Depuis Fermont, où elle se rend toutes les deux semaines pour pratiquer son métier de géologue, Myriam St-Louis reçoit un appel urgent de son médecin. Cette dernière ne veut rien confirmer au bout du fil, mais elle lui demande de revenir immédiatement chez elle, à L’Assomption, dans Lanaudière. La trentenaire prend alors le premier avion.

« Tu te dis que ce n’est pas une bonne nouvelle quand on veut te voir tout de suite. Tout le long du trajet, je pleurais, mais je me disais aussi : “Ça va bien aller, je vais me battre”. Je suis entrée en mode combat. »

Les craintes se confirment lorsque le diagnostic de cancer du sein tombe le 3 juillet. La nouvelle est rude, on s’en doute, mais le caractère de la jeune femme de 32 ans prend vite le dessus. Elle se décrit comme une personne positive, mais on la devine aussi très fonceuse.

Coup de foudre 

Le 14 juillet, à trois jours de son opération, elle se rend dans Charlevoix pour effectuer une randonnée avec l’une de ses amies. Même si le cœur n’y est pas totalement, ce déplacement va s’avérer capital. Cette activité va devenir la bouée à laquelle elle va s’accrocher à travers les pénibles nouvelles et les nombreux traitements. C’est la « thérapie par la randonnée », résume-t-elle.

« Sans la randonnée, j’aurais probablement déprimé. Il vaut mieux avoir un but et se donner un défi plutôt que de pleurer dans son divan. Ça vaut la peine de se botter le cul et de le faire parce que, après, tu te sens tellement mieux et tu es prête à affronter ce qui s’en vient. »

Que s’est-il passé sur les pentes de Charlevoix ? Elle a d’abord eu un coup de foudre pour la région, où elle n’avait jamais fait de randonnée. Par l’entremise de son amie Catherine, elle a aussi appris l’existence du Défi des cinq sommets. En 2019, ce défi comprend le Pic de l’aigle, qu’elle a gravi lors de ce premier séjour, le sentier de l’Acropole des Draveurs, le sentier du mont des Morios, le mont à Liguori et le sentier du mont Élie. Les participants doivent réaliser les ascensions entre le début du mois de juin et la fin du mois d’octobre.

En marchant avec mon amie, je me suis dit que j’allais faire le Défi des cinq sommets et le finir si l’opportunité se présentait. Il y a tellement de monde qui ne peut pas y arriver et je voulais le faire pour eux.

Myriam St-Louis

Myriam St-Louis a accroché le mont Élie à son tableau de chasse deux semaines seulement après l’opération pour enlever la tumeur. Mais c’est l’ascension du mont des Morios, le 7 août, qui a comporté la charge émotive la plus forte. La veille, elle a appris que son cancer était de stade III et qu’elle devrait subir des séances de chimiothérapie.

« Peut-être que je suis un peu trop positive, mais j’étais convaincue que c’était un stade 0 ou un stade I et que j’allais retourner au travail au milieu de l’automne, dit-elle. J’étais complètement détruite et c’est vraiment passé proche que je n’aille pas au mont des Morios. J’avais juste le goût de pleurer dans mon divan et de ne rien faire. »

« Mais cette randonnée a été la meilleure chose que je pouvais faire. Après, j’étais zen et j’étais prête pour la chimio. Je me disais : “OK, emmènes-en. Tout va bien aller, il n’y a pas de problème”. Le sport est vraiment bon pour la santé mentale et c’est vraiment ressourçant d’être en nature. »

Et la suite ?

Au moment de démarrer la chimiothérapie, le 4 octobre, Myriam St-Louis avait effectué les cinq ascensions. Il ne lui restait plus qu’à grimper le « mont mystère », qui est dévoilé lorsque tous les sommets sont faits. Accompagnée de plusieurs amis, elle s’y est rendue le 12 octobre, malgré la fatigue et les doutes.

« J’y suis allée parce que mon niveau d’énergie commençait à remonter un peu après le gros crash des cinquième et sixième jours. J’ai eu mal au cœur tout le long en montant et j’ai dû prendre des pilules après un ou deux kilomètres. Je me sentais vraiment lourde à cause de la fatigue. »

PHOTO FOURNIE PAR MYRIAM ST-LOUIS

Maintenant que le Défi des cinq sommets est terminé, Myriam St-Louis a d’autres objectifs sportifs en tête.

« Je suis vraiment compétitive avec moi-même, mais j’essayais de me dire : “C’est normal, tu ne feras pas tes temps comme d’habitude”. C’était du 2 km/h, mais c’est correct. Depuis ce temps-là, je me sens vraiment top shape, comme si mon énergie était revenue. C’était comme si ça m’avait réveillée. »

Maintenant que le Défi des cinq sommets est terminé, Myriam St-Louis a d’autres objectifs sportifs en tête. Elle veut d’abord atteindre le kilométrage qu’elle s’était fixé autant en randonnée qu’en marche. Elle attend ensuite la neige avec impatience. « Je ne veux pas m’empêcher de faire du ski, mais peut-être que ce sera une demi-journée au lieu de la journée complète. »

Le prochain grand défi est déjà tout trouvé. « Aussitôt que c’est fini, tout ça, je me remets à l’entraînement et je veux courir un demi-marathon l’année prochaine. »