutes ces années depuis ?

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Olivier Grunewald : En tant que photographe, et Bernadette en tant que journaliste, on ne travaillait pas que sur ce projet. On travaillait sur divers reportages autour de la nature la plus sauvage possible, mais à chaque reportage, il y avait toujours une période consacrée à la quête de lumière sur des paysages particuliers. La photographie était autant un but qu’un prétexte parce que cette immersion dans la nature, on en a besoin, on se nourrit de ce contact.

Comment se présente votre exposition ?

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Bernadette Gilbertas : Avec cette thématique, Origines, l’exposition se découpe en quatre chapitres. Le premier est le chaos originel, la période où la terre va se former grâce à l’énergie phénoménale que vont dégager les volcans. Le deuxième chapitre s’intitule « Terre ». C’est la période où la température de la planète, en diminuant, permet à l’écorce terrestre de se figer. Les agents d’érosion que sont l’eau, la glace et le vent vont commencer à raboter le paysage. Au troisième chapitre, « Oasis », on voit l’apparition des formes végétales : les premières algues en milieu aquatique, ensuite devenues plantes en milieu terrestre, qui envahissent la terre entière. Le dernier chapitre s’appelle « Bestiaire ». C’est l’apparition progressive et l’évolution du monde animal jusqu’à cette dernière espèce que nous sommes, nous, les humains. Ces quatre grandes périodes nous permettent de montrer le temps infini qu’il a fallu pour que notre planète devienne une planète accueillante, prodigue, généreuse. Parallèlement à ça, il a fallu tellement peu de temps à l’Homme pour créer les déséquilibres écologiques que nous connaissons maintenant.

Est-ce que la photographie peut jouer un rôle dans la protection de l’environnement ?

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Olivier Grunewald : Historiquement, l’image, que ce soit la photographie ou la peinture, a eu un impact sur la protection de la nature. Il y a eu la protection de la forêt de Fontainebleau grâce aux peintres de Barbizon, en Europe. Il y a surtout la création du premier parc national de l’histoire, grâce aux photographies et aux peintures qui ont été faites pendant la mission géologique dans le pays du Yellowstone dans les années 1870 et qui ont été montrées au Congrès américain. Nous sommes persuadés que nous ne pouvons pas protéger quelque chose que nous n’aimons pas, qui ne nous donne pas d’émotions. Or, nous sommes persuadés que l’image peut susciter une émotion.

Beaucoup de gens partent en voyage et prennent des photos. Prendre de très belles photos, c’est beaucoup de travail ?

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Olivier Grunewald : Dans un festival, une personne m’avait dit : « Prendre des photos comme tu fais, ce n’est pas difficile. Il suffit d’être au bon endroit au bon moment. » J’aurais pu mal le prendre, mais je lui ai dit que la quête du bon endroit et du bon moment va nécessiter beaucoup d’investissement en temps, en passion, en patience. Pour moi, la photographie, c’est une quête de lumière. Il y a des types de lumière que j’affectionne particulièrement et qui vont nous amener à attendre une semaine au même endroit, à revenir tous les matins, pour essayer de capter une lumière, capter une atmosphère.

L’exposition Origines a été présentée au Jardin du Luxembourg pendant quelques mois en 2018. Qu’est-ce que cela vous fait de la présenter à Montréal ?

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Bernadette Gilbertas : Nous étions très fiers que cette exposition ait lieu sur les grilles du Jardin du Luxembourg. Ça a été un long processus, il a peut-être fallu attendre cinq ou six ans avant que notre dossier soit accepté. Il a fallu qu’on se décarcasse pour trouver le budget, faire la communication de presse. Nous avons tout fait par nous-mêmes. Le lieu était agréable, mais c’était une exposition assez classique, linéaire, des tirages qui étaient tous de la même taille. Le directeur du Planétarium, Olivier Hernandez, s’est déplacé à Paris pour voir l’exposition et il a eu un coup de foudre. Ce qui nous a plu, c’est qu’il l’a transformée pour en faire une exposition un peu inhabituelle.

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Olivier Grunewald : Ce qui est bien, c’est le côté immersif : il y a des photos en plus petit, des photos en plus grand, certaines images sont gigantesques. Ça donne un résultat que nous apprécions énormément : on rentre dans la nature.

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Au Planétarium Rio Tinto Alcan, jusqu’au 24 janvier 2021.

> Consultez le site du Planétarium Rio Tinto Alcan : http://calendrier.espacepourlavie.ca/origines