L'éditeur d'un magazine de la compagnie aérienne Air China s'est excusé jeudi après avoir été accusé de faire des recommandations «racistes» aux passagers visitant Londres, la plupart des internautes chinois défendant cependant les conseils controversés.

Dans sa dernière édition, le magazine Wings of China, distribué à bord des avions de la compagnie chinoise, édicte des règles de prudence pour les touristes désirant visiter la capitale britannique.

«Londres est de manière générale une destination sûre. Cependant, des précautions sont nécessaires lorsqu'on se rend dans des zones principalement peuplées d'Indiens, de Pakistanais et de personnes noires», préconise la publication.

«Nous conseillons aux touristes de ne pas sortir seuls la nuit, et aux femmes d'être toujours accompagnées», peut-on encore lire.

Ces recommandations ont suscité une vive réaction du député londonien Virendra Sharma, originaire d'Inde et qui a émigré au Royaume-Uni dans les années 1960.

Il a accusé mercredi Air China de faire des recommandations «racistes» à ses voyageurs.

«Je suis choqué et consterné de voir qu'aujourd'hui encore, certaines personnes considèrent comme acceptable d'écrire des affirmations aussi manifestement fausses et racistes», a déclaré le parlementaire dans un communiqué.

«J'ai soulevé cette question à l'ambassadeur chinois, et demandé à ce qu'il s'assure que des excuses soient rapidement fournies par Air China», a indiqué M. Sharma, qui a également réclamé que le magazine soit retiré des avions.

Dans un communiqué en mandarin publié jeudi, l'éditeur du magazine a attribué les «descriptions inappropriées» à des erreurs éditoriales, les estimant à l'opposé de «l'intention originelle de promouvoir activement les magnifiques sites de Londres».

L'entreprise s'excuse pour avoir «mal renseigné» les lecteurs et porté atteinte à l'image d'Air China.

Sur les réseaux sociaux chinois, la plupart des commentateurs exprimaient cependant leur perplexité face aux proportions prises par l'affaire.

«(Le magazine) dit juste la vérité. En quoi faut-il s'excuser?», estimait un utilisateur du site de microblogue Weibo, résumant l'opinion générale.

Beaucoup affirmaient par ailleurs avoir trouvé la recommandation du magazine utile.

«On ne peut satisfaire tout le monde. Mais notre sécurité doit primer sur le reste», estimait un autre internaute.

La Chine n'a enregistré dans son histoire presque aucune immigration de personnes d'origine africaine ou indienne, et la sensibilité sur les questions de racisme y est moins prononcée qu'en Occident.

«Nous n'avons aucune dette envers les personnes noires, les Indiens ou les Pakistanais. Nous n'avons jamais participé à la traite d'esclaves ou colonisé l'Inde et le Pakistan», souligne un autre internaute.

La polémique intervient alors que Pékin et Londres traversent une période de tensions dans leurs relations bilatérales.

La Première ministre Theresa May est revenue cette semaine à Londres du sommet du G20 en Chine, où elle a défendu dimanche son choix de reporter jusqu'à l'automne sa décision finale sur un projet nucléaire financé en partie par des investisseurs chinois.

Le gouvernement de Mme May avait surpris en annonçant fin juillet qu'il allait encore «examiner avec soin» pendant plusieurs mois le projet de construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre.

L'ambassadeur chinois à Londres a exhorté début août le Royaume-Uni à donner son feu vert «le plus tôt possible», laissant entendre que les liens bilatéraux souffriraient dans le cas contraire.