(Sydney) Un site aborigène plus ancien que les pyramides d’Égypte où les populations indigènes d’Australie ont développé il y a des milliers d’années un réseau d’aquaculture sophistiqué a été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

Le paysage culturel Budj Bim, situé dans le sud-est de l’Australie, a été inventé par la nation Gunditjmara il y a environ 6600 années. Le site comprend les restes de canaux de pierre construits pour piéger les anguilles provenant d’un lac et de marais.  

Le site, qui contient des traces d’habitations en pierre, contredit aussi le mythe selon lequel les Aborigènes étaient simplement des chasseurs cueilleurs nomades sans colonies établies ni moyens de production alimentaire sophistiqués.

En annonçant l’inscription du site au patrimoine mondial samedi, l’UNESCO a expliqué que les Gunditjmara avaient établi « un des réseaux d’aquaculture les plus vastes et les plus anciens du monde ».  

Ses canaux, digues et barrages servaient à contenir les eaux de crue et « créer des bassins afin de piéger, stocker et récolter » l’anguille qui a « fourni à la population une base économique et sociale pendant six millénaires », a ajouté l’UNESCO.

Budj Bim, dans l’État de Victoria, est le premier site australien à faire son entrée sur la liste du patrimoine du seul fait de son importance culturelle aborigène.

Parmi les autres sites australiens inscrits au patrimoine mondial, on trouve la Grande Barrière de corail, l’Opéra de Sydney ou le parc national Kakadu.

Les Gunditjmara réclament cette reconnaissance depuis près de 20 ans.  

L’aînée tribale Denise Lovett a salué cette inscription. « Ce paysage, dont nous nous occupons depuis des milliers d’années, est si important pour le peuple Gunditjmara », a-t-elle dit à la chaîne SBS. « Cette décision reconnaît l’importance de Budj Bim pour l’humanité toute entière ».

Les recherches archéologiques montrent que les populations aborigènes vivent en Australie depuis plus de 60 000 ans.  

Mais avec l’arrivée des colons britanniques à la fin du 18e siècle, les communautés indigènes perdirent la plupart de leurs terres, prises par les nouveaux arrivants pour l’élevage et l’agriculture.  

Aujourd’hui, 750 000 Aborigènes vivent en Australie, soit 3 % de la population. C’est de loin la population la plus défavorisée du pays avec en particulier des taux de pauvreté et d’incarcération plus élevés.