Dans leurs mots, des voyageurs nous racontent  leurs périples et leurs aventures à travers le monde.

Depuis un an, Pascal Jetté, sa conjointe Isabelle Drapeau et leur fils Zachary sont «libres et nomades». À bord de leur véhicule récréatif, ils ont parcouru la côte nord-est de l'Amérique et consacreront la prochaine année à la découverte du reste du Canada et de la côte ouest américaine. Un changement de mode de vie radical, déclenché par l'arrivée tumultueuse de leur fils et une perte de poids phénoménale.

«Je n'ai pas connu mon père. Je m'étais fait la promesse que le jour où j'aurais un enfant, je serais un père présent. Quand mon fils est né en 2012, je me suis rendu compte que c'était impossible. Je pesais presque 500 lb. J'étais incapable de me mettre à quatre pattes par terre pour jouer avec lui, je ne pouvais pas lui faire de guili-guili sur le ventre, je ne pouvais pas me pencher pour le prendre. C'était un non-sens. J'ai décidé de perdre du poids et je me suis mis sur la liste d'attente pour avoir une chirurgie bariatrique. Je me suis dit que ce serait une seconde chance. J'ai perdu 284 lb. Et c'est là que j'ai réalisé: "Eille! Je suis passé à côté de ma vie!" Je voyais tout ce que je pouvais faire. C'était le temps de maximiser les années qu'il me restait. Parce qu'une vie, on en a juste une, et moi, j'avais déjà 34 années de gaspillées dans une prison de gras.

«Ça, ç'a été ma prise de conscience à moi. Isabelle a eu la sienne, elle aussi, mais un peu avant. L'accouchement de Zac a été terrible. Ce qui devait être le plus beau jour de notre vie est devenu le pire. Les 24 premières heures de vie de notre bébé, je les ai passées seul avec lui, sans savoir ce qu'il advenait d'Isabelle, qui avait été transférée d'urgence dans un autre hôpital. Elle a failli y passer. Disons qu'on a réalisé à quel point la vie était fragile.

Le tournant

«Le 2 avril 2016, Isabelle et moi sommes allés dans un souper d'amis. Ce genre de souper où on passe des heures à réinventer le monde. J'ai lancé que ce serait le fun d'aller vivre en VR, et en le disant, ça a réveillé quelque chose en moi.

«Secrètement, j'avais toujours voulu le faire, mais la pression de la société m'avait fait prendre un autre chemin (une entreprise, une belle maison, des voitures... Vous connaissez le refrain). 

«Visiblement, ça a réveillé quelque chose chez Isabelle aussi, parce qu'elle m'a donné un petit coup et m'a dit: "Pourquoi pas?" Ce soir-là, on n'a pas seulement parlé pour parler. Quinze mois plus tard, on avait tout vendu et on partait!»

Photo fournie par la famille

À Washington

«Ce qu'on craignait le plus, c'était le jugement de nos familles qui nous voyaient passer d'un mode de vie traditionnel à une vie de nomade à temps plein. Mais on a réalisé qu'en nous défaisant de nos attaches normales et matérielles, on se permettait d'être nous-mêmes, et ça rayonne autour de nous. Nos proches nous disent qu'ils avaient peur qu'on se dirige vers la misère, mais qu'ils ne nous ont finalement jamais vus si heureux. Et ils ont raison.

«J'avais mon entreprise et quatre employés que j'ai graduellement remerciés avant le grand départ. J'ai gardé quelques clients et je travaille la moitié moins, sans les brûlures d'estomac.

«Nous ressentons beaucoup moins de stress. Nous vivons avec le nécessaire. Nous sommes davantage centrés sur l'essence de la vie. On n'a jamais autant communiqué et on n'a jamais autant fait l'amour!»

Photo fournie par la famille

À la pêche