Mathilde Lévesque est une jeune Sherbrookoise qui, à la fin de sa 5e secondaire, a fait un voyage humanitaire en Haïti organisé par son école, le Séminaire Salésien. Elle avait déjà voyagé, essentiellement dans des formules tout inclus, mais cette expérience en Haïti lui a ouvert les yeux sur une tout autre facette du monde et sur ses réalités parfois diamétralement opposées aux nôtres. Récit candide d'une jeune fille de 16 ans.

«Nous étions 20 élèves de 5e secondaire sélectionnés pour ce voyage. Nous avions un an pour faire des activités de financement, et c'est en mai dernier que le tout s'est concrétisé et que nous nous sommes envolés pour Gressier, une communauté située à 30 km de Port-au-Prince.

«Nous allions dans une école salésienne, dirigée par les pères salésiens. Le but était de créer des liens avec les gens là-bas, de découvrir une nouvelle culture, de leur offrir notre amitié, de leur transmettre nos connaissances, et vice-versa. Bref, de passer du temps avec eux, autant avec les tout-petits de la garderie qu'avec les élèves de notre âge.

«Avec mes parents et mon petit frère, j'avais beaucoup voyagé: à Cuba, au Mexique, en République dominicaine, aux États-Unis... mais toujours dans de gros hôtels. En Haïti, nous logions dans le dortoir de l'école. Tout était complètement différent de ce que j'avais connu en voyage. D'abord, nous pouvions créer des liens véritables avec les gens de là-bas. Dans les hôtels, tu t'en tiens souvent à ta famille et aux autres touristes. C'est rare que tu vas vraiment apprendre à connaître les gens qui vivent là. Aussi, dans les tout-inclus, tout est facile, justement. Tu as faim, tu manges. Tu as chaud, tu sautes dans la piscine. En Haïti, on avait vraiment chaud, mais nous avions droit à une douche de 10 minutes par jour et c'était tout.

«Même si ce n'était pas aussi luxueux que chez moi, je me suis tout de suite sentie à l'aise là-bas. On a été bien accueillis et les Haïtiens faisaient tout pour que nous soyons confortables. Nous étions réellement bien, tout simplement. Juste d'être là comblait pas mal tout. On n'avait pas besoin de piscine ou de buffet.



«Ce voyage-là a changé ma vision de la vie. Je me suis rendu compte à quel point nous sommes habitués à avoir tout à portée de la main. Je généralise, mais par exemple, nous jugeons facilement, ici. Eux, ils acceptent tout le monde tel qu'il est.» 

«Nous chialons pour des futilités, alors qu'eux auraient plusieurs très bonnes raisons de se plaindre et ne le font pas. Ça m'a donné une autre vision de la vie qui m'a donné confiance en moi et en mes moyens.»

«À mon retour, j'ai réalisé que ça pouvait être simple, la vie; que j'avais beaucoup de choses et de relations inutiles qui ne m'apportaient rien de positif! J'ai fait du ménage et je ne m'en porte que mieux. J'ai délaissé des relations toxiques et j'ai changé certaines habitudes. Fini les douches chaudes interminables ! Je dirais que j'ai aussi lâché mon téléphone cellulaire, que j'utilisais trop souvent. J'ai compris que de passer du temps avec ma famille, c'était beaucoup plus important que d'être sur les réseaux sociaux. 

«J'ai pris conscience, après coup, que c'est nous qui avons été les plus émus à la fin du voyage en Haïti. Je crois que nous avons appris beaucoup plus que ce que l'on croyait au départ. Les tout-inclus, c'est amusant, mais rien ne m'a autant fait grandir que cette semaine dans un dortoir en Haïti.»

Photo fournie par Mathilde Lévesque

Mathilde Lévesque a effectué à la fin de sa 5e secondaire un voyage humanitaire en Haïti organisé par son école.