Comme les autres fédérations de sports de plein air, Rando Québec veut que cette première phase de déconfinement se passe bien pour ne pas avoir à reculer en chemin et pour hâter la mise en place d’une deuxième phase. Dans ce but, l’organisme a préparé un code de conduite qui explique aux randonneurs les différentes règles à suivre pour adapter leur conduite à la situation actuelle. 

« Si on va dans ce sens-là, ça peut permettre d’arriver à garder les sentiers ouverts », déclare Nicholas Bergeron, directeur technique à Rando Québec.

Il explique qu’à chaque phase, la Santé publique examine l’effet des mesures de déconfinement sur le taux d’infection.

« Si la courbe monte trop, il va falloir qu’on revienne une phase en arrière, indique-t-il. C’est pour ça qu’on a essayé d’écrire un guide qui couvre le plus large possible, mais on sait qu’il faudra souvent le mettre à jour pour suivre la situation. »

Une grande responsabilité incombe aux adeptes de plein air, fait valoir Renée-Claude Bastien, guide d’aventure et coordonnatrice du programme de guide de tourisme d’aventure du cégep de Saint-Laurent.

Si on souhaite que l’ouverture progressive des types de pratique soit maintenue et amener éventuellement la reprise d’autres formes d’activités de plein air, il faut démontrer qu’on est capable de bien se comporter dans ces lieux-là.

Renée-Claude Bastien, guide d’aventure et coordonnatrice du programme de guide de tourisme d’aventure du cégep de Saint-Laurent

Mesures à suivre

Le code de conduite préparé par Rando Québec rappelle évidemment les mesures déjà préconisées dans la société en général : se laver les mains fréquemment (il faut avoir sa bouteille de gel hydroalcoolique avec soi), respecter la distanciation de deux mètres et prévoir un masque lorsque cette distance n’est pas possible à tenir, ne pas faire de rassemblement. Il faut aussi suivre les règles au sujet des déplacements entre les régions et se renseigner sur les restrictions des différents sites et l’état des sentiers.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Randonnée au mont Gosford. Il est possible de randonner à deux, mais il faut garder deux mètres de distance.

Rando Québec recommande de respecter la capacité d’accueil des sites : si le stationnement est bondé, par exemple, il faut trouver un autre site. Il faut également respecter la capacité maximale des infrastructures comme les belvédères et les sites de pause.

Il faut aussi faire preuve de civisme lors des croisements et des dépassements en sentier. Par exemple, lors d’un croisement, il faut laisser la priorité aux personnes en montée, s’immobiliser de façon sécuritaire, se tourner pour faire dos aux passants ou se couvrir le visage.

Rando Québec suggère de n’utiliser les toilettes sèches que si c’est vraiment, vraiment nécessaire (de toute façon, personne ne fréquente une bécosse par plaisir) et éviter de toucher ce qu’on appelle les « aides à la progression », comme les mains courantes, les arbres, les branches et les roches.

Nicholas Bergeron note que ce code est appelé à évoluer. Rando Québec est en train de préparer un questionnaire pour interroger les gestionnaires de site et les randonneurs au sujet des différentes mesures.

Est-ce que la mesure est applicable ? Est-ce qu’elle fonctionne ? Ça pourrait changer le code de conduite si on voit que quelque chose ne fonctionne pas.

Nicholas Bergeron, directeur technique à Rando Québec

Certaines règles ont porté à confusion, notamment en ce qui concerne l’interdiction des rassemblements et la pratique individuelle. L’attachée de presse de la ministre déléguée à l’Éducation Isabellle Charest, Alice Bergeron, a confirmé qu’il est possible de faire de la randonnée avec une personne qui n’habite pas à la même adresse tant que les deux conservent une distance de deux mètres. Par contre, s’il est possible d’être deux, il ne faut pas être trois : c’est alors considéré comme un rassemblement et c’est interdit. Bien sûr, les membres d’une même famille peuvent randonner ensemble, même s’ils sont quatre.

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Il est plus prudent de faire du kayak de mer à deux embarcations.

D’ailleurs, dans son propre code, Canot Kayak Québec recommande toujours deux embarcations pour toute sortie sur l’eau. Deux personnes vivant à des adresses différentes peuvent faire une sortie ensemble, mais il faut garder deux mètres de distance : il ne faut donc pas partager la même embarcation. Pour des raisons de sécurité également, ce n’est pas une bonne idée d’être seul pour aller nager en eau libre et, en randonnée pédestre, il est souvent recommandé de ne pas partir seul.

Les restrictions au sujet des déplacements entre les régions sont toujours en vigueur, ce qui limite sérieusement les options des adeptes de plein air qui vivent dans les grands centres comme Montréal.

Prochaines phases

Nicholas Bergeron indique qu’une deuxième phase de déconfinement pourrait permettre d’augmenter la distance des déplacements permis : on pourrait alors regrouper des régions et il serait possible de se déplacer à l’intérieur de ces zones. La troisième phase verrait la plupart des restrictions se lever. L’espoir serait évidemment de voir cette dernière phase se mettre en place cet été.

Sur sa page Facebook, Renée-Claude Bastien a ajouté des précisions sur les règles à suivre en plein air et quelques suggestions, comme l’idée de « se garder une petite gêne » sur ce qu’on affiche sur les médias sociaux.

« On a déjà parlé de l’impact des médias sociaux sur les lieux de pratique, explique-t-elle. Si on commence à faire la promotion de petits endroits qu’on a découverts au lieu d’en parler simplement à un groupe restreint d’amis, on peut provoquer une surutilisation de lieux qui ne sont pas conçus pour accueillir un nombre important de participants. C’est encore plus vrai lorsqu’il faut éviter les rassemblements sur les sites de pratique. »

Elle recommande également de faire preuve de conservatisme dans le choix de ses activités. Ce n’est pas le moment d’augmenter le niveau de risque afin de s’améliorer techniquement.

« Les hôpitaux et les centres de soins sont débordés. Ce n’est pas le temps d’aller se péter la gueule. »

> Téléchargez le code de conduite de Rando Québec

Le chiffre de la semaine : 4500

C’est le nombre de kilomètres que comptera à terme le Grand sentier de l’Himalaya, qui traversera la fameuse chaîne à travers le Pakistan, l’Inde, le Népal, le Bhoutan et le Tibet.