Les amateurs de plein air ne sont pas toujours sur un sentier de randonnée, une piste de ski, une paroi rocheuse ou un cours d’eau. De temps en temps, il leur arrive de s’asseoir dans un fauteuil confortable et de se plonger dans un bon livre relatant des aventures à l’autre bout de la planète. Ils y cherchent du suspense, des émotions, mais surtout de l’inspiration.

Lorsque les placards de l’amateur de plein air sont déjà pleins à craquer d’équipement et de vêtements techniques, un bon récit d’aventures peut constituer un cadeau de Noël très apprécié. Voici quelques suggestions de livres récents ou relativement récents qui peuvent inspirer.

Randonnée extrême

Le monde de l’aventure et de l’exploration semble dominé par les hommes. L’aventurière suisse Sarah Marquis démontre, expédition après expédition, livre après livre, qu’elle n’a rien à envier à ces messieurs en fait de force et de courage.

Dans sa dernière aventure, elle traverse à pied, en solitaire, l’île de Tasmanie. Elle espère notamment trouver des traces du tigre de Tasmanie, ou thylacine, un mammifère marsupial de la taille d’un loup au pelage tigré. Chassé jusqu’à l’extinction, le dernier serait mort dans un zoo à Hobart en 1936.

La difficile expédition dure trois mois. La nature de la Tasmanie est particulièrement hostile, avec des forêts impénétrables et une pluie quasi incessante. D’ailleurs, le livre ne fera rien pour susciter une hausse du tourisme en Tasmanie.

Les rencontres avec des humains se font rares, celles avec des animaux aussi. C’est essentiellement un monde végétal que Sarah Marquis décrit avec affection.

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J’ai réveillé le tigre, de Sarah Marquis, Michel Lafon, 243 pages.

Quand l’escalade et l’aventure s’entremêlent

On a beaucoup parlé de l’incroyable exploit d’Alex Honnold : l’ascension d’El Capitan en solo intégral, dans le parc de Yosemite, en 2017, sans la protection d’une corde. Son grand copain Tommy Caldwell avait aussi défrayé la chronique deux années auparavant en escaladant le Dawn Wall, une voie extrêmement difficile d’El Capitan, un exploit qui n’avait jamais été réalisé auparavant. Cette ascension, qui a nécessité sept années de préparation, constitue l’aboutissement de la carrière de Tommy Caldwell et le point d’orgue de Push !

Le livre se lit comme un véritable récit d’aventures. La vie du grimpeur américain est particulièrement dramatique, avec une prise d’otages par des rebelles armés au Kirghizistan qui le marquera à jamais, et un accident qui met presque fin à sa carrière de grimpeur.

Dans son récit, Tommy Caldwell parle de vie et de mort, d’escalade et de montagnes, mais aussi d’amour. Ses efforts pour sauver un mariage avec son amour de jeunesse le rendent particulièrement humain.

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Push ! — La vie au bout des mains, de Tommy Caldwell, Glénat, 517 pages.

Nager d’un continent à l’autre

Dès la première page, Normand Piché avertit le lecteur : il n’est pas un grand athlète, seulement quelqu’un qui aime la nage en eau libre. Et qui s’est donné un méchant défi : relier les cinq continents à la nage. Dès le premier défi, une traversée de 6,5 km entre une île russe et une île américaine dans le détroit de Béring, dans des eaux à 4 ºC, on se rend compte que le défi n’est pas seulement physique, mais logistique. Les embûches s’accumulent, en commençant par un guide local qui n’est pas allé chercher les autorisations nécessaires comme promis.

Chacune des cinq traversées est une aventure en soi, racontée avec verve et illustrée avec de très belles photos.

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5 continents à la nage, de Normand Jr Piché, Libre Expression, 304 pages.

Tromper la mort

L’incroyable récit de Gabriel Filippi est destiné à devenir un classique de la littérature de montagne. L’alpiniste québécois y raconte son parcours, depuis un simple trek en Colombie jusqu’au sommet de l’Everest. À plusieurs reprises, il frôle la mort. Des camarades ne reviennent pas. Leurs visages ne cessent de le hanter. Et puis, il échappe à une terrible attaque de talibans au Pakistan grâce à un mystérieux pressentiment. Et puis encore, il survit à la gigantesque avalanche qui dévaste le camp de base de l’Everest lors du tremblement de terre de 2015. Gabriel Filippi s’en sort toujours, mais il ne s’en sort pas indemne. Il doit faire face au syndrome de stress post-traumatique, à la peur, à la culpabilité.

Le livre, coécrit avec un journaliste anglophone, se lit comme un véritable thriller.

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Instinct de survie, de Gabriel Filippi et Brett Popplewell, Guy Saint-Jean Éditeur, 400 pages.

L’Atlantique Nord à la rame

Il y a déjà plusieurs années que Mylène Paquette a mené son tout petit navire Hermel à bon port, à Lorient, après une traversée de l’Atlantique Nord à la rame. L’exploit lui aura pris plus de quatre mois.

Son livre permet de revivre le périple de l’intérieur : l’interminable préparation, la course aux commandites, le découragement. Puis, c’est le départ, les péripéties, les chavirages, les bris, l’improbable rencontre avec le Queen Mary 2 au milieu de l’océan. L’arrivée n’est pas plus facile : quitter le cocon que constituait Hermel est plus douloureux que prévu. Malgré tout, Mylène Paquette persiste et raconte le tout avec une extrême honnêteté, dans un livre particulièrement attrayant avec ses photos, ses illustrations et une carte qui donne la mesure de l’aventure.

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Dépasser l’horizon, de Mylène Paquette, Les Éditions La Presse, 336 pages.