Oui, c’est possible de visiter le Québec en faisant de l’exercice sans être de grands sportifs. Un couple de cyclistes de Laval a trouvé la solution. Depuis 12 ans, ils voyagent en tandem. Et ils arrivent justement du Bas-Saint-Laurent.

Partir du bon pied

Bernard Guillemette et Francine Nadeau sont amateurs de tandems. Cet été, ils ont roulé de Laval jusqu’à Matane. Puis ils sont revenus en camionnette. Comment se préparer à une telle randonnée ? D’abord, il faut préciser l’itinéraire et vérifier les dénivelés. Puis on dresse la liste des auberges qu’on pourra réserver une journée à l’avance, dit Bernard. Ensuite, on s’assure que le vélo est en bon état, avec des pneus résistants. Enfin, ajoute Francine, on prépare quatre sacoches : vêtements de vélo et de soirée, produits d’hygiène et trousse de réparations. À cela s’ajoutent des bouteilles d’eau, mais pas de nourriture. Il y a amplement à boire et à manger en cours de route…

PHOTO FOURNIE PAR BERNARD GUILLEMETTE

Coucher de soleil à Rivière-du-Loup

Pédaler à deux

Voyager en tandem offre des avantages. Mais il faut suivre des règles. Surtout quand le trajet de 700 km s’étire sur 13 jours. « Il n’y a qu’un seul conducteur, tranche Francine. C’est lui qui pilote et qui change les vitesses. » Le rôle du passager en est un de soutien. En anglais, on l’appelle stoker, à l’image de celui qui mettait du charbon dans la locomotive. « On travaille en équipe, dit-elle. Il faut savoir se coordonner. » C’est aussi plus facile physiquement. « Pédaler ensemble, c’est moins forçant, dit Bernard. C’est plus efficace que la somme de nos deux efforts. »

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Vue panoramique de Métis-sur-Mer

Du pur bonheur

Circuler dans le Bas-Saint-Laurent, c’est longer le fleuve. Et c’est encore plus vrai sur une distance de 35 km, à la sortie de Rimouski jusqu’au village de Sainte-Flavie. « C’est mon coup de cœur », avoue Francine. Cette piste cyclable passe tout au bord de l’eau. Elle traverse, notamment, le Site historique maritime de la Pointe-au-Père. Les paysages de la région sont grandioses. « C’est un tronçon très paisible, car même en retrouvant la 132 pour les derniers kilomètres, le fleuve est toujours en vue, dit Bernard. Avec un petit vent dans le dos, c’est du pur bonheur. »

Le plaisir de goûter

Un des plaisirs de la randonnée, c’est aussi de faire des pauses-dégustation. Heureusement, il y a des boulangeries et des fromageries tout au long de la route. « Quand on n’y avait pas accès directement, ce qui était rare, on achetait les fromages locaux dans les épiceries », dit Bernard. Au début de l’itinéraire, le couple a croisé les fromageries Riviera (Sorel), L’Ancêtre (Saint-Grégoire/Bécancour), Bergeron (Saint-Antoine-de-Tilly) et L’Île-aux-Grues (Montmagny). Et, pour les dernières étapes, celles de Port-Joli (Saint-Jean-Port-Joli), des Basques (Trois-Pistoles) et La Tête sur le Bio (Sainte-Luce). 

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La terrasse du Ras L’Bock, à Saint-Jean-Port-Joli

La route des microbrasseries

« Je pense qu’il y a une microbrasserie tous les deux villages, dit Bernard, à la blague. Et c’est tant mieux, car les jeunes sont innovateurs et ils font de bonnes bières. » Kellerbier allemande, stout au seigle, bière forte aux épices, etc., il y en a pour tous les goûts. Et les noms des établissements sont évocateurs : Ras L’Bock à Saint-Jean-Port-Joli, La Tête d’allumette à Saint-André-de-Kamouraska, Aux Fous Brassant à Rivière-du-Loup, Le Caveau à Trois-Pistoles, Le Bien, le Malt à Rimouski et La Fabrique à Matane. Tous des lieux où le couple de cyclistes a levé ses verres.

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L’auberge Rêves et veillées, à Saint-Fabien

Un temps d’arrêt

Après une journée sur la route, s’installer dans une auberge offre un temps d’arrêt bien mérité. « Nous avons eu droit à un accueil chaleureux, dit Bernard. Les hôtes nous ont donné accès à leur intimité tout en respectant la nôtre. » Il salue notamment les deux propriétaires de l’Auberge au Toit Rouge, de Notre-Dame-des-Neiges, pour leur service personnalisé. En prime : un balcon offre une vue sur la rivière Trois-Pistoles et sur le fleuve. Le couple a aussi apprécié l’auberge Rêves et veillées, à Saint-Fabien. « Pour son cachet des années 50, souligne Francine. Et pour les conversations avec son propriétaire. » 

Les beaux villages 

Le Bas-Saint-Laurent est renommé pour ses beaux villages en bordure du fleuve. Les paysages panoramiques de Kamouraska sont bien connus. Et ceux de Métis-sur-Mer aussi. Mais le couple recommande d’entrer dans les terres de ce village bicentenaire, lieu de villégiature de l’aristocratie d’affaires de la fin du XIXsiècle ; on peut encore y voir de somptueuses résidences. Mais il faut ensuite retourner vers le fleuve pour profiter des couchers de soleil. Un des plus beaux s’admire, paraît-il, de la terrasse du Ketch, une microbrasserie de Sainte-Flavie. « Même les employés ont pris un moment pour venir le photographier », se rappelle Bernard. 

Un bilan positif

Le couple a déjà roulé en tandem dans la vallée de la Loire et dans la région de Bordeaux, en France. Il a aussi fait des trajets de Paris à Amsterdam, aux Pays-Bas, et à Honfleur, en Normandie. « Je me demandais si une longue randonnée au Québec serait aussi plaisante, dit Francine. J’ai eu ma réponse : j’ai adoré ! » Bernard est du même avis. Son bilan routier est aussi positif : des paysages époustouflants, des côtes moins abruptes que prévu et des camionneurs respectueux. Bref, à l’exception d’une vingtaine de kilomètres sans accotement, « c’est une très belle route pour le vélo ».