C’est une belle journée de semaine, tout est calme sur le sentier. Tout à coup, un vélo de montagne surgit au détour d’une courbe. Heureusement, il est en montée, il ne va pas très vite. Le cycliste et la randonneuse échangent un sourire lorsqu’ils se croisent, et chacun poursuit sereinement son chemin.

Les rencontres entre deux types d’usagers sur des sentiers multifonctionnels ne se déroulent pas toujours aussi bien.

« Les sentiers multifonctionnels, est-ce que ça peut fonctionner ? Oui, répond Antoine Migneault, coordonnateur des programmes techniques chez Rando Québec. Est-ce l’idéal ? Non, vraiment pas. »

Francis Tétrault, chargé de programme de vélo de montagne chez Vélo Québec, parle d’un mal nécessaire. « Ça peut fonctionner dans certains cas, si l’affluence n’est pas trop élevée, estime-t-il. Mais quand tu croises quelqu’un toutes les 30 secondes, ça commence à être différent. Si tu veux offrir une expérience 100 % satisfaisante et positive à chacun, ça prend des sentiers réservés. »

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la présence de sentiers multifonctionnels. « Dans certains cas, on a de petits réseaux qui n’ont pas beaucoup de moyens et qui veulent rejoindre toutes les clientèles, indique M. Tétrault. Ils ne connaissent pas trop les activités et ce que ça prend pour que les expériences soient positives pour chacun, ils visent le plus large possible. »

Pour sa part, Antoine Migneault mentionne le boom du vélo de montagne au Québec. « Ça a fait en sorte qu’il y a beaucoup de sentiers de vélo qui sont développés au travers des sentiers de randonnée, explique-t-il. Ils peuvent rendre des sections de sentiers de randonnée accessibles au vélo pour permettre aux cyclistes de se rendre au secteur de départ des sentiers de vélo. »

Sécurité et expérience

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Les randonneurs vont souvent rechercher la tranquillité. La cohabitation avec les vélos de montagne peut être plus difficile.

Cette cohabitation ne plaît pas toujours. Le randonneur zen qui observe les oiseaux sursaute lorsqu’un vélo apparaît brusquement sur le sentier. Ailleurs, le cycliste en pleine lancée doit freiner en catastrophe lorsqu’il se rend compte qu’un groupe de randonneurs occupe toute la largeur du sentier.

Le premier enjeu, c’est la sécurité. Un vélo, c’est assez pesant. Se faire accrocher ou se faire rentrer dedans, ça peut faire des dommages importants. Mais il y a aussi la qualité de l’expérience qui est en jeu. Le randonneur peut rechercher le calme.

Antoine Migneault, coordonnateur des programmes techniques chez Rando Québec

Francis Tétrault soutient que lorsqu’il y a conflit entre les différents usagers, il y a toujours un enjeu soit d’aménagement, soit de signalisation, soit d’éducation. » C’est aussi l’analyse de Jean-Philippe Gadbois, directeur général de la municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs, qui gère un réseau de sentiers multifonctionnels sur son territoire, notamment dans la Forêt Héritage. « Tout part de la base : la signalisation et la planification du réseau. Après ça, je pense que ça peut fonctionner, affirme-t-il. Dans les cas où ça ne fonctionne vraiment pas, la signalisation a été mal faite ou est carrément absente. »

Il note aussi qu’il existe des ressources au Québec pour aider les gestionnaires à aménager des sentiers de randonnée ou de vélo de montagne. Les fédérations comme Rando Québec et Vélo Québec offrent notamment des guides d’aménagement complets pour les gestionnaires.

M. Gadbois estime que la cohabitation fonctionne sur le réseau de Sainte-Anne-des-Lacs parce qu’il a été bien planifié. Il y a parfois des problèmes de signalisation qui surgissent et qui demandent des corrections, mais, selon lui, ça va assez bien. « C’est intéressant d’avoir des réseaux qui communiquent entre eux, mais la gestion n’est pas toujours la même d’un réseau à l’autre, remarque-t-il. Il se fait un peu n’importe quoi, des sentiers ont été ouverts par on ne sait même pas qui. Ça devient une espèce de toile d’araignée difficile à gérer. »

Rappel à l’ordre

Lorsqu’il y a recrudescence de plaintes, la municipalité a recours aux réseaux sociaux pour rappeler les règles d’utilisation. Parce que les usagers eux-mêmes ont un grand rôle à jouer pour que la cohabitation puisse fonctionner.

Antoine Migneault recommande ainsi de bien planifier sa sortie. « On va visiter le site de Rando Québec, qui donne des informations sur les sentiers de la province, et on fait des recherches sur le web. On appelle le gestionnaire si on n’est pas sûr des informations en ligne. Si on sait qu’on va sur des sentiers partagés, on use de prudence, on marche sur le côté. Ça reste des règles de vie, observe M. Migneault. On doit vivre ensemble, on n’a pas le choix. »

Consultez le site de Rando Québec

Suggestion de vidéo

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Robert MacDonald rencontre un grizzly lors d’une séance de vélo de montagne près de Jasper. Il sort son gaz poivre et son téléphone cellulaire. Et tente de rester le plus calme possible.

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C’est l’heure de l’arrivée de l’automne, le 22 septembre prochain.