Dès vendredi, les annonces de location de logements sur Airbnb et ses concurrents à Paris devront afficher un numéro d'enregistrement, obtenu en mairie, nouvelle étape dans la traque des meublés touristiques illégaux.

La capitale, qui cherche à contenir la disparition de logements convertis en appartements pour touristes, est la première ville française à adopter cette mesure, et sera suivie par Bordeaux le 1er mars.

«Je me suis enregistrée auprès de la mairie de Paris car ça me paraît tout à fait normal, la location doit être régulée et si on veut rester cohérent, il ne s'agit pas d'avoir des multipropriétaires sur ces sites!», estime Agathe, parisienne de 38 ans, qui loue son appartement entre 85 et 120 euros (130 $ et 183 $) la nuitée, selon le nombre de personnes.

En louant son appartement parisien de mai à novembre, au gré de week-end et vacances, elle gagne 3000 euros (4500 $).

«Ce genre de plateforme de location a été créée sur le principe de complément de revenus. Moi ce n'est pas du tout ma source de revenu principale, mais c'est ce qui me sert à payer mes vacances, mes voyages, c'est un plus», précise-t-elle à l'AFP.

La loi pour une République numérique votée en 2016 permet aux communes de plus de 200 000 habitants et à celles de la petite couronne parisienne de créer un numéro d'enregistrement pour les meublés faisant l'objet d'une location de courte durée.

Il s'agit d'un outil pour permettre aux communes de vérifier que les propriétaires ne dépassent pas la durée limite légale de location de 120 jours par an lorsqu'il s'agit de résidences principales.

La Ville de Paris, qui comme toutes les grandes villes touristiques cherche à réguler ce type de locations, impose à toute personne désirant louer son appartement sur une plateforme numérique d'enregistrer et de faire figurer sur l'annonce ce numéro d'enregistrement à partir du 1er décembre.

«Nous souhaitons que cela permette une transparence plus grande pour l'offre des appartements en location de courte durée car aujourd'hui, c'est l'opacité qui règne», explique Ian Brossat, adjoint PCF au logement de la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

La cible? «Ce n'est pas la sous-location qui, elle, ne prive pas Paris de logements. Ce qui nous pose problème c'est la transformation de logements en location à l'année, concernant donc plutôt les multipropriétaires», souligne l'élu.

«Vingt mille logements perdus en cinq ans»

Quelque 100 000 annonces sont proposées à Paris, toutes plateformes confondues. Paris est pour Airbnb l'un des premiers marchés du monde avec 65 000 logements revendiqués.

«Sur cinq ans, la ville de Paris a perdu 20 000 logements, qui ont été transformés en meublés touristiques, loués en permanence, au détriment du logement et des classes moyennes parisiennes. L'objectif est de mettre un terme à cette hémorragie», poursuit M. Brossat.

Au 22 novembre, plus d'un million d'euros d'amendes avaient été infligées en 2017 par la justice aux propriétaires louant illégalement des meublés touristiques dans la capitale, selon M. Brossat, soit trois fois plus qu'en 2016.

Pour Sandrine, qui loue depuis mars 2016 son appartement de 39 m2 dans le quartier prisé du Marais à Paris, ce numéro d'enregistrement «est utile pour la régulation et pour virer les gens qui sont locataires et qui sous-louent».

En revanche, elle regrette que le nombre de nuitées soit bloqué à 120 par an: «Ça ne m'arrange pas financièrement, c'est contraignant».

«Je loue à peu près toute l'année 65 euros (99 $) la nuit pour 3 personnes maximum. Par mois, le revenu hors charges se situe entre 500 et 600 euros (760 $ et 915 $), ce qui me permet de payer la pension de mon cheval, qui est exactement au même prix», détaille-t-elle.

Au niveau international, la durée limite légale de location varie. Elle est de 90 jours maximum par an à Londres et à San Francisco, quand elle est de 60 jours par an à Amsterdam et de 31 jours par an seulement au Québec.