L’entre-saison, pour le plein air, ce n’est pas toujours génial : temps maussade, sentiers boueux… Bien des gens en profitent pour ranger l’équipement d’hiver et planifier les aventures de l’été. C’est aussi un bon moment pour reposer ses muscles endoloris, s’asseoir dans un fauteuil confortable et se plonger dans une bonne lecture.

Ça tombe bien, Samuel Lalande-Markon vient de publier La quête du retour, un livre sur une grande expédition réalisée en 2018 : la traversée du Québec, de Montréal à Kuujjuaq, à vélo et en canot. S’il a réalisé la portion vélo en solo, David Désilets s’est joint à lui pour l’épique portion canot.

L’écriture de Samuel Lalande-Markon alterne entre la poésie, le récit délicieusement terre à terre et les informations techniques destinées à ceux qui voudraient suivre ses traces.

« Mon lecteur idéal est quelqu’un qui est intéressé par le territoire et qui a une curiosité pour le monde de l’aventure, indique-t-il en entrevue. Mon objectif, c’est que ce soit très lisible et que tout le monde y trouve un peu son compte. Je trouve ça intéressant que les gens puissent apprécier la proposition globale et qu’ils soient accrochés par certaines thématiques, selon la sensibilité de chacun. »

Aller au-delà

Après l’expédition, Samuel Lalande-Markon a donné quelques conférences. Après avoir mainte fois relaté son aventure, il s’est rendu compte qu’il racontait souvent les mêmes anecdotes, qu’il reprenait les mêmes stéréotypes.

Je ressentais le besoin d’aller au-delà de ça et de me réapproprier mes souvenirs, mes impressions. Je voulais prendre le temps de revenir là-dessus, de revoir le fil complet des évènements.

Samuel Lalande-Markon

Ce musicien et gestionnaire dans le domaine de la culture s’intéressait à l’écriture depuis un petit moment. « J’ai écrit ce livre parce qu’enfin, j’avais un sujet, raconte-t-il. Je venais de vivre une aventure, mais à un certain moment, je me suis dit que ce n’était pas une si grosse expédition que ça. Finalement, je me suis rendu compte que oui, le sujet est important, mais ce qui est aussi important, c’est le traitement, la façon dont on l’aborde. »

Samuel Lalande-Markon a choisi la formule du journal de bord, en décrivant les évènements de chaque journée. « L’essentiel du récit a été écrit de mémoire. La plupart de ces informations étaient encore là, en reconstituant le fil avec des photos et des cartes, mais beaucoup avec la mémoire. C’était phénoménal comme je me rappelais plein de choses. »

Un peu de poésie

L’auteur utilise parfois une tournure un peu poétique. « Le monde de la nature, on peut en vanter la beauté, mais ça reste un monde un peu indicible, un peu intangible, et je trouve que la poésie a un peu ce caractère-là. Je trouvais que donner une voix aux poètes québécois, c’était intéressant pour parfois donner ce rapport-là entre l’intime et le paysage. »

Plus souvent, l’auteur utilise une langue très simple, souvent très verte, pour décrire des situations. Les adeptes de plein air se reconnaîtront dans ces passages fréquemment humoristiques.

Dehors, il fait encore demi-nuit. Je me réjouis un instant de la petite pluie qui asperge encore ma tente et les arbres, imaginant qu’elle tiendra à couvert les moustiques. Mais non ! Aussitôt que je sors, mes grandes pattes se font piquer tandis que mes pieds s’enfoncent dans le sol transformé en gadoue. Je pars le réchaud pour me faire un café et marche en rond en tentant de semer le fléau dans l’attente. N’ayant pas apporté de tasse, je bois le précieux liquide à même ma gamelle brûlante. Quelques bouchées de Pop-Tarts avalées, je rapaille mes affaires détrempées et regagne vivement la route.

Autrement dit, je crisse le camp.

PHOTO DAVID DÉSILETS, FOURNIE PAR LES HEURES BLEUES

Les deux partenaires, David Désilets et Samuel Lalande-Markon, ont notamment pagayé les rivières Sérigny, Caniapiscau et Koksoak pour rejoindre Kuujjuaq.

David Désilets illustre le livre et signe la postface de l’ouvrage en notant que « pour [lui], ce n’est pas comme ça que ça s’est “vraiment” passé ».

Bien sûr, si j’en avais écrit moi-même le récit, Samuel aurait pu ouvrir sa postface de la même façon... C’est qu’une aventure se vit et se raconte de l’intérieur.

L’amitié des partenaires a su résister aux difficultés de l’expédition.

Sam, cher Sam. Je nous en souhaite d’autres. D’autres projets irréalistes. D’autres récits à inventer.

La quête du retour, de Samuel Lalande-Markon, Les Heures bleues, 296 pages

IMAGE FOURNIE PAR LES HEURES BLEUES

La quête du retour, de Samuel Lalande-Markon

Suggestion de vidéo : L’ours et le skieur

Faire du ski en Roumanie, c’est parfois du sport extrême. Notamment lorsqu’un ours s’intéresse un peu trop à un skieur.

Chiffre de la semaine : 350

C’est le nombre de centimètres de neige que le Camp Mercier a reçu cette saison. Parmi les autres parcs gérés par la SEPAQ, le parc de la Gaspésie arrive bon deuxième, avec 299 centimètres.