Il a plu toute la nuit. Le soleil revient au petit matin, mais lorsque les randonneurs parviennent près d’un cours d’eau, ils s’aperçoivent que ce qui, sur la carte, semblait être un ruisseau se révèle un véritable torrent. Il paraît infranchissable.

Le printemps apporte souvent ce type de surprises. Ce n’est pas le cas cette année : les chutes de neige n’ont pas été considérables pendant l’hiver et une bonne partie du printemps a été très sèche. Il y a quand même de nombreux ruisseaux à traverser, certains plus problématiques que d’autres.

« La plupart du temps, quand on est sur un sentier balisé et que celui-ci est ouvert, il est censé être praticable », affirme Frédéric Germain, coordonnateur à la Vallée-Bras-du-Nord et guide d’aventure chez Karavaniers.

Mais parfois, un pont peut s’être affaissé dans un secteur moins achalandé, et le message ne s’est peut-être pas encore rendu aux oreilles des gestionnaires du sentier.

« Si un pont était nécessaire pour traverser et qu’il a été arraché, je retournerais peut-être à la maison ou je choisirais un autre sentier », indique Véronique Fortin, professeure en techniques d’intervention en loisirs au cégep de Saint-Jérôme. « La première chose à considérer, c’est de ne pas se mettre en danger. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

C’est pas mal plus simple avec un pont... Celui-ci se trouve sur le sentier du Mont à Liguori, dans Charlevoix.

Parfois, il est relativement facile de passer d’une roche à une autre, en essayant évidemment de ne pas glisser. « Les bâtons de marche, c’est une merveille pour ça, observe Frédéric Germain. Mais il ne faut pas se sentir invincible avec ça. Si on pense que c’est risqué pour sa sécurité, si on risque de se mouiller, de se cogner sur une roche, de faire une chute, il vaut peut-être mieux s’abstenir. »

Il suggère de marcher 100 ou 200 m en amont ou en aval à la recherche d’un passage plus facile. « Peut-être qu’on va marcher hors sentier, ce qui n’est habituellement pas recommandé, mais s’il s’agit d’une question de sécurité, c’est autre chose. »

Véronique Fortin recommande de chercher des endroits où le ruisseau est plus large : en règle générale, le niveau d’eau y est alors moins élevé.

Évaluer le risque

On peut aussi décider de traverser à gué, soit en gardant ses chaussures, soit en les enlevant et en remontant son pantalon. L’eau, particulièrement au printemps, peut être glaciale.

« Ça va dépendre à quel point on ose, déclare M. Germain. Est-ce qu’on prévoit être de retour à l’auto dans deux heures ou est-ce qu’on commence une randonnée de trois jours avec une nuit au-dessous de zéro ? »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Certains cours d’eau peuvent être particulièrement dangereux, comme ici au Yukon.

Il y a plusieurs facteurs à considérer lorsqu’on s’apprête à traverser à gué, comme la profondeur de l’eau et la force du courant. Quand le courant est costaud, il faut y repenser à deux fois. Lorsque le niveau n’atteint pas les genoux, le courant peut facilement nous déséquilibrer. Or, il n’est pas toujours facile d’évaluer la force du courant et la profondeur de l’eau.

Parfois, lorsque c’est plus profond, il peut sembler y avoir moins de mouvement d’eau, moins de vagues, moins d’eau blanche créée par les roches. Ça peut sembler mieux, mais au contraire, ça peut être pire.

Frédéric Germain, guide d’aventure chez Karavaniers

On peut avancer très lentement en sondant le sol avec son bâton, ou lancer un caillou dans le ruisseau et observer ce qui se passe, le son qu’il produit.

Ensuite, si on décide d’y aller, la personne la plus expérimentée peut traverser le cours d’eau avec une corde et fixer une extrémité de l’autre côté. Les autres peuvent alors suivre en se servant de la corde comme main courante. « La corde sera là pour le retour », note M. Germain.

La technique de la chenille

Véronique Fortin suggère également la technique de la chenille : le plus costaud et le plus expérimenté du groupe se place en avant, face au courant, et une deuxième personne se place derrière lui en agrippant et en mettant tout son poids sur la ceinture de taille, bien serrée, du sac à dos du meneur, pour bien ancrer celui-ci. Une troisième personne fait de même, et ainsi de suite, et le petit groupe traverse en marchant doucement de côté. Il est également possible de se mettre côte à côte, face au courant, et de se tenir fermement par la taille.

Véronique Fortin insiste cependant sur la pratique, et peut-être une petite formation, avant d’utiliser de telles techniques sur le terrain. Si quelqu’un glisse et tombe, il faut savoir comment réagir.

Il faut également se rappeler que, en règle générale, il faut détacher la ceinture de taille avant de traverser un cours d’eau : si la personne tombe, elle pourra facilement se défaire de son sac et ne se fera pas entraîner par celui-ci.

Le petit groupe de randonneurs du début de la rubrique a choisi une autre option : bâtir un petit pont de fortune avec une série de minces troncs d’arbres. L’aventure, c’est l’aventure.

Suggestion de vidéo 

Sur une piste d’ardoise

Le spécialiste britannique du vélo de montagne Gee Atherton affronte une descente sur une précaire piste d’ardoise.

Voyez la vidéo au complet

Chiffre de la semaine

130

C’est le nombre d’îles que compte la rivière des Mille Îles.