Déprimée par les attentats, la fréquentation touristique en France a rebondi fin 2016, et fait même mieux qu'en 2014, selon les données de l'Insee qui met en avant le retour des visiteurs français comme étrangers.

Avec un total de 56,3 millions de nuitées sur le dernier trimestre 2016, l'Hexagone enregistre «un fort rebond» et fait «plus que compenser le net repli enregistré un an plus tôt (-1,8%) lié à l'impact des attentats», résume l'institut dans un baromètre publié mardi.

Les nuitées comptabilisées dans l'ensemble des hébergements touristiques collectifs (hôtels, campings, villages-vacances, etc.) «dépasse ainsi celui du quatrième trimestre 2014», où il s'était établi à 55 millions.

«Le rebond est particulièrement net pour la clientèle française (+4,3%)» mais «concerne aussi la clientèle étrangère (+2,9%)», précise l'Insee.

Ces chiffres viennent conforter le sentiment de certains professionnels du tourisme qui faisaient état depuis novembre d'une reprise, mais sans chiffres à l'appui.

«Je ne suis pas surpris par ces chiffres. C'est une bonne nouvelle mais il faut rester prudents car c'est très fragile, et on ne sait pas ce qui peut se produire», commente à l'AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, qui fédère les agences de voyage françaises.

Dans les hôtels uniquement, cette fréquentation progresse de 4,9% au quatrième trimestre et se révèle plus forte du côté des visiteurs français (+5,7%) qu'étrangers (+3%). Et le haut-de-gamme (soit les 4 et 5 étoiles) profite tout particulièrement de ce retournement de situation, avec +9,9% «surtout grâce à la clientèle française».

Du côté des hôteliers et restaurateurs, la principale organisation Umih salue «une bonne nouvelle», même «s'il y a encore beaucoup de fragilité dans l'équilibre».

Son président Roland Héguy souligne que «sur la fin d'année 2016 et le début 2017, c'est le tourisme d'affaires qui tire le tourisme, mais n'oublions pas qu'il manque toujours à l'appel le tourisme loisirs de groupe, notamment à Paris».

«Bout du tunnel»

En effet, précise l'Insee, si les hôtels situés dans les villes de province profitent nettement de ce retour des touristes (+6,9%), la progression est moins forte pour les établissements d'Île-de-France, qui avec +4,5% ne retrouvent pas encore leur niveau de fréquentation de fin 2014.

Mais «le bout du tunnel s'éclaircit en janvier 2017» pour l'hôtellerie parisienne, affirme mardi également le cabinet spécialisé MKG, qui annonce «un sérieux rebond d'activité» pour le premier mois de l'année.

Il fait état d'une augmentation de 17,4% du Revenu par chambre disponible (RevPar, indicateur-clé du secteur) des hôtels dans Paris intra-muros pour janvier, qualifiée non pas comme «un retour à la normale, mais plutôt un rattrapage progressif par rapport à une situation particulièrement dégradée à la suite des attentats sanglants de la fin de l'année 2015, autour et dans le Bataclan».

En 2015, quelque 85 millions de touristes étrangers ont visité l'Hexagone, un nouveau record qui avait permis à la France de maintenir sa place de première destination touristique mondiale.

Les chiffres définitifs pour l'ensemble de l'année 2016 ne seront rendus publics qu'en mars par le gouvernement; et les seules données connues pour l'année écoulée concernent uniquement le Grand Paris et font état d'une baisse de 6% des arrivées hôtelières, dont -10% pour les étrangers.

Reste à savoir si la destination France réussira à maintenir pour 2016 sa place de numéro un mondial face à ses concurrents directs que sont les États-Unis et l'Espagne: «Je crois que ce classement (...) restera le même pour 2016», a estimé à la mi-janvier dernier Taleb Rifai, secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui dévoilera dans les prochaines semaines des statistiques pays par pays pour 2016.