Du soleil toute l'année, une économie dynamique, des plages au pied des immeubles: Sydney incarne à la perfection la ville qui fait rêver, mais sa croissance accélérée a jeté quelques ombres au tableau, avec des embouteillages monstres et des logements hors de prix.

Allégorie d'une immense voilure, l'Opéra, qui surplombe l'océan Pacifique, est l'emblème de cette cité, où communient l'effervescence urbaine et la douceur de vivre océanienne.

Réputée pour ses commerces, sa vie culturelle, ses concerts, son énergie créative et ses universités, Sydney figure régulièrement dans le peloton de tête des dix villes les plus appréciées de la planète.

Déjeuner en terrasse dans le port de cette métropole au style de vie décontracté, face à son immense baie bercée par les alizés, donne en effet un avant-goût de paradis.

Cette réputation légendaire se trouve cependant aujourd'hui menacée par des infrastructures vieillissantes, les embouteillages, des prix de l'immobilier exorbitants et une explosion démographique.

«J'adore vivre ici. Sydney a vraiment beaucoup d'atouts», remarque Linda Townsend, une mère de famille, qui a aussi vécu à Londres, Atlanta et Hong-Kong.

«Mais j'ai assez voyagé pour affirmer qu'à de nombreux points de vue, Sydney n'est pas le meilleur endroit. C'est devenu très cher, les transports ne sont pas bons, et ça continue de se dégrader».

Avec 4,5 millions d'habitants, Sydney est la ville la plus peuplée du pays. Déjà à l'étroit, la population s'accroit plus rapidement que prévu et pourrait atteindre les 6 millions dans 25 ans, posant de sérieux défis aux urbanistes.

La ville en en fait deux visages: d'un côté ceux qui vivent bien, dans les quartiers les plus agréables; de l'autre, surtout à l'ouest, les habitants de banlieues défavorisées, au développement mal maîtrisé, avec un taux élevé de criminalité.

Ce sont eux qui doivent affronter les routes encombrées, les réseaux ferroviaires et de bus décrépits pour aller travailler.

Le Premier ministre travailliste, Julia Gillard, a reconnu récemment que «la vie (était) dure pour les familles à Sydney, un endroit très cher».

Le vieillissement des infrastructures est une des critiques récurrentes, souvent mise sur le compte d'un manque d'anticipation par la précédente majorité travailliste de l'État de la Nouvelle-Galles-du-Sud, écartée du pouvoir cette année.

«Il y a eu un manque de courage et de vision», déclare Bernard Salt, démographe australien, soulignant que dans les années 1990, toutes les dépenses ont été consacrées aux Jeux olympiques de 2000 au détriment d'autres chantiers clés.

En mai, la nouvelle majorité libérale a engagé l'élaboration de plans de développement des infrastructures sur cinq, puis vingt ans.

Les transports n'ont pas suivi l'essor de Sydney: les embouteillages sont légion, les bus, bondés et lents, et les trains, usés.

Autre priorité, le logement, car le prix moyen d'une maison à Sydney est désormais parmi les plus élevés au monde, rendant hors de portée la maison avec sa petite cour à l'arrière, dont beaucoup rêvent.

Mais en dépit de ces inconvénients, le pouvoir d'attraction de la ville australienne reste certain.

«Lorsqu'une ville grandit, c'est le signe que les gens sont attirés par son style de vie, même s'il y a des inconvénients», observe Rhonda Daniels, experte en urbanisme à l'université de Sydney.

John Latto, qui a fui le froid et la pluie de Belfast pour s'installer à Sydney, ne va pas la contredire. «Les gens se plaignent: c'est trop cher, on n'avance pas en voiture... Je ne prête pas attention à ce qu'ils disent», lance cet architecte paysagiste britannique de 31 ans, en enfilant sa combinaison pour surfer à Manly Beach. «Ça, c'est le paradis!»