C’est quand même alléchant. Plus d’une quinzaine de sentiers de randonnée pédestre. Deux parois d’escalade de roche. Des liens cyclables. Un réseau de vélo de montagne. La location d’embarcations pour explorer un vaste marais. Des dizaines de chalets, des centaines d’emplacements de camping.

Le gouvernement québécois envisage l’agrandissement du parc national du Mont-Orford, et le document d’information que le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a mitonné à ce sujet a de quoi donner l’eau à la bouche.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Le projet a une histoire pour le moins alambiquée. Au début des années 2000, le gestionnaire du centre de ski alpin et du terrain de golf a proposé un échange de terrain pour permettre la construction de centaines d’hébergements au pied des pentes : il s’agissait de soutirer cet espace au parc et de compenser cette perte de territoire avec des terrains situés à l’extérieur des limites actuelles du parc. Devant la levée de boucliers, le projet a été abandonné.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le mont Orford se profile derrière le lac Memphrémagog.

Mais l’idée d’agrandir le parc, elle, est demeurée.

À l’heure actuelle, le parc national du Mont-Orford, qui fait partie du réseau de la SEPAQ, a une superficie de près de 60 km2. Le nouveau projet permettrait d’ajouter 45,6 km2, essentiellement au nord-est du parc.

Un sentier de longue randonnée, aménagé par Les Sentiers de l’Estrie, traverse ce qui deviendrait le nouveau secteur du parc. Le MELCCFP promet de le maintenir et de l’intégrer dans son réseau de sentiers. Il sera toutefois nécessaire de déplacer certains tronçons pour protéger des habitats d’espèces précaires ou « mettre en valeur des points d’intérêt du territoire ».

Le nouveau parc reprendra également d’autres parcours développés par Les Sentiers de l’Estrie, comme ceux qui gravissent le mont Cathédrale et le mont des Trois Lacs ainsi que celui qui explore la vallée du ruisseau Gulf.

À l’heure actuelle, certains de ces sentiers doivent fermer pendant la saison de la chasse. Comme la chasse n’est pas permise dans les parcs nationaux, ces sentiers pourraient demeurer ouverts pendant tout l’automne, probablement la plus belle saison pour la randonnée pédestre.

Le Ministère apporterait quelques changements, possiblement l’ajout de tours d’observation « si le milieu récepteur le permet », écrit-on dans le document d’information.

Escalade, vélo et activités nautiques

Le territoire visé par l’agrandissement comprend une paroi d’escalade très fréquentée, la paroi La Rouche, ouverte officiellement en 2010. Le gouvernement s’engage à la préserver. Il propose également de rouvrir la paroi du Mont-des-Trois-lacs, un site fermé vers les années 1997-1998 parce que des grimpeurs ne respectaient pas une entente conclue quelques années auparavant avec le propriétaire.

Selon un topoguide de 1995, le site comprendrait 38 voies pour la moulinette, l’escalade sportive (avec ancrages fixes) et l’escalade traditionnelle (avec protections amovibles).

Le Ministère ne songerait pas à rouvrir une troisième paroi, celle du lac Brais : le nombre de voies y est restreint et la hauteur de la paroi ne dépasse pas 15 m, ce qui limite son attrait pour les grimpeurs.

Pour le vélo, on envisage un lien cyclable qui permettrait de connecter le nouveau secteur au reste du parc ainsi qu’un réseau de sentiers de vélo de montagne. Il s’agirait d’une vingtaine de kilomètres de sentiers, de tous niveaux, qui exploiterait « l’aspect technique du terrain », soit les roches et les affleurements rocheux.

Pour les activités nautiques, on prévoit un centre de location d’embarcations dans le marais du lac Brompton et au sud du lac Montjoie, avec stations de lavage pour les embarcations personnelles.

PHOTO ROBERT MAILLOUX, ARCHIVES LA PRESSE

Une vue du lac La Rouche, exclu du projet d’agrandissement.

Mais il n’y aura pas moyen d’aller naviguer sur le lac La Rouche : le propriétaire, la famille Bombardier, refuse toujours de vendre la propriété même si le lac et ses berges se trouveraient totalement enclavés dans le nouveau secteur du parc.

Finalement, le gouvernement propose la création d’un camping avec services de 200 places dans un secteur qui n’est plus naturel, une ancienne carrière située sur le chemin J. -A.-Bombardier. On devrait aussi retrouver une vingtaine de chalets de type Echo au nouveau camping et au sud du lac Montjoie, ainsi que des refuges et camping rustiques, essentiellement le long du sentier de longue randonnée.

Le Ministère a soumis le projet d’agrandissement au Bureau d’audiences publiques de l’environnement (BAPE), qui a organisé une série d’audiences à la mi-février et au début d’avril. Québec pourrait accorder le statut de parc national au nouveau secteur en avril 2025, mais il faudrait attendre à 2034 pour que l’ensemble du projet soit achevé.

Suggestion de vidéo : Vélo en douceur

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