(Yukon) Entre 1896 et 1899, entre 30 000 et 40 000 personnes ont tout quitté pour venir faire fortune à Dawson. Seule une poignée est devenue millionnaire, mais la ruée vers l’or aura fait naître une ville étonnante qui attire aujourd’hui une autre sorte d’aventuriers : des hommes et des femmes venus trouver une façon de vivre différente, hors de la norme. D’où le côté rebelle qui plane encore sur les rues de Dawson…

Fondé en 1896, Dawson est désormais un lieu historique national et plus de 30 bâtiments datant de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe sont désormais sous la responsabilité de Parcs Canada.

SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

L'Alchemy Café

Pour y pénétrer, il faut participer à l’une des nombreuses visites guidées de Parcs Canada, dont celle offerte quotidiennement en français. C’est l’occasion d’en découvrir davantage sur la ville et ceux qui l’ont habitée. Faye, la guide en costume d’époque, n’est pas avare d’anecdotes lorsqu’elle nous ouvre les portes de l’ancien bureau de poste, de la banque, du saloon ou du théâtre Palace Grand, encore splendide malgré le passage des années.

Alchemy Café

Notre repaire préféré pour lire sur un fond de musique folk, pour boire du très bon café (sucré au sirop d’érable !) et pour manger des salades remplies de vitamines. Le granola maison est aussi à se damner. L’endroit est tenu par Florian, un Franco-Allemand qui habite Dawson depuis 18 ans et qui a construit de ses mains le bâtiment de bois où se trouve, en plus du café, un studio à louer.

The Pit

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Le Snake Pit

Pour frayer avec la faune locale de Dawson, direction The Pit, avec ses deux locaux adjacents situés au rez-de-chaussée du Westminster Hotel. D’un côté, le Snake Pit, une taverne avec un plancher en pente et une décoration baroque où, certains soirs, Harmonica George vient mettre le feu à la baraque.

De l’autre, l’Arm Pit : un lounge (le mot est fort, mais bon) avec lumière tamisée, table de billard mise de niveau avec des bardeaux de cèdre (pour que les boules ne finissent pas toutes dans le même coin en raison du plancher affaissé) et aux murs, d’improbables portraits des piliers de bar, peints par un ancien propriétaire. Étonnant!

Boulangerie Cheechakos

SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Le Cheechakos

Cheechakos, ce n’est pas une marque de céréales yukonnaises, mais plutôt le nom qu’on donnait jadis aux nouveaux arrivants. Aujourd’hui, le mot orne la façade d’une très chouette boulangerie où l’on peut se procurer des brioches «sticky buns» cochonnes à souhait.

Diamond Tooth Gerties

Le premier casino légal du Canada (ouvert en 1971) est toujours en activité et l’endroit ne dérougit pas. On y vient pour miser son or à la roulette ou au poker, mais aussi pour voir un spectacle de french cancan dans la plus pure tradition de l’Ouest. 

Centre culturel Dänojà Zho

SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Le centre culturel Dänojà Zho.

Bien avant l’arrivée des mineurs, le territoire était occupé par le peuple Trondëk Hwëch’in. Le mot Klondike est d’ailleurs dérivé de Tr’ondëk, que les nouveaux arrivants peinaient à prononcer. Le centre culturel est l’endroit idéal pour découvrir le riche héritage autochtone de la région.

Le fameux cocktail à l’orteil

Dawson a une tradition datant de 1973: celle d’offrir aux courageux la possibilité de se joindre à la confrérie du SourToe Cocktail. Pour ce faire, il faut se présenter au Downtown Hotel, passer les portes battantes et boire un cocktail dans lequel flotte... un orteil humain momifié. Un vrai de vrai orteil, oui.

C’est Sue Taylor, alias Suitcase Sue (une sorte de célébrité locale offrant aussi une tournée des bars de Dawson), qui se charge de veiller au bon fonctionnement de ce rituel inusité. Un petit baiser à l’orteil conservé dans le sel et hop! Il faut boire jusqu’à la dernière goutte un verre d’alcool de notre choix (plus il sera fort, le mieux ce sera, si vous voulez notre avis!).

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C’est Sue Taylor, alias Suitcase Sue, qui se charge de veiller au bon fonctionnement de ce rituel inusité.

Par le passé, l’orteil a été volé et parfois retourné, avalé tout rond au moins deux fois, si bien qu’une amende de 2500 $ est aujourd’hui instaurée pour quiconque aurait envie de croquer le doigt de pied. Le fautif pourrait aussi devoir payer d’un de ses propres orteils, prévient Suitcase Sue.

De nouveaux arrivages se produisent de temps à autre. Récemment, le Dowtown Hotel a reçu un gros orteil, gracieuseté d’un Britannique qui a souffert de graves engelures lors d’une course d’endurance hivernale tenue au Yukon.

Cet orteil neuf (quoique…) n’était pas prêt lors de notre passage à Dawson. C’est un deuxième orteil, plutôt long, que l’auteure de ces lignes a dû embrasser (on jurerait du bois!), puis toucher de nouveau des lèvres dans son verre de Yukon Jack, un whiskey local, pour obtenir un certificat attestant de son inscription au club pas si sélect puisque des dizaines de touristes font la file chaque soir pour en faire partie!