La nuit commence à tomber, il fait très froid. À la fin d’un premier rappel pour descendre du haut d’une falaise, une inquiétante constatation s’impose : il y a eu erreur, ce n’est pas le bon endroit pour descendre. Il faut maintenant installer un ancrage pour effectuer le dernier rappel sur deux petits arbrisseaux ridicules précairement plantés dans le roc. Vont-ils tenir le coup ?

La peur saisit les grimpeurs et ne les lâchera plus jusqu’à ce que le dernier se pose sain au sauf au bas de la falaise.

Ce ne sont pas les sorcières, les loups-garous et les fantômes qui font peur aux adeptes de plein air. Il y a des dangers bien réels qui les guettent. Tous ont au moins une bonne histoire à conter. La plupart finissent bien, mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

Il n’y a pas de loups-garous dans les bois. Mais il y a des ours. Et ils peuvent faire vraiment peur. Plusieurs randonneurs ont eu la malchance de tomber nez à nez avec une ourse et ses oursons au détour du sentier. Parfois, c’est plus effrayant lorsqu’on ne voit pas la bête.

Lors d’une nuit de camping sauvage en backpacking au Québec, je me réveille avec le bruit du souffle et du reniflement sur le bord de ma tente à l’extérieur de la tente.

Martine Lamarche

« J’ai essayé d’arrêter de respirer pour ne pas l’effrayer bien que mon partenaire de tente ronflait un peu. Je ne suis pas certaine qu’il s’agissait d’un ours, mais il n’a pas dû trouver notre odeur alléchante. »

Même des bêtes soi-disant plus dociles peuvent susciter une bonne frousse, comme celle qu’a connue Marie-Andrée Legault. « J’ai failli me faire encorner par une vache au Népal », se rappelle-t-elle.

La randonnée pédestre peut receler d’autres périls. André-Jean Desormeaux se souvient d’une traversée de rivière particulièrement terrifiante dans les montagnes Blanches, au New Hampshire, alors que les options de rechange semblaient encore moins attirantes. « Nous avons traversé à quatre pattes sur un paquet de branches alors que le débit de la rivière était débile et propice au rafting. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Les sports nautiques peuvent apporter leur lot d'émotions fortes.

Les sports nautiques ont aussi leur lot de moments périlleux. « Nous avons été surpris par une tempête arctique en kayak de mer à 15 km de la côte, quelque part dans l’océan au nord du 70e parallèle », raconte l’aventurier Sébastien Lapierre.

De son côté, Martine Lamarche a dû traverser un rapide sérieux de la rivière Rouge RIII la tête en bas parce que son kayak s’était renversé. « Je rêve encore parfois de me frapper la tête sur des rochers dans l’eau. »

Peur pour les autres

Parfois, on a peur pour quelqu’un d’autre. Charles Côté a vu deux amis canoteurs qui, après avoir sauvé un groupe inexpérimenté en raft, se sont retrouvés coincés contre un arbre qui bloquait une grande partie de la rivière Noire, entre la rive et une île au milieu. « Avec sang-froid, l’équipage du canot résiste aux forces qui cherchent à les faire chavirer et avance peu à peu vers la cime de l’arbre au milieu de la rivière, narre-t-il. Difficile pour moi et les autres d’assister à la scène, impuissants, de la rive. »

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Les grimpeurs ont parfois la frousse au sujet de leur matériel : tiendra-t-il ou cédera-t-il ?

La peur semble se manifester plus souvent qu’à son tour lors des sorties d’escalade. Rafael Uzcategui a vu un gros bloc de roche se détacher au-dessus de lui lors d’une longue ascension dans les Adirondacks. « J’ai à peine le temps d’écarter les jambes pour le laisser passer. Le rocher rebondit sur la corde et me fait tomber dans le vide. Heureusement, la corde n’a pas été endommagée, car le contact rocher-corde s’est fait sur un côté plat. Ma dernière pièce de protection était bien solide et mon assureur n’était pas dans la ligne de chute. »

Malheureusement, il arrive que les histoires de peur se terminent mal, comme celle qu’a connue François-Guy Thivierge, lors d’une sortie en ski hors-piste au Saguenay. « Arrivé au sommet d’une montagne, mon ami Jacques Lévesque me dit qu’il va ouvrir la trace, raconte-t-il. Normalement, j’aime être le premier, mais cette fois, je cède ma place et Jacques s’élance devant moi. Une méga avalanche décolle et l’engloutit. Je réussis à nager au-dessus et survis… pas lui. Jacques est décédé d’hypothermie à 3 mètres sous la neige. » Une montagne a été nommée en son nom dans le parc du Saguenay.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Dans certaines conditions, une simple randonnée peut facilement devenir cauchemardesque.

Heureusement, la plupart des histoires d’horreur se terminent bien et servent de leçons. C’est ce qui est arrivé à Jean-Claude Lefebvre et une copine qui, dans la pénombre, n’ont pas réussi à trouver un sentier pour redescendre après une ascension dans le Red Rock Canyon, au Nevada, et ont dû effectuer un rappel complexe en pleine nuit.

« C’est le genre d’histoire qui peut facilement mal tourner : erreur de jugement, malchance, etc. Je me demande encore comment on s’en est sortis indemnes. Mon amie dans cette aventure est devenue guide de montagne. »

Suggestion de vidéo : Courir sous l’eau

La Colombienne Sofia Gomez Uribe ne court pas n’importe où. L’apnéiste, détentrice de plusieurs records du monde, effectue son jogging sous l’eau.

Chiffre de la semaine : 0,62 km2

C’est la superficie du plus petit parc national du Québec, Miguasha. Il est petit, mais significatif : il fait partie des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO.