Cet hiver, avec la pandémie, le ski de fond connaît une véritable explosion au Québec. L’été dernier, c’est le vélo qui avait enregistré un énorme bond de popularité. D’une certaine façon, ce boom est venu couronner une quarantaine d’années d’essor de la pratique du vélo. La présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau, a été aux premières loges de ces changements. Elle quitte son poste ce mois-ci et dresse un petit bilan de ces quatre décennies.

Il y a 40 ans, les cyclistes n’étaient pas si nombreux que ça.

« Quand j’ai commencé à faire du vélo à Montréal, en 1979, je reconnaissais les cyclistes que je croisais dans mon quartier et dans les quartiers avoisinants, se rappelle-t-elle. Ça a explosé dans les années 1980. On a commencé à avoir notre premier grand réseau cyclable à Montréal. C’était les débuts. Les gens ont mordu là-dedans parce que c’était facile et accessible. »

Comme la plupart des gens, Suzanne Lareau avait fait du vélo quand elle était enfant. Elle a toutefois délaissé cette activité à l’adolescence. « J’avais un VéloSolex [un cyclomoteur]. »

Elle a recommencé à faire du vélo à l’âge de 19 ans avec des amis. « La première chose que j’ai faite, c’est Val-Morin–Montréal. Il y a eu un déclic. Val-Morin–Montréal par la 117, c’était quelque chose comme 80-90 km. Je me suis dit que j’étais capable de faire le tour de la planète en mettant des Val-Morin–Montréal bout à bout. »

Après un stage d’encadrement en vélotourisme, elle s’inscrit à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) dans un programme d’enseignement de l’activité physique et commence aussi à s’impliquer à Vélo Québec en accomplissant de petites tâches. « C’est comme ça que j’ai commencé à graviter autour de l’organisation. À l’époque, en 1979, Vélo Québec, c’était trois permanents et quart. »

Déjà, l’organisme faisait beaucoup de revendications sur la place du vélo en ville.

J’avais un certain talent à défendre des causes. Rapidement, on m’a donné des responsabilités, de petits mandats.

Suzanne Lareau

Mme Lareau a ainsi joué un tout petit rôle dans la première édition du Tour de l’île, en 1985. Ses responsabilités ont augmenté d’année en année, et elle est finalement devenue directrice générale du Tour de l’île, en 1989, puis présidente-directrice générale de Vélo Québec en 2001. Elle a mis en place d’autres évènements, comme le Grand Tour, le Tour la nuit, les Défis. Mais ce sont les premières présentations du Tour de l’île qui ont contribué à faire bouger les choses.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le 22e Tour de l’île de Montréal, en juin 2006

« Quand on a mis en place le premier, les gouvernements étaient sceptiques, se rappelle Suzanne Lareau. La deuxième année, on a mis 15 000 personnes dans les rues de Montréal. Le ton a changé. Les gouvernements ont compris ce qu’on voulait dire quand on disait que le vélo était énormément démocratique et que ça intéressait tout le monde. »

Les autorités ont donc commencé à mettre en place des mesures pour accommoder les cyclistes : aménagement de nouvelles voies cyclables, révision du Code de la sécurité routière, etc. « Dès le début, on avait la conviction que le vélo était une tendance de fond en raison de ses multiples fonctions : mode de transport, outil sportif, outil de découverte touristique. On savait que ce n’était pas une mode comme on avait vu avec les patins à roues alignées ou la planche à voile. »

Vélo Québec a gagné en crédibilité et a grossi : l’organisation a commencé à offrir des voyages, à tenir des conférences, à mettre en place des programmes dans les écoles et les communautés, à éditer un magazine.

L’impact de la COVID-19

Avant la pandémie, l’organisation comptait 75 employés. C’est d’ailleurs quelques semaines avant le Grand Confinement, en février 2020, que Suzanne Lareau a fait savoir au conseil d’administration et à son équipe qu’elle entendait quitter son poste. « J’avais besoin de nouveaux défis, j’avais besoin de voir autre chose, raconte Mme Lareau. Je prévoyais quitter à l’automne 2020. »

La COVID-19 est venue bousculer ce calendrier. En 2020, Vélo Québec a perdu 65 % de ses revenus, ses évènements et ses voyages à l’étranger ont été annulés. « On a dû mettre une partie de l’équipe à pied. »

Dans ce contexte de crise, Suzanne Lareau a dû reporter son départ. Il est maintenant prévu pour la mi-février. C’est Jean-François Rheault qui prendra la relève. Ce « cycliste urbain aguerri » a travaillé pendant une quinzaine d’années pour Éco-compteur, entreprise qui compile des statistiques sur les déplacements à pied et à vélo dans les centres urbains.

Il reste encore bien du boulot à accomplir, estime Mme Lareau. À commencer par la place du vélo dans les villes et le transport des vélos dans les trains et les autobus.

En Europe, ça va assez bien de transporter son vélo à bord des trains, il y a des efforts qui ont été faits. Ici, c’est la croix et la bannière.

Suzanne Lareau

Ce n’est pas encore l’heure de la retraite pour Suzanne Lareau. Elle a encore de l’énergie et s’intéresse toujours aux questions de mobilité durable, d’aménagement urbain, de changements climatiques, d’équité sociale. « Comment je vais trouver ma voie là-dedans, je ne le sais pas exactement. En attendant, j’ai besoin de faire une petite pause. »

Suggestion de vidéo : les bisons de Banff

On a réintroduit des bisons dans le parc national de Banff en 2018. Voici les premières images de la harde, prises par des caméras de télésurveillance et un drone.

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Chiffre de la semaine : 52 mètres

C’est la hauteur des plus hautes voies d’escalade de glace au centre-ville de Rivière-du-Loup.