Tant attendue et sans cesse repoussée depuis 2011, l'ouverture de l'aéroport international de Berlin (BER) pourrait finalement avoir lieu en octobre 2020, ont annoncé vendredi ses responsables qui espèrent que cette date sera définitive.

«Après de longs débats, il est important que le conseil de surveillance soutienne la date d'ouverture d'octobre 2020. La date est crédible et fiable», a affirmé Engelbert Lütke-Daldrup, président de la société Aéroports de Berlin Brandebourg.

L'aéroport situé au sud-ouest de la capitale, dont la construction a débuté en 2006, devait initialement ouvrir en 2011 mais, du fait de négligences, d'erreurs graves de conception voire de corruption, son inauguration n'a jamais eu lieu.

Sa date d'ouverture a d'ailleurs été repoussée à sept reprises, dont une fois de manière cocasse: en mai 2012, un mois avant son inauguration officielle par Angela Merkel devant 10 000 personnes, la cérémonie est annulée en raison de dysfonctionnements du système de sécurité incendie. Les cartons d'invitation avaient pourtant été envoyés...

En conséquence, ses coûts de construction ont explosé: jusqu'à présent, le projet a déjà coûté 6,5 milliards d'euros, bien loin du 1,7 milliard initialement calculé, en faisant un véritable boulet pour la municipalité berlinoise, déjà fortement endettée. L'affaire aura fait chuter le maire de Berlin, Klaus Wowereit.

En attendant son ouverture et pour s'assurer que les rails et la gare construits exprès restent opérationnels, un train fantôme circule à vide deux nuits par semaine. Et quatre techniciens et quatre employés du nettoyage travaillent eux à entretenir les chambres neuves mais vides de l'hôtel adjacent.

Mais même ouvert, la municipalité risque encore d'être confrontée à d'autres difficultés.

En théorie, le BER devrait remplacer les deux aéroports berlinois actuels Tegel et Schönefeld.

Sauf que face à l'arlésienne de son ouverture, les Berlinois se sont récemment montrés impatients en votant lors d'un référendum d'initiative populaire le maintien du petit aéroport intramuros de Tegel.

Leur argument principal: le BER, même s'il ouvrait demain, serait sous-dimensionné. Rien qu'en 2017, 35 millions de passagers aériens sont attendus alors que le BER n'est prévu que pour... 22 millions de voyageurs.

La mairie de Berlin a beau défendre le BER et promettre de porter sa capacité à 45 millions de passagers en 2025, son ouverture restera un casse-tête juridique.

Car si Tegel devait finalement être maintenu, la ville risque de devoir faire face à une avalanche de recours de la part d'habitants subissant quotidiennement les survols de leur habitation et qui, avec la fin programmée de Tegel, espéraient la disparition des nuisances sonores.

Enfin, sa rénovation coûterait au minimum un milliard d'euros que la ville de Berlin n'a pas.

Cette situation ubuesque est devenue l'objet de blagues récurrentes en Allemagne. Vendredi, Bild ironisait sur le fait que «les Américains retourneront sur la Lune avant que le BER n'ouvre».