Montréal est tristement connu pour ses trottoirs glacés. Un jour, il sera peut-être reconnu pour de belles falaises bien glacées, un délice pour les grimpeurs locaux.

Au parc Jean-Drapeau, une petite falaise bien sympathique attend déjà les grimpeurs dans le cadre d’un projet-pilote. À moyen terme, le réservoir McTavish pourrait redevenir un bel endroit pour pratiquer ses coups de piolet, avec une vue imprenable sur le centre-ville. Et à plus long terme, une section de l’ancienne carrière Miron pourrait se transformer en site spectaculaire d’escalade de glace.

Après avoir mis l’accent sur l’aménagement de sites d’escalade de roche dans la province, la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME) tourne maintenant son regard sur l’accès à des parois de glace. Elle a notamment dans ses cartons des projets pour la métropole québécoise, à commencer par le parc Jean-Drapeau.

On trouve déjà dans l’île Sainte-Hélène, à côté du musée Stewart, une petite paroi pour l’escalade de roche. Dans le cadre d’un projet-pilote avec le parc Jean-Drapeau, la FQME a entrepris d’englacer une partie de cette falaise.

« Le parc Jean-Drapeau a installé une sortie d’eau et une sortie d’électricité sur le côté d’un bâtiment collé à la falaise pour que nous puissions installer un système d’englacement, raconte Alexis Beaudet-Roy, directeur des sites à la FQME. À peu de frais, nous avons pu installer des tuyaux d’arrosage et monter ça en haut de la falaise. »

Il a fallu aussi installer un tuyau chauffant pour que les tuyaux ne gèlent pas à très basse température. Mais en même temps, il fallait que l’eau demeure très froide. Autrement, elle aurait simplement coulé sur la paroi sans geler.

Il y a eu pas mal de travail à faire pour trouver la bonne température.

— Alexis Beaudet-Roy, directeur des sites à la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade

Il y avait une autre difficulté : en haut de la falaise, le terrain commence immédiatement à descendre de l’autre côté. « Quand nous avons mis le tuyau sur le bord de la falaise, l’eau s’est mise à couler dans la forêt ! Nous avons eu de petites surprises lors de l’installation, mais nous avons quand même eu quelque chose d’intéressant. Nous avons tout de même noté quelques petites modifications à faire. »

Le système a permis de créer trois voies d’escalade de glace, peut-être quatre, qui sont accessibles depuis samedi dernier.

Statut à changer

On a longtemps pratiqué l’escalade de glace au centre- ville de Montréal, au réservoir McTavish, un réservoir souterrain sur lequel on a aménagé un parc. Celui-ci est bordé par une très longue paroi, peu élevée, mais quand même appréciée. Or, ces dernières années, de petites pancartes interdisant l’escalade ont fait leur apparition.

« En 2009, la Ville de Montréal a conclu que le réservoir était une infrastructure critique à protéger, raconte M. Beaudet-Roy. Ça découle un peu des attentats du 11 septembre 2001. La Ville a donc décidé de fermer l’accès au réservoir. »

  • La Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade a mis en place un projet-pilote pour englacer la petite paroi du parc Jean-Drapeau.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    La Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade a mis en place un projet-pilote pour englacer la petite paroi du parc Jean-Drapeau.

  • Préparation d’une séance d’escalade de glace au parc Jean-Drapeau

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Préparation d’une séance d’escalade de glace au parc Jean-Drapeau

  • Escalade de glace à l’ombre du pont Jacques-Cartier, dans l’île Sainte-Hélène

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Escalade de glace à l’ombre du pont Jacques-Cartier, dans l’île Sainte-Hélène

  • Descente en rappel

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Descente en rappel

  • Les parois de l’île Sainte-Hélène ne sont pas très hautes, mais on y trouve de trois à quatre voies d’escalade de glace.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Les parois de l’île Sainte-Hélène ne sont pas très hautes, mais on y trouve de trois à quatre voies d’escalade de glace.

  • Quelques coups de piolets à Montréal, au parc Jean-Drapeau

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Quelques coups de piolets à Montréal, au parc Jean-Drapeau

  • La petite paroi du parc Jean-Drapeau est orientée vers le nord, ce qui contribue à une meilleure qualité de glace.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    La petite paroi du parc Jean-Drapeau est orientée vers le nord, ce qui contribue à une meilleure qualité de glace.

  • Les parois du coin nord-ouest de l’ancienne carrière Miron pourraient se prêter à l’escalade de glace.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Les parois du coin nord-ouest de l’ancienne carrière Miron pourraient se prêter à l’escalade de glace.

  • On trouve de la glace naturelle à l’ancienne carrière Miron, mais on pourrait englacer artificiellement les parois pour davantage de voies.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    On trouve de la glace naturelle à l’ancienne carrière Miron, mais on pourrait englacer artificiellement les parois pour davantage de voies.

  • De petites parois de glace ornent le parc Rutherford, au réservoir McTavish.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    De petites parois de glace ornent le parc Rutherford, au réservoir McTavish.

  • À l’heure actuelle, on ne permet pas l’escalade au réservoir McTavish.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    À l’heure actuelle, on ne permet pas l’escalade au réservoir McTavish.

1/11
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Un regroupement de citoyens a fait pression pour préserver l’accès au parc et, surtout, au terrain de soccer qui en occupait la majeure partie. Ils ont remporté la bataille. L’accès a effectivement été préservé, mais des ingénieurs se sont inquiétés au sujet de la paroi en raison de la roche instable qu’on y trouvait.

« Ils n’ont pas fait la différence entre l’escalade de roche et l’escalade de glace, déplore M. Beaudet-Roy. Pour eux, cette falaise était à risque et devait être fermée. »

La FQME entend présenter une demande au conseil d’arrondissement de Ville-Marie pour faire changer le statut de la falaise. « Nous allons donner nos arguments et leur montrer que l’hiver, cette falaise est considérée comme conforme par la FQME. »

Le mandat de 2020

Des grimpeurs ont également pris contact avec la FQME au sujet de la falaise qui occupe le coin nord-ouest de l’ancienne carrière Miron. Il y a des écoulements qui forment déjà de belles lignes de glace, mais il serait possible d’englacer artificiellement la paroi et d’en faire un site des plus intéressants.

« La Ville travaille sur la transformation de la carrière pour en faire le parc Frédéric-Back, indique M. Beaudet-Roy. Elle estime qu’elle est rendue à 30 % du projet et qu’elle terminera la transformation en 2026. Le coin nord-ouest devrait être le dernier à être développé. La Ville étudie plusieurs possibilités pour ce coin, y compris l’escalade de glace. »

L’escalade de roche ne serait pas appropriée parce qu’elle est trop friable.

« Nous nous assurons qu’ils comprennent notre intérêt envers la carrière, déclare M. Beaudet-Roy. Nous allons faire un suivi pour que nous soyons consultés lorsque viendra le temps de travailler sur le coin nord-ouest, mais déjà, il y a de l’ouverture pour de l’escalade de glace à la carrière Miron. »

Au cours des dernières années, la FQME a surtout travaillé sur les sites d’escalade de roche parce qu’elle avait reçu des subventions pour améliorer les infrastructures de ces sites. En outre, pendant longtemps, l’escalade de glace a été une pratique plutôt marginale. Or, ce sport devient de plus en plus populaire.

« En 2020, on s’est donné comme mandat de mettre l’accent sur l’accès en glace. »