Annie Paquin n'a pas pris sept jours de congé consécutifs depuis au moins dix ans. Ses vacances à l'étranger, elle les prend par petites bouchées de trois ou quatre jours, maximum. Et elle est loin d'être la seule à privilégier cette façon de voyager.

«Tous les deux mois, je pars en voyage pour un long week-end, lance la photographe et femme d'affaires de Sherbrooke. Deux ou trois fois par an, je vais dans le Sud. Sinon, je pars pour les États-Unis ou l'Europe...» Son carnet de voyage est bien rempli: Cancún, Saint-Martin, la Floride, Las Vegas, Vienne, Barcelone... Chaque fois, le séjour ne dépasse pas quatre jours.

La femme de 36 ans adore cette façon de voyager. «Je préfère partir plus souvent. C'est bon pour mon moral. C'est stimulant de savoir que le prochain voyage est dans deux mois, pas dans huit. Trois jours, c'est suffisant pour déconnecter de la réalité quotidienne et ça fait en sorte que je déconnecte plus souvent.»

«Au début, mon entourage ne comprenait pas. Pour eux, ça n'avait pas de sens. Aujourd'hui, il y en a beaucoup qui adhèrent à ma philosophie. Je suis en train de les convertir!»

Chez Voyages à rabais, une agence de voyages très active en ligne ayant pignon sur rue à Trois-Rivières et à Brossard, on note d'ailleurs que les courts séjours de trois ou quatre jours au soleil gagnent en popularité depuis trois ans.

«Entre 2017 et 2018, la demande a augmenté de 35 %.  En 2019, on prévoit une autre hausse de 15 %», indique Kim Villeneuve, conseiller stratégique chez Voyages à rabais.

Melissa Iantosca, chargée de communications corporatives chez Air Canada, ajoute: «Aujourd'hui, il est plus populaire de réserver un forfait de trois ou quatre jours qu'il y a quelques années. La tendance est également de réserver tôt pour les courts séjours pendant les longues fins de semaine (fériées). Mais les forfaits tout compris de sept jours sont toujours l'option la plus réservée.»

Kim Villeneuve observe que les courts séjours ont surtout la cote chez les couples de professionnels, entre 35 et 45 ans. Chez Air Canada et Air Transat, on note aussi que la tendance est plus marquée auprès des couples, des voyageurs en solo et, parfois, des groupes qui ont des événements à célébrer.

Ce qui pousse les gens à partir au soleil pour 72 ou 96 heures seulement? «Le besoin de décrocher instantanément, dit M. Villeneuve. On observe que les réservations se font de façon plus instantanée pour ce type de séjour.»

Très souvent, Annie Paquin réserve ses voyages dans le Sud à la dernière minute. Normal, puisqu'elle cherche les aubaines et que les rabais intéressants ne sont jamais affichés très longtemps. «Je n'opte pas toujours pour la même compagnie; je pars avec Sunwing, Air Transat, parfois avec Air Canada Rouge. Je change d'hôtel, mais je loge toujours dans des tout-inclus. Je ne veux pas commencer à chercher des restaurants où aller manger quand je n'ai que trois jours...» En général, son séjour lui coûte entre 800 et 1000 $ pour un tout-inclus de quatre ou cinq étoiles.

La différence de prix par rapport à un séjour de sept jours n'est pas énorme, noteront certains.

C'est en effet le cas, dit Debbie Cabana, directrice marketing, médias sociaux et relations publiques chez Air Transat. «La principale raison est que le prix du billet d'avion reste le même, qu'on parte longtemps ou non. Son prix fluctue selon l'offre et la demande, pas selon la durée du séjour.»

Lyne Chayer, directrice générale, région Québec, chez Sunwing ajoute: «Le prix du billet d'avion, les taxes ainsi que les coûts du transfert entre l'aéroport et l'hôtel demeurent les mêmes. Les économies se font sur les nuitées, puisque le prix est négocié par personne, par nuitée.» «Il n'y a pas de pénalité si on reste un nombre de nuits restreint à destination», indique Debbie Cabana.

Ça ne semble toutefois pas être toujours vrai. Sur le site d'Air Canada, de nombreux séjours de quatre nuitées coûtent plusieurs centaines de dollars de plus que le prix du séjour de sept nuitées au même hôtel, avec le même jour de départ...

Pour Annie Paquin, propriétaire d'agences de photos à Sherbrooke et à Montréal, partir plus souvent, mais moins longtemps colle bien à sa vie professionnelle. Elle estime tout de même que les avantages de ces courts séjours sont multiples. «Je n'ai pas besoin de rusher avant de partir en vacances et il n'y a pas une montagne qui m'attend sur mon bureau en arrivant. Je n'ai pas à vider mon frigo ou à préparer longuement mon départ. Je ne suis partie que quelques jours ; je ne vis pas tous les tracas de ceux qui partent pour longtemps...»

Quelques astuces pour bien profiter de son séjour

PHOTO STÉPHANIE BÉRUBÉ, ARCHIVES LA PRESSE

Cancún au Mexique

Près des aéroports

Pour profiter au maximum de son séjour, Annie Paquin choisit chaque fois des hôtels situés près de l'aéroport. «Je ne veux pas avoir à faire deux heures de route avant d'arriver à ma chambre... et à la plage.» Certaines destinations sont bien desservies à ce chapitre, explique Debbie Cabana, d'Air Transat: Cancún ou Puerto Vallarta au Mexique, Varadero à Cuba, Punta Cana en République dominicaine, par exemple.

De bons vols

L'horaire des vols importe beaucoup lorsqu'on part pour trois jours seulement, estime Annie Paquin. Elle refuse d'ailleurs de prendre des vols de nuit qui l'épuiseraient pour toute la journée suivante. «Je suis prête à payer plus cher pour un bon horaire de vols.» Le conseil de Debbie Cabana pour étirer au maximum la durée du séjour: lorsque c'est possible, choisir un vol aller qui part tôt le matin et revenir avec un vol qui décolle en milieu d'après-midi. «L'horaire varie toutefois selon les destinations», explique-t-elle.

En semaine

Si le prix du séjour importe, il peut être judicieux de partir en semaine et d'éviter les nuitées de week-end, dit Debbie Cabana. «Le prix des nuitées peut varier selon les journées de la semaine. Par exemple, la nuitée du samedi peut coûter plus cher que celle du mardi. C'est la même chose dans plusieurs hôtels, y compris à Montréal, et c'est vrai aussi pour les tout-inclus.» À savoir: ces forfaits de courts séjours sont rarement offerts pendant les Fêtes ou la relâche, indique Lyne Chayer, de Sunwing.

La valise

Lorsqu'elle part pour de courts séjours, Annie Paquin n'enregistre jamais - jamais! - de bagage en soute. «C'est vraiment important de prendre seulement un bagage de cabine. Ça nous permet de gagner du temps au départ et à l'arrivée. Pas besoin d'enregistrer la valise; on passe directement à la sécurité au départ. Et à l'arrivée, on peut, si on veut, sauter tout de suite dans un taxi pour se rendre à l'hôtel.»

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Punta Cana en République dominicaine