L’un des grands bonheurs du printemps est le retour des oiseaux. Que ce soit en pleine forêt ou dans les grands parcs urbains, on prend plaisir à entendre à nouveau trilles et grandes envolées mélodiques, à entrevoir le brusque éclat d’une aile colorée.

Le contact avec un oiseau rendrait-il heureux ? À en croire une étude britannique parue dans la revue scientifique Nature, oui. Le titre même de l’article est catégorique : Smartphone-based ecological momentary assessment reveals mental health benefits of birdlife (« Des évaluations ponctuelles sur téléphone intelligent montrent les bénéfices de la faune ailée pour la santé mentale »).

Les auteurs, qui proviennent principalement du King’s College de Londres, notent qu’il y a de plus en plus d’études qui rapportent les bénéfices d’un contact avec la nature pour la santé mentale. Certaines portent sur le contact régulier avec les espaces verts, comme les forêts et les grands parcs, d’autres études se concentrent sur les « espaces bleus », comme la mer, les lacs ou les rivières.

Il y a eu des travaux sur l’impact de la faune ailée sur la santé mentale, mais selon les auteurs de l’étude britannique, ils ne seraient pas pleinement satisfaisants. La plupart utilisent des questionnaires que les participants remplissent après le fait, ce qui peut entraîner des erreurs. D’autres travaux se font dans un contexte artificiel : les participants sont assis devant un ordinateur et on leur montre des images d’oiseaux ou on leur fait entendre leurs chants.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Entendre ou voir un oiseau, comme ce jaseur d’Amérique, est bon pour le moral.

L’équipe britannique a plutôt concocté une application qui communique trois fois par jour avec les participants pour leur demander comment ils se sentent à ce moment particulier, avec une dizaine de questions ciblées. Puis, l’application leur demande s’ils voient ou entendent des oiseaux.

L’analyse statistique de l’ensemble des réponses a montré que le niveau de bien-être était plus élevé lorsque les participants étaient en présence d’oiseaux. Cet effet perdurait quelque peu et il jouait tant pour les participants en bonne santé que pour ceux qui avaient reçu un diagnostic de dépression.

Les auteurs reconnaissent que leur étude a des limites (les participants ont été recrutés sur quelques réseaux sociaux, il s’agit essentiellement de personnes blanches de niveau universitaire, etc.), mais ils estiment que ces résultats militent quand même pour une plus grande exposition à la faune ailée. Certains médecins prescrivent déjà une exposition à la nature. Ils pourraient ajouter spécifiquement les habitats riches en avifaune.

« Ce qui est primordial, c’est l’adoption de politiques environnementales pour préserver et bonifier une mosaïque d’habitats en milieu rural et urbain », concluent-ils.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Le fameux trille du carouge à épaulettes, un des signes du printemps

Pousser la chansonnette

On a parfois l’impression que les oiseaux expriment simplement leur bonheur lorsqu’ils chantent. Ce n’est pas vraiment le cas, fait savoir Jean-Sébastien Guénette, directeur général de QuébecOiseaux. En fait, il faut de sérieuses raisons pour qu’ils poussent la chansonnette.

« Chanter, c’est une dépense énergétique importante, rappelle-t-il. En plus, ça attire les prédateurs. »

Les oiseaux (essentiellement les mâles) chantent pour deux principales raisons : proclamer leur territoire et attirer les femelles.

« L’avantage vaut le risque associé au fait de dire : ‟je suis ici, venez me manger” », lance M. Guénette.

Il reste que les ornithologues se réjouissent comme tout le monde lorsque vient le printemps et que les chants éclatent au petit matin.

La carouge à épaulette est un des premiers signes du printemps. Ainsi que le bruant chanteur. Lorsque les ornithologues entendent ça, ils se disent, ça y est, le printemps est arrivé.

Jean-Sébastien Guénette, directeur général de QuébecOiseaux

Certains oiseaux ne se contentent pas du matin, comme le viréo aux yeux rouges et le viréo mélodieux. « Ce sont deux espèces qui vont même chanter à midi tapant, ils ne lâchent pas le morceau. »

M. Guénette mentionne aussi l’étourneau sansonnet, qui imite d’autres oiseaux, mais il a un faible pour le troglodyte des forêts. « C’est un tout petit oiseau, mais il peut chanter une minute non-stop, sans prendre son souffle. Ça m’a toujours impressionné. »

Il y a des oiseaux qui ont un chant un peu moins mélodieux, comme les corneilles et les geais bleus. « Quand on entend le geai bleu, on se dit : quoi ? C’est ce bel oiseau qui chante comme ça ? »

Et celui qui fait rire les ornithologues, c’est le noble pygargue à tête blanche, qui sonne comme un vulgaire goéland. « C’est décevant. Tellement que lorsqu’on voit un pygargue dans un film, ils lui donnent le cri de la buse à queue rousse, qui fait vraiment plus oiseau de proie. »

Consultez l’étude (en anglais)

Suggestion de vidéo

Le temps suspendu

Le court métrage de Philippe Larivière sur l’ascension en solo du Cap-Trinité par Tom Canac est maintenant offert sur YouTube. En voici un extrait.

Regardez la vidéo au complet

Chiffre de la semaine

2,6 %

C’est la proportion du territoire québécois que couvre le réseau des parcs nationaux de la province.