Les gens qui aiment le plein air ont tendance à s’intéresser à plusieurs sports. L’hiver, c’est le ski de fond, la raquette, l’escalade de glace. L’été, ils se tournent vers le camping, la randonnée pédestre, le canot, l’escalade de roche, le vélo de montagne. Ils accumulent l’équipement à la fine pointe de la technologie, les vêtements les plus appropriés. La carte de crédit est mise à dure épreuve.

Mais est-ce vraiment nécessaire de rechercher à tout prix l’équipement idéal ?

C’est une bonne question à poser aux guides de plein air : ce sont des experts en équipement. Et souvent, ce sont des experts en budget qu’il faut réussir à équilibrer à la fin du mois.

« On a souvent à jongler avec des périodes d’insécurité financière », note Frédéric Germain, coordonnateur à la Vallée-Bras-du-Nord et guide d’aventure chez Karavaniers et Authentik Canada. « C’est un choix de vie, on n’est pas dans la misère, mais quand tu pratiques plusieurs disciplines, ça fait beaucoup de dépenses. »

En gros, la dernière technologie, l’équipement idéal, ce n’est pas absolument essentiel. « Quand tu ne recherches pas nécessairement la performance et l’entraînement à des fins de compétition, quand tu es dans le plaisir, il faut sortir de cette surconsommation-là », affirme-t-il.

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Certaines pièces d’équipement sont essentielles, comme de bonnes chaussures de randonnée. Il faut chercher la qualité, quitte à débourser un peu plus.

Il y a certaines pièces d’équipement qui sont particulièrement importantes : il vaut la peine d’y mettre le prix. Pour la randonnée pédestre, par exemple, il ne faut pas lésiner lorsque vient le temps de se chausser, fait valoir Véronique Fortin, professeure en techniques d’intervention en loisirs au cégep de Saint-Jérôme, qui a guidé de nombreuses expéditions dans le passé.

« On n’aura pas de plaisir si on a mal aux pieds, lance-t-elle. Et si on parle de ski de fond, c’est sûr qu’il faut être relativement bien équipé pour avoir du plaisir. »

Le juste milieu

Une petite famille qui fait essentiellement du camping à proximité de la voiture n’a probablement pas besoin de la dernière tente ultralégère à prix prohibitif. Mais il ne faut pas aller dans l’autre extrême et choisir quelque chose de mauvaise qualité. « Ta tente, c’est ton abri, souligne Véronique Fortin. S’il se met à pleuvoir pendant trois jours ou à venter, tu voudras peut-être avoir investi un peu plus. »

En outre, le très bas de gamme risque de se retrouver assez rapidement dans les déchets. « Environnementalement parlant, c’est un mauvais choix », affirme Frédéric Germain.

Par contre, surtout au début d’une carrière de campeur, on n’a pas nécessairement besoin de la gamelle de camping légère et compacte. « On a presque tout ce qu’il faut dans nos armoires de cuisine, rappelle Véronique Fortin. C’est moins compact, c’est moins fait pour ça, mais pour commencer, ça fait la job. »

C’est surtout du côté des vêtements qu’on peut mettre la pédale douce. Il n’est pas nécessaire d’acheter le petit ensemble coordonné conçu spécifiquement pour tel ou tel sport.

« Si ça te fait plaisir, si ça te donne le goût d’y aller, c’est une autre chose. Ça peut être une source de motivation, indique Mme Fortin. Mais il ne faut pas que ce soit un frein parce que ça coûte des centaines de dollars de plus. »

Se tourner vers le seconde main

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Lorsqu’on fait une activité très peu fréquemment, comme du ski de fond hors piste en Gaspésie, on peut facilement louer de l’équipement requis et économiser.

Bien souvent, le manteau de randonnée qui se trouve déjà dans le garde-robe fera l’affaire pour le ski de fond ou le vélo. Et s’il faut vraiment se procurer une pièce d’équipement, on peut souvent la dénicher sur les sites de matériel usagé, comme Kijiji ou Marketplace.

« Il y a tellement de trucs pas chers, s’exclame Véronique Fortin. Ce n’est peut-être pas la bonne couleur, mais si c’est la bonne grandeur et les bons matériaux, c’est une bonne façon de procéder. »

C’est ici que la surconsommation peut jouer en faveur de ceux qui peuvent attendre avant de se procurer la toute dernière innovation.

Avec toutes les avancées technologiques, les gens changent souvent d’équipement. Ça met beaucoup de matériel usagé sur le marché.

Frédéric Germain, coordonnateur à la Vallée-Bras-du-Nord et guide d’aventure chez Karavaniers et Authentik Canada

Bien sûr, on risque d’être un peu moins à la mode sur les pistes de ski de fond et on n’a pas nécessairement la dernière technologie sur le dos. « Quand j’utilise mon vieux Lifa qui a 15 ans, j’ai une petite pensée pour les Hillary, Irvine et Shackleton de ce monde et je me trouve bien chanceux. »

Frédéric Germain rappelle également qu’il est souvent possible de réparer des vêtements et des pièces d’équipement. « Il y a les bons vieux tutoriels YouTube qui existent sur à peu près n’importe quoi. Je répare plein de choses moi-même et j’ai mon vieux cordonnier qui avance en âge, mais qui continue à réparer des trucs plus avancés. »

Véronique Fortin ajoute qu’on peut parfois emprunter ou louer les pièces d’équipement qu’on n’utilise pas souvent, comme les skis hors-piste qu’on prend une fois par année pour aller dans les Chic-Chocs.

Elle suggère finalement de regarder du côté des équipements hybrides plutôt que surspécialisés lorsqu’on commence un nouveau sport. « C’est un compromis, on perd un peu de performance, on n’est pas aussi rapide que l’autre qui a les top skis ou le top vélo, mais ça peut aller au début. Après, on peut aller un peu plus spécialisé si on aime ça. »

Suggestion de vidéo : Une voie d’ici

On voit souvent des vidéos de belles voies d’escalade provenant de l’étranger. Voici une voie bien corsée à Weir, dans les Laurentides, mettant en vedette Ghislain Allard.

Voyez la vidéo au complet

Chiffre de la semaine : 13 537 152

C’est le nombre d’hectares défoliés par la tordeuse du bourgeon de l’épinette en 2020. C’est 135 371 km2, soit une augmentation de 40 % par rapport à l’année précédente.