C’est long, c’est difficile, c’est décourageant. Affronter la pandémie, c’est un peu comme essayer de gravir l’Everest. Il y a de petites victoires, des reculs, et cet espoir qui permet d’avancer quand on en a vraiment ras le bol.

TA Loeffler connaît bien l’Everest. Elle a affronté trois fois la bête, mais elle a été repoussée par la météo et des ennuis de santé. Pédagogue reconnue, elle fait partie de la liste des 90 plus grands explorateurs du Canada du magazine Canadian Geographic, notamment en raison des programmes d’éducation qu’elle met en place pour les jeunes lorsqu’elle part en expédition.

Professeure d’éducation en plein air à l’Université Memorial, à St. John’s, à Terre-Neuve, elle vient de voir sa province se faire frapper de plein fouet par la pandémie alors qu’elle avait traversé la première vague sans trop de dommages.

La situation l’a amenée à réfléchir aux similitudes qui peuvent exister entre la lutte contre la pandémie et l’ascension de l’Everest. « Je pense à notre chagrin collectif, notre tristesse, notre colère et ce sentiment d’accablement à l’idée de retourner au point de départ, écrit-elle dans un blogue. L’isolement social, le confinement, la peur, nous les connaissons déjà. Comme cela m’est souvent arrivé, mes pensées se tournent du côté des leçons que la haute altitude m’a apprises alors que je me trouvais dans des endroits dangereux, que je poursuivais l’ascension même exténuée, que je vivais dans la peur d’une catastrophe. »

Se lancer à la conquête de l’Everest, c’est une longue expédition qui dure normalement de 50 à 60 jours. Affronter la pandémie, c’est aussi une longue expédition qui dure maintenant depuis pratiquement un an.

Pour gravir l’Everest, il faut traverser et retraverser les camps inférieurs pour s’acclimater à l’altitude. Dans la lutte contre la COVID-19, il faut s’ajuster rapidement à des changements dans la charge de travail, la réglementation, la routine. Il faut passer à travers des périodes pendant lesquelles la motivation est à plat parce que le virus vous contraint à l’inactivité et que tout progrès cesse pendant des jours.

TA Loeffler, grande exploratrice et professeure d’éducation en plein air à l’Université Memorial

Plus le temps passe, plus l’expédition devient difficile. « C’est près du sommet que vous faites face aux vents les plus forts, au froid le plus mordant, à la météo la plus inquiétante. Il faut travailler de plus en plus fort pour chaque pas. »

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE TA LOEFFLER

Les difficultés attendent les grimpeurs sur l'Everest.

Le doute s’installe. « Vous commencez à vous interroger sur votre capacité à réussir, et même sur votre désir de réussir. Puis, vous vous rappelez pourquoi vous vous êtes attaqués à cette montagne et pourquoi vous avez pris cette décision, mettant de côté le confort et la facilité. »

L’important, c’est d’y aller un pas à la fois, pour une autre heure, pour un autre jour, « même quand vous pensez qu’il est impossible de faire un autre pas ».

TA Loeffler affirme que la plus grande leçon qu’elle a apprise lors de ses expéditions, c’est de ne jamais regarder toute la montagne d’un coup. « Ça va sembler trop dur, trop loin, trop gros, trop épeurant, trop froid, ou tout cela à la fois. Il faut plutôt regarder ses pieds. Faire un pas. Juste un. Vers le sommet. Vers la sécurité. Puis un autre. Si vous levez la tête et regardez la longue route devant vous, avec ses faux sommets, ses espoirs et ses craintes, baissez à nouveau les yeux pour regarder les pas que vous faites, un à la fois. »

Une tente ou une bulle

Une expédition au mont Everest ressemble aussi à la lutte contre la pandémie en ce sens que le grimpeur se retrouve seul, loin des siens, à l’abri dans une bulle (une tente), « un cocon de nylon très fin qui est à la fois étonnamment résistant et remarquablement fragile ».

En même temps, le grimpeur fait partie d’une équipe « qui demande à ce qu’on fasse passer l’intérêt collectif avant l’intérêt personnel, qui demande à ce qu’on suive les directives des chefs d’expédition ».

« Nous savons que l’ascension sera longue, mais nous ne savons pas combien de temps elle durera. Nous devons gravir cette montagne à la fois seuls [fournir sa part d’efforts, rester à la maison, travailler sur ses sentiments et ses émotions] et ensemble [garder un œil sur les coéquipiers qui pourraient avoir besoin de nous pour porter une partie de leur charge, pour soigner leurs ampoules ou pour avoir des messages d’encouragement]. »

Il faut aussi porter attention aux compagnons qui partagent notre bulle (ou notre tente) : faire preuve d’indulgence, se porter volontaire pour faire plus que notre part des tâches communes.

« Nous avons besoin de montagnes de compassion pour les autres et pour nous-même. De la gentillesse, de la compassion et une grande dose de gros bon sens vont permettre de rendre cette expédition plus facile. »

> Consultez le blogue de TA Loeffler (en anglais)

Suggestion de vidéo

De la neige, du ski et de la musique

Pour faire une bonne vidéo de ski, il faut un excellent skieur (le Canadien Sam Kuch), de superbes paysages, une très belle direction photo et une musique qui s’accorde bien avec le tout.

> Voyez la vidéo au complet

Chiffre de la semaine

8 cm

C’est la taille du plus petit mammifère du Québec, la musaraigne pygmée, queue comprise !