Un superbe lac, le plus profond au Québec. Des vallées glaciaires. Des falaises qui se prêteraient à merveille à l’escalade de roche et de glace. Des circuits potentiels de canot-camping. Des forêts anciennes, dans lesquelles vivent des caribous forestiers à protéger. Le territoire du lac Walker, sur la Côte-Nord, constituerait un parc magnifique.
Un projet de parc national est dans les cartons depuis une quinzaine d’années, mais il y a deux ans, le gouvernement du Québec a donné un grand coup de frein et l’a suspendu.
Une vingtaine d’organisations environnementales et touristiques, de municipalités ainsi que de grands acteurs économiques de la région ont uni leurs forces pour amener le gouvernement à relancer les démarches.
« Le long de la route 138, on a le fjord du Saguenay. Après ça, on a un parc fédéral dans l’archipel des îles Mingan. Entre les deux, il n’y a rien », indique Caroline Cloutier, directrice générale adjointe d’Environnement Côte-Nord. « Quand on regarde la carte des parcs de la SEPAQ, il n’y a absolument rien dans cette zone. »
Or, la pandémie a suscité un réel enthousiasme pour le plein air, et les Québécois ont été nombreux à découvrir la Côte-Nord.
« On parle de tourisme, mais il y a aussi la question de parc de proximité, ajoute Mme Cloutier. Chez nous, on n’a pas de terrain de jeu bien organisé. Il y a bien la réserve faunique de Port-Cartier–Sept-Îles, mais c’est destiné à la chasse et à la pêche. Ce n’est pas la même clientèle, les mêmes infrastructures. »
Projet bien ficelé
Véronique Bussières, responsable de la conservation bioculturelle de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), section Québec, affirme que le projet de parc du lac Walker arriverait carrément sur un plateau d’argent.
Il y a des études de caractérisation qui ont déjà eu lieu. Il y a un concept d’aménagement établi. Il ne reste pas tant de chemin à parcourir avant d’arriver à un projet de parc qui pourrait plaire à tout le monde. La prochaine étape, ce serait l’étude des effets sociaux et environnementaux.
Véronique Bussières, de la SNAP Québec
Le dernier parc à avoir vu le jour au Québec était celui d’Ulittaniujalik, dans le Nunavik, en 2016. Il faut remonter à 2013 pour la création d’un parc au sud du 51e parallèle, le parc national d’Opémican.
Le site internet du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs mentionne toujours le projet de parc au lac Walker en faisant valoir son panorama spectaculaire. « Long de 33 km et bordé par endroits de falaises pouvant atteindre plus de 200 m de hauteur, le lac Walker a l’aspect d’un fjord. Fait intéressant, ce lac, avec ses 280 m de profondeur, est le plus profond connu à ce jour au Québec. »
Il y a deux ans, le gouvernement du Québec a envoyé une lettre à la MRC de la région pour faire savoir que le projet était suspendu.
« On n’a pas vraiment donné de raisons, déplore Mme Bussières. Mais les justifications que nous avons entendues entre les branches ne nous semblent pas insurmontables. »
Enjeux politiques
Évidemment, la création du parc du Lac-Walker, à 30 km de Port-Cartier, nécessiterait l’accord de la communauté innue Uashat mak Mani-Utenam. « Le conseil de bande est actuellement en période d’élection, note Mme Bussières. Nous n’avons donc pas pu poursuivre les discussions avec eux au cours des dernières semaines, nous n’avons pas pu les impliquer davantage dans la coalition. »
Le Québec tout entier entre également dans une période électorale. « Quand on verra le dénouement des élections, on considérera la suite des choses, affirme Caroline Cloutier. On va inviter les élus à visiter le territoire, c’est certain. »
En attendant, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs s’est montré avare de commentaires, notant dans un bref courriel à La Presse que le projet était suspendu et non pas abandonné. « Les suites à donner dans le dossier du lac Walker pourront être évaluées ultérieurement », a-t-on simplement déclaré.
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