La Cordée. SAIL. MEC. Les détaillants d’équipement de plein air en arrachent, ce qui sème l’inquiétude chez leurs clients. 

Est-ce que les boutiques de plein air fermeront les unes après les autres ? Sera-t-il encore possible d’essayer des bottes de randonnée avant l’achat ? De glisser la tête dans le vestibule d’une tente ou de tâter un sac de couchage avant de sortir sa carte de crédit ?

Il y a toutefois de bonnes nouvelles : tant La Cordée que SAIL basent leur restructuration sur des sites internet transactionnels renouvelés et sur des boutiques en bonne et due forme.

« On est là pour rester, affirme Michel Melançon, vice-président aux ventes chez SAIL. Du moins, on l’espère : rien n’est garanti en ce bas monde, mais on a un plan qu’on croit très solide et on va passer au travers. »

Du côté de La Cordée, on évalue toutes les options… sauf une.

« Ce n’est pas dans nos intentions d’aller sur le web uniquement, déclare la présidente et directrice générale de l’entreprise, Emmanuelle Ouimet. Le web sera au cœur de notre restructuration, mais on compte garder les magasins parce que pour beaucoup de clients, c’est important de venir voir, de toucher, de se faire conseiller. »

Il faudra toutefois attendre le plan de restructuration avant de savoir si toutes les boutiques survivront.

Les détaillants d’équipement de plein air ont commencé à vivre des difficultés bien avant la pandémie. En janvier dernier, MEC a annoncé une restructuration qui comprenait notamment un déménagement de son siège social dans des locaux plus petits.

PHOTO PAUL CHIASSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

MEC a procédé à des changements dans le statut de ses employés et entend déménager son siège social dans des locaux plus petits.

Le 17 février dernier, La Cordée s’est placée à l’abri de ses créanciers en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Le syndic a notamment attribué les problèmes financiers de l’entreprise à l’acquisition de La Vie Sportive en 2018, à des dépassements de coûts, à l’arrivée de nouveaux concurrents spécialisés et à un retard dans le commerce en ligne.

La semaine dernière, c’est SAIL Plein Air qui s’est placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. L’entreprise a fait savoir que la fermeture de ses magasins, pendant le confinement, avait fait chuter ses revenus de 45 millions de dollars. Elle a annoncé la fermeture des quatre succursales de sa bannière Sportium et de deux magasins SAIL en Ontario. Elle conserve ses huit succursales SAIL au Québec et quatre en Ontario.

« On a besoin de s’aérer… »

La COVID-19 a aussi fait mal aux magasins Atmosphère et Sport Experts, qui font partie de la division Sportchek de Canadian Tire. Le premier trimestre s’est soldé par une baisse des revenus de 13 % pour cette division.

Devant des boutiques fermées, beaucoup d’amateurs de plein air se sont tournés vers les sites web.

« Depuis le début de la pandémie, on a eu un bel amour de nos clients sur notre site web, affirme Mme Ouimet, patronne de La Cordée. On veut vraiment mettre ce site au cœur de nos opérations, faire en sorte qu’il offre une expérience de haut niveau. »

Il pourrait notamment être question de fournir des conseils en ligne pour l’achat d’équipement spécifique, ce qui s’approcherait de l’expérience qu’on trouve en magasin. « On a encore beaucoup de travail à faire pour offrir une expérience qui soit au goût du jour », reconnaît Mme Ouimet.

Avec le déconfinement, La Cordée a été en mesure de rouvrir toutes ses boutiques.

« On est heureux de recevoir les clients en toute sécurité et de pouvoir leur donner des conseils pour qu’ils puissent bien s’équiper pour l’été qui s’en vient parce qu’en cette période de COVID, on a besoin de s’aérer un peu », lance Mme Ouimet.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Avec des magasins à grande surface, SAIL peut assurer une distanciation physique à l’intérieur.

SAIL a également pu rouvrir tous ses magasins au Québec. « Le fait d’avoir une porte extérieure et de grandes surfaces est devenu un avantage compétitif très important », commente Michel Melançon.

Avec des magasins de 75 000 pieds carrés sur deux étages, c’est facile de maintenir une bonne distance entre les clients. Et ceux qui se donnent la peine d’aller dans les magasins ont une idée bien précise en tête : pas question d’aller flâner, ils sont là pour acheter.

Avant, un client sur deux achetait quelque chose, ce qui était très bien. Là, on parle de 75 %. On est très heureux de voir ça.

Michel Melançon, vice-président aux ventes chez SAIL

SAIL a quand même décidé de ne pas procéder à de grandes ventes à ce moment-ci pour ne pas créer une trop grande affluence. « Nous prenons très au sérieux les recommandations de la santé publique, affirme M. Melançon. Oui, il y a des rabais, mais rien qui soit hors de l’ordinaire. »

À La Cordée, on peut aussi trouver des rabais intéressants sur plusieurs articles.

Mme Ouimet note que l’entreprise a une politique du meilleur prix. L’idée, c’est de contrer les petits malins qui se font conseiller en boutique, essaient l’équipement et s’en retournent chez eux pour commander en ligne dans un autre commerce.

« S’ils prenaient la peine de nous dire qu’ils peuvent payer moins cher chez un autre détaillant, on pourrait accoter le prix », fait-elle savoir.

Elle ajoute que les Québécois devraient garder en tête une des grandes leçons de la pandémie : le besoin d’encourager les détaillants québécois. C’est un appel que lance aussi M. Melançon. « En ces moments difficiles, c’est un bon temps pour nous témoigner amour et appréciation. »